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A gauche, petits (dés)accords entre amis

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le Parti socialiste ne va pas faire le « changement » mais la rigueur. Trouvera-t-il, chez ses anciens alliés de la gauche plurielle de 1997-2002, des partenaires politiques pour le cautionner, ou des adversaires résolus ?

Les tractations de la semaine dernière entre PS, Europe Écologie-les Verts, PCF et Parti de gauche, offrent un éclairage cru sur cette question.

Il s’agissait de négocier des retraits de candidature avec désistements réciproques dans une cinquantaine de circonscriptions, où planerait le risque de voir tous les candidats de gauche éliminés du second tour, avec à la clef un duel FN-UMP. Au bout de cinq jours, ces négociations ont échoué. Chacun a rejeté la responsabilité sur les autres. Pour Martine Aubry, « il n’y a pas eu d’accord avec le Front de Gauche parce qu’il n’y a pas eu d’accord au sein du Front de Gauche ». Entendez : avec le PCF on pouvait s’entendre, mais le PG a fait de la surenchère... Même accusation chez les Verts (selon le délégué d’EÉLV aux élections, « le PCF a été constructif », pas le PG)… et même de la part de Lydie Benoist, responsable des élections à la direction du PCF, qui accuse le PS de « ne rien vouloir lâcher », mais aussi le PG d’avoir fait de la « surenchère » ! PG qui, lui, dénonce la volonté d’hégémonie irresponsable du Parti socialiste qui prendrait ainsi le risque de faire gagner la droite.

Bien sûr, celle-ci va se féliciter des divisions à gauche. Mais au-delà des polémiques politiciennes, quel est le sens profond de ces négociations ?

Les concurrents-partenaires de l’ex-gauche plurielle jouent des coudes pour obtenir plus de députés, le PS veut une majorité à lui tout seul, le Front de Gauche plus de députés qu’EÉ-LV. Mais c’est qu’ils se conçoivent d’emblée comme membres d’une même majorité politique. 

C’est évident des Verts. Ils ont échangé il y a six mois l’acceptation du nucléaire contre des circonscriptions gagnables, se sont précipités pour se caser au gouvernement, et renoncé… au ministère de l’Écologie (c’est vrai que si c’était pour aider les industries nucléaires et pétrolières à prospérer, à quoi bon ?).
Mais le Front de Gauche, après avoir fait se lever de réels enthousiasmes pendant la présidentielle, avec les virulences de Mélenchon, connaît lui-même une nouvelle séquence. Ses tracts électoraux sont plus fades, parlent moins de revendications précises à imposer que de faire entrer à l’Assemblée le maximum de députés Front de Gauche, pour « colorer » plus en rouge la majorité de gauche. Les critiques contre « Hollandréou » sont mises en sourdine.

C’est surtout vrai du PCF, qui entretient même le flou sur sa participation à un gouvernement sous tutelle socialiste, pas forcément par réelle volonté d’y entrer, mais pour montrer qu’il fait partie de « la famille ».

Mais même le PG a accusé les socialistes de vouloir « être majoritaires seuls à l’Assemblée nationale » et de « tenter de limiter au maximum le poids de leurs éventuels partenaires ». « Partenaires » vraiment ? De quelle politique ? Mélenchon l’a dit lui-même après le 6 mai : il n’est « ni dans la majorité ni dans l’opposition » (une formulation sans doute déjà trop radicale pour la direction du PCF !). Et il « n’appelle pas à la grève générale » comme l’extrême gauche, car il est « républicain » et « respecte les urnes ».

L’affrontement contre « Hollandréou », il faudra pourtant bien le préparer, et ça passe déjà par la clarté politique…

Yann Cézard



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