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Un vote blanc à 2 147 173 bulletins (Libération)

Décryptage Si on comptabilisait les votes blancs, le candidat socialiste obtiendrait moins de 50% des suffrages exprimés. Comme Jacques Chirac en 1995.


Par JONATHAN BOUCHET-PETERSEN
 
«En comptant les votes blancs, Hollande ne passait pas les 50%. Vous êtes toujours pour la reconnaissance du vote blanc?». Le tweet est de Nicolas Voisin, fondateur du site Owni, et vise à interpeller sur une réalité. Si on comptabilisait les votes blancs, le candidat socialiste ne dépasserait pas la barre symbolique de 50% des suffrages exprimés: 48,69% selon vote-blanc.org. Certains hiérarques de l'UMP se sont empressés d'affirmer que le cas est unique, oubliant un peu vite les 49.5% de Jacques Chirac en 1995. Ce fut le cas de la pas très  fair-play Valérie Pécresse, affirmant ce matin que le nouveau président avait été élu avec une «minorité des voix», preuve selon elle que «les solutions de la gauche face à la crise n'ont pas convaincu les français».

Alors que François Hollande devance Nicolas Sarkozy de 1,14 millions de voix, plus de 2 millions d'électeurs (2 147 173, soit 5,84% des inscrits) ont voté hier sans exprimer de choix, sans qu'il soit toutefois possible de distinguer les votes nuls des votes blancs. Sur plus de 46 millions d’inscrits et 37 millions de votants, reste que le chiffre est significatif. Il faut remonter aux seconds tours des présidentielles de 1995 (Chirac-Jospin) et de 2002 (Chirac-Le Pen) pour retrouver un taux comparable, respectivement 5,97% et 5,38%. Le taux le plus élevé pour un scrutin présidentiel - 6,42% - avait été atteint au second tour de l'élection de 1969, marquée par l’absence d’un candidat de gauche et au terme duquel Georges Pompidou l’avait emporté face à Alain Poher. Entre le premier et le deuxième tour du crû 2012, le vote blanc est passé d'environ 2% à un peu moins de 6%. 

Consigne du FN

Une conséquence directe de l’appel en ce sens de Marine Le Pen? Forte de 17,9% des voix le 22 avril, la présidente du FN a annoncé le 1er mai son vote blanc à titre personnel. Une consigne politique en cohérence avec son rejet de «l’UMPS» et une manière de précipiter la recomposition de la droite en jouant la défaite la plus cuisante possible de Nicolas Sarkozy. Pari à moitié gagné, le candidat UMP ayant atteint un score moins faible que prévu. Selon trois instituts de sondages, entre 25 et 35% des électeurs FN ont effectivement refusé de choisir ce dimanche.

Reste que, malgré un nombre croissant de partisans, qui dénoncent une «anomalie»de la démocratie, le vote blanc n’est pas comptabilisé en France. Il n'apparaît d'ailleurs pas dans les chiffres de l’abstention (19,6%). Le reconnaître comme un «vote exprimé» était une proposition du candidat du Modem, François Bayrou, sans plus de détails. Une proposition de loi en ce sens a été déposé en 2010 par Jacques Rémiller, député UMP de l'Isère et membre de la Droite populaire.

La France n’est pas la seule à ignorer les votes blancs. En Europe, seuls trois pays reconnaissent l’usage du bulletin vierge. La Suisse les comptabilise ainsi aux premiers tours des élections, au scrutin majoritaire, mais pas lors des seconds tours où la majorité relative prévaut. En Espagne, les votes blancs sont jugés «valides» à tous les scrutins mais ne sont pas traduits en sièges. La Suède ne reconnaît le vote blanc que lors des référendums. Mais c’est en Amérique du Sud que le vote blanc a largement droit de cité. Au Pérou, une élection peut même être invalidée si plus de deux tiers des bulletins sont blancs.



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