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Une écologie gouvernementale de Bricq et de broc pour le grand bonheur des pétroliers

Bricq [éphémère ministre écolo] et sa « promotion » : le mensonge dans ses meubles

Daniel Schneidermann | Fondateur d'@rrêt sur images  (Rue 89)

[cliquer sur le dessin pour l'agrandir] 

On n’avait rien compris. Le débarquement de Nicole Bricq du ministère de l’Ecologie, à l’occasion du remaniement, et sa nomination au Commerce extérieur, c’était « une promotion ».

Ce doit être vrai, puisque c’est Bricq elle-même, sans doute encore sous le coup de la joie, qui l’a confié à son amie Cécile Duflot. Ce doit être encore plus vrai, puisque Duflot, transportée d’enthousiasme, l’a répété à Aphatie sur RTL. Duflot, jeune ministre en jean et en RER, qui ne mange pas du pain du pouvoir, n’aurait tout de même pas colporté un mensonge éhonté.

Tous les mal-pensants, qui expliquaient depuis la fin de semaine que Bricq avait été débarquée pour rassurer la Shell, fort inquiète que l’on lui interdise de forer au large de la Guyane, n’avaient donc rien compris.

Absurde tentative de camouflage

 

Débarquée en quelques semaines sur pression de hauts intérêts, Bricq n’est donc pas le Bockel de Ayrault. Ce haut fait a été récompensé par une promotion. Ce qui laisse un goût de pétrole dans la bouche, ce n’est pas le débarquement de Nicole Bricq. C’est son absurde tentative de camouflage.


Après tout, on peut comprendre que Bricq soit débarquée parce qu’en exigeant que les permis de forer, accordés à Shell en 2001, soient « remis sur la table », elle avait adopté une position juridiquement intenable, et donc commis une erreur politique (si toutefois cette analyse juridique est fondée). On peut même comprendre que Shell, appuyée sur un code minier dont on découvre à l’occasion qu’il date de 1906, défende ses intérêts. On pourrait même – voyez jusqu’où l’on pousse la compréhension – comprendre que le gouvernement se rende aux arguments, juridiquement fondés, de Shell.

Ce que l’on ne peut pas comprendre, c’est après quelques semaines de gouvernement le retour du mensonge, du mensonge le plus insolent, le plus épais, comme fond de sauce du discours du pouvoir.

Attendre que Duflot revienne à la vie civile...

  

On devrait pourtant être habitués. Que NKM, ancienne porte-parole du candidat Sarkozy, explique aujourd’hui que son voisin de bureau, le conseiller Buisson, voulait « faire gagner Maurras », cela ne choque pas : ce sont les règlements de compte d’après défaite et, circonstance atténuante, c’est la droite. 

On voulait croire que la gauche du normal Hollande, de l’honnête Ayrault, aurait une autre pratique de la langue du pouvoir. Mais le mensonge s’est réinstallé dans ses meubles.


Et il faudra attendre que Duflot soit, comme aujourd’hui NKM, revenue à la vie civile, pour qu’elle livre le fond de sa pensée, si toutefois ce fond est encore repérable par les bathyscaphes.


Illustration : 4132349896.jpg

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Le sommet de la Terre, qui vient de se tenir au Brésil, expose au grand jour son impuissance voire son inutilité. La résolution finale qui en sort est un ensemble de vœux pieux, de réaffirmation de principes mais qui ne sont accompagnés d’aucunes mesures concrètes visant à les mettre en œuvre. Elle est d’ailleurs rejetée par l’ensemble des ONG rassemblées à Rio.

Il n'y a bien que François Hollande pour déclarer que ce sommet est une « étape importante ». Si elle l’est c’est par le recul marqué qu’elle représente : aucune contrainte pour les Etats et les industriels, des passe-droits qui permettent de polluer en toute légalité. Des résultats qui tournent le dos aux objectifs fixés il y a 20 ans lors du lancement de la démarche multilatérale pour répondre à la crise écologique. La raison de l’échec : les principaux chefs d’état sont essentiellement mobilisés sur le sauvetage des banques, du capitalisme en crise, et, sauf dans les secteurs du capitalisme « vert » qui ont trouvé des possibilités de profits, ils n’ont plus un sou à mettre dans ce qu’ils considèrent comme un luxe coûteux faire face aux défis écologiques de la planète.

Le seul espoir réside dans la résistance, qui s’est exprimée dans le sommet alternatif, des peuples qui luttent conjointement pour leur émancipation et pour le développement durable des ressources

Montreuil, le 23 juin 2012

 

 



 


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