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Libertés. Démasquer la laïcité mise au service de l'état d'urgence...


 ... et affirmant "les racines chrétiennes de la France" !

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     En pleine offensive liberticide venant ajouter encore plus d'instruments coercitifs ajustés à sa stratégie des contre-réformes libérales menées sur les terrains économique et social, le gouvernement ne pouvait pas ne pas brandir le totem de la laïcité : cela a été fait à l'occasion d'une polémique, relayant l'"opportune" sortie d'Elisabeth Badinter déculpabilisant les islamophobes, contre l'Observatoire de la Laïcité (lire ici). Il s'agit en fait de cette laïcité dont Jean Baubérot a démontré que, falsifiant les dispositifs libéraux des lois historiques de 1905 (séparation de l'Etat et des religions/liberté d'expression la plus large, y compris celle des religions), elle est devenue répressive, stigmatisante, attentatoire au droit d'opinion reconnu en 1905, et a été instrumentalisée pour "construire" le problème musulman. Cette construction participe d'un consensus entre un large secteur de la gauche, la droite et le Front National  (le seul laïque avait dit en son temps Elisabeth Badinter !) qui a pour effet fondamental d'occulter les rapports de classe pourtant exaspérés par l'offensive libérale-capitaliste (1).

La laïcité, contournée, détournée, retournée contre elle, combine deux "qualités" essentielles : d'une part, elle légitime, avec l'aide objective de l'horreur suscitée par les attentats djihadistes, la diabolisation d'une partie, bien ciblée, de la population, une diabolisation déjà largement engagée par la popularisation, y compris à gauche, des thèses du choc des civilisations chères aux "bushistes". Une des raisons d'être premières de l'état d'urgence est là; d'autre part, grâce à l'opposition fantasmée entre prétendus "nationaux-laïques-républicains-féministes-universalistes, etc." et "obscurantistes musulmans-par essence-prédisposés-à-djihadiser-en-se-déguisant-parfois-en-migrants", s'insinue la décisive division du front du travail, des fronts de résistance populaire, face à l'offensive capitaliste : cette laïcité devenue paradoxalement ce qu'elle dénonce chez ses adversaires, identitaire, sectaire, intolérante, antiféministe (haro sur les femmes "voilées" !), anti-universaliste, bref devenue une "religion civile", prend sa place dans le grand puzzle des dominations. Où l'on retrouve l'état d'urgence avec, pour seconde fonction, de cibler l'autre partie de la population divisée : celle qui, reconnue "laïquement" intégrée, n'en demeure pas moins la "classe dangereuse" de toujours, à savoir les salarié-es et spécialement les syndicalistes forgés à la Goodyear action. Merveille du "diviser pour mieux régner" aux dépens des parties clivées et ainsi affaiblies, chacune de leur côté, qui, ayant laissé passer la scission entre les pseudos "eux" et "nous", offrent toute latitude au seul "eux" (singulier d'un faux pluriel !) fondé en réalité, celle du rapport d'exploitation et d'extraction de la plus-value, de faire payer sa crise barbare au "tout un" que nous sommes par-delà nos opinions, religieuses ou pas, que nous aurions dû rester, que nous devons impérativement reconstituer.  

Voilà pourquoi il nous faut de toute urgence casser le leurre de la laïcité falsifiée par lequel s'affirme le front de classe redoutable de nos adversaires, capables, eux, de transcender leur divisions et celle du gauche-droite-extrême droite afin de constituer le socle commun à partir duquel chacun peut ensuite s'adonner au simulacre de sa différence politique. Celui par lequel nous sommes invités-es à finir de nous neutraliser, de nous anéantir comme sujet collectif, souverain, de notre émancipation.

     C'est paradoxalement en rétablissant et infléchissant, au profit profane de nos luttes, les paramètres de la laïcité historique de mise à distance de l'Etat et de liberté pour affirmer notre indépendance d'opinion, que nous contribuerons, tous ensemble, tous ensemble, à relancer la dynamique de clarification des enjeux politiques et sociaux de notre alternative par la rupture qui sont jusqu'ici largement brouillés. Sans rien céder sur l'exigence d'égalité des droits pour les femmes que les "faux laïques" s'annexent sans vergogne en oubliant délibérément que ces droits sont bafoués au quotidien par la politique antisociale, pénalisant en premier lieu les femmes seules avec enfants, des gouvernants qui les soutiennent.


      (1) Sans craindre l'incohérence, un laïciste "anticommunautariste" proclamé comme Manuel Valls n'hésite pas à intervenir dans des débats organisés par les Amis du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) qui se distinguent par leur volonté de constituer les Juifs de France en "hypercommunauté" soudée autour de l'Etat criminel d'Israël. C'est d'ailleurs dans ce cadre-là que le Premier Ministre a récemment proclamé, toujours armé de sa virulente laïcité, «Nous sommes une vieille nation chrétienne » ! A quoi a fait écho le Ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve : « les racines chrétiennes de la France sont incontestables » ! Sarkozy joue décidément de malchance...et Marine Le Pen est gagnée par l'inquiétude...


Quelques liens extraits de la Lettre d'Information (LI) du NPA 34 de cette semaine
 Sophie Wahnich : « L’état d’urgence est le symptôme d’un régime post-démocratique » (Regards)

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