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Au soir de la défaite nécessaire de la droite, le PS...Tancredi est plus que jamais à la manoeuvre !

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Comme souvent, c'est depuis Le Monde que, à la veille du scrutin du second tour, nous ont été lancés les signaux précis qui nous disent la couleur des  lendemains qui déchantent ! Qui déchantent pour autant que l'on se soit laissé aller à céder à la douce musique lénifiante des discours électoralistes par lesquels les socialistes espéraient (et ont fini par)décrocher la timbale : celle d'une majorité absolue leur permettant d'avoir les coudées franches pour appliquer LE programme que justement Le Monde n'hésite pas à livrer tout décodeur à l'oeuvre :

"Le gouvernement est au pied du mur. Après avoir réservé à l'avant-législatives les mesures les plus douces (l'augmentation de l'allocation de rentrée scolaire, le retour partiel à la retraite à 60 ans, la confirmation d'un coup de pouce au smic...), il va très probablement devoir faire, dans les semaines qui viennent, des annonces qui fâchent en s'attaquant à l'assainissement des finances publiques.

Le redressement de la France est certes censé se faire "dans la justice" et "sans austérité" (tel est le credo du président de la République), mais il se présente sous de bien sombres auspices en raison de la crise de la zone euro qui s'amplifie et du ralentissement de l'activité. Bâtir un budget et freiner l'augmentation du chômage dans un tel contexte est une gageure.

L'exécutif le sait : le 29 mai, François Hollande évoquait la nécessité d'un "effort" et, depuis, le chef du gouvernement Jean-Marc Ayrault et son ministre de l'économie et des finances ont fait entendre une petite musique identique."

Alors oui, nous avons fait le plus gros du boulot en "dégageant" Sarkozy et sa bande et, une fois le travail fini, ce dimanche, il nous faut lire et relire ce que les avisés commentateurs du Monde mettent à disposition de leurs lecteurs "modernistes", "éclairés" et "réalistes" : l'affirmation, momentanément différée, élections obligent, dans le gouvernement socialiste, du syndrome de Tancredi, ce personnage du Guépard qui lâche la phrase bien connue « Si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change » ! Oui, le projet social-libéral n'est pas libéral pour rien qui, devant l'usure du cycle sarkozyen, est parvenu à se poser en relève de la machinerie capitaliste : le changement tancrédien c'est, outre la substitution, à la tête de l'Etat, du personnel politique de la droite de combat par des socialistes "normaux", le retour aux 60 ans pour la retraite et un relèvement du Smic mais, l'essentiel, la continuité c'est d'abord que ces mesures ne sont que des mesurettes laissant en place l'essentiel des réformes sarkozyennnes et ne touchant qu'un nombre dérisoire de personnes. Avec l'espoir que s'enclenche le fameux "c'est toujours ça de pris" que l'on comprend sans peine chez ceux qui ont du mal à sortir la tête de l'eau de leur misère mais qui est assez irresponsable dans la bouche d'un Jean-Luc Mélenchon qui sait d'expérience (toutes ces années au PS et quelques unes ...au gouvernement) de quoi il retourne ! Comme le sait et le dit très bien la journaliste du Monde avec son doublet imparablement acéré : "avant-législatives les mesures les plus douces" / "dans les semaines qui viennent, des annonces qui fâchent".

La continuité, fidèle à la sentence du personnage du Guépard, on la retrouve ci-dessous également, par-delà lesdites mesurettes, dans la suite de l'article du Monde tellement limpide sur la réalité du projet gouvernemental du PS qu'il devrait se traduire, chez ceux qui se réclament de l'alternative antilibérale et/ou anticapitaliste, par une invitation à poser immédiatement les contre-feux organisant la défiance parmi les salariés et les couches paupérisées. Le NPA en a appelé, en vain, au Front de Gauche pour préparer ce qui sera un incontournable de la rentrée de septembre : la construction d'un mouvement social s'enracinant dans les lieux de travail et les quartiers pour contrer le programme "réel" du gouvernement Hollande-Ayrault que Le Monde résume sans fard : "La remise de l'audit de la Cour des comptes devrait donner le "top départ" de la rigueur de gauche. Il semble, pour des raisons d'agenda (sic), que cette remise, initialement prévue dans la semaine du 24 juin, soit décalée d'une semaine. [...] [les préconisations de cette haute juridiction financière sont bien connues :] il faut s'attaquer à la dépense publique en général et aux dépenses d'intervention (économiques et sociales) en particulier."

