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Echec des négociations PS-Front de gauche-EELV qui desservent le combat contre le FN

Face à la montée de l'extrême droite, montée dont on doit essayer de mesurer la portée et les menaces (cliquer ici), des négociations ont été engagées entre les trois principales formations de la gauche. Alors que les grands principes politiques de l'antifascisme étaient convoqués, nous avons assisté au pire jeu des tractations politiciennes, à une véritable lutte des places où les appareils ont âprement disputé leurs gains avant de déboucher sur un constat d'échec (voir article ci-dessous). Catastrophique face à la démagogie du "tous pourris" dont se repaît le FN ! 

Le parachutage de Jean-Luc Mélenchon à Hénin-Beaumont, après une valse-hésitation autour des circonscriptions "éligibles" où la question de la lutte contre l'extrême droite a été grandement brouillée (voir ici), a condensé ce que nous refusons dans les pratiques des professionnels de la politique : la logique de la star qui, sans autre préoccupation unitaire que celle, interne, de son propre rassemblement, le Front de gauche, fait fi du travail local mené pour contrecarrer la poussée mariniste et illustre l'un des travers majeurs de la politique menée autour de Jean-Luc Mélenchon : l'ultrapersonnalisation combinée à de dérisoires dénégations rhétoriques autour du "prenez le pouvoir", une conception des rapports unitaires comme ralliement pur et simple à soi et une pratique d'appareils verrouillant les orientations de fond. Pratique d'appareils qui d'ailleurs, ici où là (voir ici et ici), fait place à une lutte au couteau où les si vantées "assemblées citoyennes", promues véritables creusets de l'unité par en bas, n'ont pas leur mot à dire ! 

 Au temps d'AGM ! (2010) où le Front de Gauche voulait l'unité. De gauche à droite : François Liberti (PCF), René Revol (PG) et David Hermet (NPA).

Nous nous contenterons de rappeler ce qu'ici, en Languedoc-Roussillon, ces pratiques nous avaient valu : la fin de l'aventure unitaire dans le cadre de la liste des régionales "A Gauche maintenant!" (AGM !) en 2010 ! Acteur majeur de cette unité, le NPA 34, toutes tendances confondues, avait réitéré à maintes reprises sa volonté de poursuivre l'expérience qui, dans le contexte d'une difficile concurrence social-libérale à deux temps (Frêche/Mandroux), avait approché les 9 %. Dès les cantonales de 2011, le PCF, par la voix de son secrétaire fédéral, Michel Passet, avait sèchement fait valoir qu'AGM ! c'était fini (cliquer ici et ici). Et nos camarades du Parti de gauche, certes fort marris, n'en avaient pas moins plié et entériné la division, nécessité de lancer la campagne de Jean-Luc Mélenchon oblige.

C'est toute cette étroitesse d'esprit, ce sectarisme d'appareil niché au creux des belles déclarations d'unité, sans parler du refus d'acter un accord en claire indépendance vis-à-vis du Parti Socialiste (1), qui ont pesé ici et qui, d'une manière ou une autre, se retrouvent dans les négociations tacticiennes qui viennent d'échouer à Paris. Et qui renforcent ce qu'elles prétendaient combattre, la crédibilité de Marine Le Pen !

Nous sommes de ceux qui, ayant mené la campagne du NPA autour de Philippe Poutou, maintiennent la volonté d'unité telle que manifestée dans AGM ! mais qui se refusent à donner quitus à des manoeuvres politiciennes lesquelles, masquées pendant la présidentielle, tendent bien rapidement à revenir au premier plan et sont porteuses de déceptions majeures comme la gauche a pu en connaître au moins depuis 1981. Du temps de celui, François Mitterrand, l'artisan de la social-libéralisation du PS, envers lequel Jean-Luc Mélenchon reste inébranlablement admiratif... Avec cependant l'inédit que constitue en 2012 le poids électoral du Front National et qui rend assez irresponsable d'oeuvrer à la mitterrandienne, autrement dit, de ... manoeuvrer !

Antoine

(1) Conclusion de l'article de Stéphane Alliès sur Mediapart ce 18 mai : "Le prochain épisode de ce jeu de dupes entre forces de gauche aura lieu après les législatives, au moment d'une éventuelle entrée au gouvernement des communistes."

