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Hollande et les patrons



De ses années à HEC et à l'ENA, M. Hollande garde quelques amitiés dans le milieu de l'entreprise. 
Tiré de Le modeste réseau d'un président apprécié des patrons (Le Monde)

Circulez, y a rien à voir. Depuis que François Hollande a été élu président de la République, difficile d'interroger les proches de l'élu sur ses relations avec les patrons. "Je n'ai rien à dire", "ce n'est pas le moment", s'entend-on répondre. Normal, le maire de Tulle (Corrèze) a bâti sa campagne sur le rejet de Nicolas Sarkozy, du bling-bling et de la finance, "l'ennemi sans visage".

Avouer, dans ces conditions, sa proximité avec des chefs d'entreprise est malaisé. "Sarkozy a pâti de sa trop grande proximité avec les patrons et le monde de l'argent, François Hollande ne fera pas cette bêtise", décrypte Anne Méaux, présidente d'Image 7, l'une des boîtes de communication préférées du CAC 40.

[...] Henri de Castries fait également partie des "copains ". S'ils ne partagent pas les mêmes idées, les deux hommes s'apprécient depuis leur passage à l'ENA, dans cette fameuse promo Voltaire, qui est aussi celle de Dominique de Villepin, Renaud Donnedieu de Vabres, Jean-Pierre Jouyet, Frédérique Bredin, Jean-Ludovic Silicani (Arcep), sorti major là où M. Hollande est arrivé huitième.

En privé, le nouveau président donne du "Riton " au PDG d'Axa et ce dernier a versé 7 500 euros (le maximum légal) pour financer, à titre privé, la campagne de son ami lors de la primaire socialiste. "Mais c'était plus pour éviter que Martine Aubry l'emporte que par adhésion au programme de Hollande", assure son entourage.

[...] M. Hollande peut ainsi compter sur le soutien fidèle de certains patrons de PME ou cadres dirigeants. Philippe Grangeon, directeur du marketing et de la communication de CapGemini, qu'il a connu à HEC, tout comme Paul Boury, considéré comme le meilleur lobbyiste de France, ou Jean-Marc Janaillac, responsable du développement à l'étranger de la RATP, côtoyé à HEC puis à l'ENA, font partie de ces proches qui préfèrent l'ombre à la lumière et, surtout, ne revendiquent rien. "Bien sûr qu'on peut l'aider, mais ce sera à sa demande, il sait qu'on n'attend rien de lui", explique l'un d'eux.

C'est à l'un de ces travailleurs de l'ombre, André Martinez, ex-dirigeant d'Accor et de Morgan Stanley, avec lequel l'élu socialiste avait créé à HEC en 1974 une association de soutien à François Mitterrand, qu'a d'ailleurs été confié le soin de représenter M. Hollande auprès des patrons ces derniers mois, celui-ci n'ayant plus le temps ni l'envie de les recevoir. Plus d'une centaine d'entre eux lui auraient demandé audience. Tous ont été reçus. Alexandre de Juniac (Air France) et Stéphane Richard (France Télécom) l'ont ainsi discrètement rencontré. M. Martinez a également représenté le nouveau président lors du dernier sommet de Davos.

François Hollande a aussi demandé à deux anciens chefs d'entreprise de ses proches de récolter l'argent pour sa campagne : Bernard Cottin, ex-patron de Numericable et de Piasa, la maison de vente aux enchères détenue (entre autres) par les fabiusiens Serge Weinberg, Louis Schweitzer ou Lionel Zinsou, et Jean-Jacques Augier, promo Voltaire, ex-PDG des taxis G7 et du loueur Ada. A eux le soin de démarcher les milieux patronaux pour décrocher des financements, grâce à l'association "Répondre à gauche".
Il y a également ceux qui grenouillent dans l'entourage, ce qu'on appelle le "deuxième cercle" : Philippe Wahl, le patron de La Banque postale, ami personnel de Michel Sapin, Charles-Henri Filippi (Citigroup France), Pierre Blayau (Geodis), qui était dans la même promo à l'ENA que M. Hermelin, et Gérard Mestrallet (GDF Suez), un autre familier, Jean-Claude Meyer (Rothschild), connu à HEC, Christophe de Margerie (Total), avec lequel M. Hollande partage le sens de l'humour, Louis Gallois (EADS), Guillaume Pepy (SNCF), Frédéric Saint-Geours (PSA), rencontré au cabinet d'Henri Emmanuelli...

Les Taittinger ont également un accès direct à François Hollande grâce à Brigitte Taittinger, PDG des parfums Annick Goutal et femme de Jean-Pierre Jouyet, l'un des meilleurs amis du maire de Tulle. Jean-Bernard Lévy, PDG de Vivendi, a aussi déjeuné plusieurs fois en 2011 avec le futur président : ils ont ciré ensemble les bancs du lycée Pasteur, à Neuilly-sur-Seine.

UNE CAPACITÉ À "DISCUTER AVEC TOUT LE MONDE"

Même les patrons estampillés de droite louent sa capacité à "discuter avec tout le monde". Le banquier d'affaires Philippe Villin, ex-patron du Figaro et sarkozyste pur sucre, a organisé un dîner de patrons pour lui, quelque mois avant la primaire socialiste.

"Je le connais depuis l'ENA : j'étais dans la promo de 1979, s'explique-t-il ; dans les contacts que j'ai eus avec lui, je l'ai toujours trouvé agréable. Il a une forte capacité d'écoute, même si on n'est pas toujours d'accord !" Comme Henri de Castries, M. Villin a versé 7 500 euros pour financer la primaire de M. Hollande. Le milliardaire François Pinault, pourtant chiraquien, déjeune aussi régulièrement avec l'élu corrézien et l'apprécie, paraît-il. Tout comme Denis Kessler (SCOR) ou Pierre Mongin (RATP).
Reste enfin les petits jeunes, les étoiles montantes, repérées dans les cabinets ministériels avant de pantoufler dans le privé, et que M. Hollande a réussi à séduire. Le plus emblématique : Emmanuel Macron, ancien du Trésor et de la commission Attali, ex-assistant du philosophe Paul Ricoeur, devenu banquier d'affaires chez Rothschild. De gauche (il aurait refusé d'intégrer le cabinet d'Eric Woerth), il a abreuvé François Hollande de notes et devrait le suivre à l'Elysée. De même Stéphane Israël, un normalien qui fut la plume de Laurent Fabius avant de partir chez Astrium, la filiale de satellites d'EADS, a rejoint les rangs de la "Hollandie".

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