Il n'est donc nullement raisonnable, comme le propose, de façon (faussement) ingénue, Jean-Luc Mélenchon de laisser "respirer" le gouvernement, puisque la journaliste du Monde, qui décidément est, elle, tout à fait au coeur du réel et de ses projections incontournables au vu de la logique social-libérale, nous livre involontairement l'avertissement : "la nouvelle majorité est condamnée à vivre, au second semestre 2012 et sans doute en 2013, avec l'augmentation d'un chômage déjà massif (un actif sur dix en France, DOM compris) et avec tous les problèmes que cela entraîne : l'explosion du nombre des chômeurs de longue durée et l'extension de la pauvreté." Admirons la saveur admirablement fataliste du "est condamnée à vivre" qui condense l'essence même du social-libéralisme et de son inscription dans une alternance politique qui n'est que la continuité du capitalisme par d'autres moyens, voire, pour certains (la réduction des déficits), les mêmes moyens économiques que la droite !

On relèvera pour finir, en direction de ceux qui, toujours au Front de Gauche, assument le schéma de subordination du mouvement social au bon vouloir des principales directions syndicales, que l'atout majeur d'une gauche gouvernementale de droite, car c'est bien de cela qu'il s'agit, c'est de pouvoir compter sur la docilité raisonnable des syndicats qui ont déjà donné beaucoup de gages dans ce sens sous Sarkozy (cf la capacité à favoriser l'enlisement du mouvement de défense des retraites) : "Le gouvernement compte aussi sur un renouveau du dialogue social et sur la capacité des organisations syndicales et patronales à s'entendre, entre elles et avec l'Etat, sur une méthode et des thèmes de concertation ou de négociation possibles. Ce sera l'objet de la conférence sociale des 9 et 10 juillet."

Nous savons trop qu'un mouvement social s'anticipe et se prépare en sortant des jeux politiciens que les échéances électorales favorisent et auxquels nous vérifions que même les plus radicaux des antilibéraux cèdent, certains d'entre eux en étant même à se poser la question de participer à un tel gouvernement d'agression programmée de la population (Le PC entrera au gouvernement si...) !

Alors, oui, dimanche, après le second tour des législatives, une fois la neutralisation du sarkozysme et du lepénisme acquise, nous n'oublions pas que c'est la neutralisation du capitalisme qui est à l'ordre du jour. Et que donc c'est l'affirmation d'une indépendance totale vis-à-vis du gouvernement socialiste et d'une volonté d'en découdre avec ses plans inéluctablement antisociaux que nous devons mettre en avant. C'est ce que fait le Nouveau Parti Anticapitaliste, c'est le sens de sa démarche maintenue d'unité envers les forces à la gauche du PS. Une unité de lutte, de rupture avec la logique capitaliste dans laquelle, il faut avoir la lucidité, le courage et, au fond, l'honnêteté politique, de le dire, s'inscrit le Parti Socialiste, ce Tancredi des temps de crise hyperbolique du capital. 

Antoine (comité NPA du Pic-Saint-Loup)

Suite de l'article du Monde :

TOUR DE VIS DANS LES DÉPENSES

Devant la dégradation de la situation économique, Pierre Moscovici a révélé, jeudi 14 juin, qu'il était "en train d'ajuster" ses prévisions de croissance. Le candidat Hollande avait retenu + 0,5 % en 2012 (il n'est pas sûr qu'on y parvienne) et + 1,7 % en 2013, ce qui paraît hors d'atteinte.

Le consensus des conjoncturistes de juin prévoit pour la France + 0,3 % cette année et + 0,9 % en 2013. Le ralentissement économique va contraindre le gouvernement, quoi qu'il en dise, à donner un tour de vis dans les dépenses, a fortiori si les rentrées fiscales sont moins bonnes que prévu, ce qui est déjà le cas pour l'impôt sur les sociétés. La remise de l'audit de la Cour des comptes devrait donner le "top départ" de la rigueur de gauche. Il semble, pour des raisons d'agenda, que cette remise, initialement prévue dans la semaine du 24 juin, soit décalée d'une semaine. Ce qui présenterait l'avantage pour François Hollande de se rendre au sommet européen des 28 et 29 juin et d'y faire entendre sa petite musique sur la croissance avant l'état des lieux dressé par la haute juridiction financière.

Celle-ci répétera sûrement dans son rapport ce qu'elle a déjà dit à plusieurs reprises : à savoir que dans un pays comme la France, où les prélèvements obligatoires sont parmi les plus élevés d'Europe en part de produit intérieur brut (PIB), il faut s'attaquer à la dépense publique en général et aux dépenses d'intervention (économiques et sociales) en particulier. Dans la foulée de la publication de l'audit, le premier collectif budgétaire du quinquennat devrait être présenté en conseil des ministres.
Compte tenu de l'inertie prévalant en matière budgétaire (à mi-année, les dépenses sont déjà largement engagées et suivent leur cours), ce projet de loi de finances rectificative comportera surtout un volet fiscal susceptible de faire rentrer une dizaine de milliards d'euros dans les caisses de l'Etat : la réforme de l'impôt de solidarité sur la fortune avec le retour à l'ancien barème (celui de 2010), le relèvement de la fiscalité sur les successions, l'instauration d'une surtaxe sur les banques et les compagnies pétrolières, sans compter de premiers travaux sur les niches fiscales...