Photo de une : 959038_melenchon-leader-of-parti-de-gauche-party-french-green-party-leader-duflot-aubry-fran

Pas d'accord entre le PS, EELV et le Front de gauche pour les législatives (Le Monde)




Christophe Borgel, secrétaire national aux élections.
Après cinq jours de discussions intenses, les négociations entre le PS, Europe Ecologie-Les Verts et le Front de gauche ont échoué. Les trois parties n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur la présentation d'un candidat unique de la gauche dans les circonscriptions législatives où elles entendaient faire barrage au FN. Un constat d'échec que Martine Aubry a immédiatement "regretté" tandis que le Parti communiste (PCF) le voyait comme "un très mauvais signe pour le rassemblement nécessaire à gauche".
Les discussions avaient été entamées le 13 mai à huis clos. Les intentions affichées étaient des plus nobles : il fallait faire barrage au FN dans les circonscriptions où la gauche courait un risque d'élimination dès le premier tour. Derrière s'aiguisaient d'autres appétits, notamment ceux des moins bien lotis - PCF et Parti de gauche (PG) : ces derniers espéraient, dans ce rebattage des cartes, récupérer quelques circonscriptions gagnables. La date de la fin des agapes était fixée : le 18 mai à 18 heures, limite de dépôt des candidatures.

PAS LES MÊMES ATTENTES


Le Front de gauche avait affiché ses intentions dès les résultats du premier tour : avec ses 11,1 %, il pesait beaucoup plus qu'EELV et son petit score de 2,3 % ; il fallait donc que le PS lui fasse une place plus importante en lui concédant des circonscriptions gagnables sans concurrence. Les écologistes, réticents, avaient compris qu'il leur fallait rogner leur acquis de 63 circonscriptions réservées : ils étaient prêts à en céder cinq au PG. Les différentes composantes du Front de gauche n'allaient cependant pas avec les mêmes attentes rue de Solférino, le PCF tentait d'obtenir des sièges supplémentaires pour s'assurer de constituer un groupe à l'Assemblée, à lui tout seul ; le PG voulait obtenir trois députés au minimum.
Le PS quant à lui, voulait sortir de la négociation en obtenant un accord de retrait qui concernait 55 circonscriptions et, ainsi, présenter une gauche unie face au Front national. Une image importante pour François Hollande au lendemain d'une élection où Marine Le Pen a obtenu près de 18 % des voix. Mais les socialistes entendaient y parvenir sans que le prix soit trop lourd à payer.

ACCORD PRESQUE EN VUE

Lundi soir, un accord était presque en vue. Le PS et EELV "lâchaient" six circonscriptions au Front de gauche, dont quatre "gagnables", soit trois en faveur du PCF et une en faveur du PG. Trop peu, pour les amis de Jean-Luc Mélenchon qui refusent alors l'accord. Chacun reprend ses billes et se dépêche d'annoncer qu'il dépose ses candidats en attendant un nouveau round de négociations. Elles n'aboutiront pas plus. Le PCF a tenté de proposer de signer seul l'accord mais le PS n'en a pas voulu : pour lui, c'était tout le Front de gauche ou rien.

Maintenant, la guerre des communiqués fait rage pour rejeter sur l'autre la responsabilité de l'absence d'accord. "On était prêts à boucler sur une trentaine de circonscriptions et à faire un geste, mais pour cela il fallait que le Front de gauche accepte aussi de se retirer dans les circonscriptions à risque. Ils en ont été incapables dans un certain nombre d'endroits", tacle Christophe Borgel, secrétaire national aux élections, citant tant le PG que certaines fédérations du PCF.

SURENCHERE

Même avis du côté des écologistes : "Le cœur des négociations devait être les endroits à risque FN. Le Front de gauche a eu du mal à convaincre ses candidats de se retirer", remarque David Cormand, délégué aux élections, qui nuance cependant : "Le PCF a essayé d'être constructif."

Du côté du Front de gauche, les échos sont différents mais aussi dissonants. "L'accord était possible. On est déçus et inquiets car cet échec va permettre dans certains endroits à la droite et au FN d'empêcher la gauche d'être présente", assure Lydie Benoist, responsable des élections à la direction du PCF. A ses yeux, si le PS est coupable de "ne rien vouloir lâcher", le PG de "surenchère". Pour les amis de M. Mélenchon, c'est le PS qui est blâmable : "Les socialistes ont décidé d'exercer leur hégémonie en cotisant au minimum. Ils veulent être majoritaires seuls à l'Assemblée nationale et tentent de limiter au maximum le poids de leurs éventuels partenaires." "Ridicule", répond M. Borgel qui espère maintenant que "l'effet 'vote utile' entraînera un rassemblement de la gauche pour barrer le FN". "On se retrouvera naturellement au deuxième tour, ajoute-t-il. Mais à condition que la gauche ne soit pas éliminée."

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