OBJECTIF : 3% DE DÉFICIT EN 2013

Il faudra probablement attendre les textes budgétaires de l'automne (le projet de loi de finances pour 2013, la loi de programmation des finances publiques et le budget triennal, le programme de stabilité dans sa version "hollandaise") pour en savoir plus sur la façon dont la nouvelle majorité veut maîtriser la dépense publique (Etat, Sécurité sociale et collectivités territoriales). Le gouvernement devra préciser comment il se propose d'en ramener le rythme de progression annuelle de plus de 2 % avant la crise à + 1,1 %... Une chose est sûre : malgré une conjoncture des plus moroses, Paris souhaite tenir son engagement de ramener le déficit public à 4,5 % cette année et 3 % en 2013.

Parallèlement à ce travail d'Hercule, la nouvelle majorité est condamnée à vivre, au second semestre 2012 et sans doute en 2013, avec l'augmentation d'un chômage déjà massif (un actif sur dix en France, DOM compris) et avec tous les problèmes que cela entraîne : l'explosion du nombre des chômeurs de longue durée et l'extension de la pauvreté. Pour y faire face autrement qu'en débloquant 80 000 contrats aidés supplémentaires - ce qui était, au demeurant, nécessaire et vient d'être annoncé par le ministre du travail Michel Sapin -, le gouvernement compte aussi sur un renouveau du dialogue social et sur la capacité des organisations syndicales et patronales à s'entendre, entre elles et avec l'Etat, sur une méthode et des thèmes de concertation ou de négociation possibles. Ce sera l'objet de la conférence sociale des 9 et 10 juillet.
En parallèle, il devra éteindre les incendies provoqués par les plans sociaux et par les difficultés des entreprises, mais aussi trouver les moyens de relancer le plus rapidement possible la croissance. Ce n'est pas une sinécure dans une zone euro en perte de vitesse et encore moins dans un pays comme la France, qui a perdu plus d'un demi-million d'emplois industriels en dix ans et dont la compétitivité n'a cessé de décliner. Entre les petites et les grandes urgences, où l'on pourrait aussi faire figurer l'hôpital public et la dépendance, la gauche a du pain sur la planche et bien peu à distribuer. On comprend que le premier ministre ait éprouvé le besoin, mercredi 13 juin, de préparer les esprits à des temps qui s'annoncent durs.


Toujours dans Le Monde et dans la même veine, il y a trois jours, nous lisons comment Jean-Marc Ayrault commençait à "négocier" le tournant de l'après-législatives en recourant à l'archi-rebattue rhétorique de l'effort...partagé pour sûr !

"Préparer les esprits aux temps difficiles sans les désespérer. Annoncer aux Français des lendemains douloureux sans les décourager. Parce qu'il reste une campagne électorale à achever, les deux têtes de l'exécutif rechignent à endosser les habits de Cassandre. Mais, par petites touches, à coups de déclarations soigneusement calibrées, ils le reconnaissent : "Il va falloir faire un effort, c'est certain", avait dit François Hollande sur le plateau du 20 heures de France 2, le 29 mai. "Tout le monde doit faire un effort", a confirmé Jean-Marc Ayrault, mercredi 13 juin, dans l'émission "Questions d'info", diffusée sur LCP et France Info, en partenariat avec Le Monde et l'AFP.

 L'"effort" en question découle d'un constat qui n'étonnera personne et que le premier ministre a résumé ainsi : "La situation est difficile." Plus difficile que prévu, lui a-t-on demandé ? "Je ne sais pas", a-t-il répondu. Dans son entourage, la parole est plus libre. "Oui, ce sera plus dur que prévu, reconnaît-on à Matignon. Le rapport de la Cour des comptes, qui sera rendu public fin juin, devrait faire apparaître un héritage dégradé. Il faudra faire des efforts." 

VOLET FISCAL IMPORTANT

Peu à peu se dessine un agenda, celui, précisément, des efforts que le gouvernement s'apprête à demander aux Français au lendemain du second tour des élections législatives. Tout partira donc du fameux rapport sur l'état des comptes publics que les magistrats de la rue Cambon publieront dans la semaine du 24 juin. Cet audit servira de toile de fond au discours de politique générale que prononcera M. Ayrault devant les nouveaux députés la semaine suivante, vraisemblablement le mardi 3 juillet."


Illustration : arton1849-91305.jpg

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