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Languedoc-Roussillon. Retour sur une unité gâchée de la gauche à la gauche du PS

En cette fin de séquence électorale à deux temps qui a vu la victoire du PS, il convient que chaque parti, en particulier, du côté de ceux qui se réclament du "changement maintenant mais pour de bon", se penche sur son bilan et ses perspectives. 
[Photo du temps où le Front de Gauche acceptait de faire l'unité avec le NPA en région]

Le NPA s'engage dans un grand débat interne devant déboucher sur une Conférence Nationale (CN) début juillet. Fortement touché par l'effet combiné de la défaite du grand mouvement des retraites de 2010, dans lequel il s'était impliqué sans réserve, et de ses résultats électoraux mitigés puis franchement mauvais, il lui revient de s'interroger sur les possibilités de relancer la construction du regroupement anticapitaliste qui avait présidé à sa fondation en 2009. C'est ce qui est à l'oeuvre à travers les premières contributions militantes pour la CN. Le CPN (Conseil Politique National) du prochain week-end (23-24 juin) enregistrera la ou les positions soumises à la discussion et au vote des comités et AG de comités. Nous en reparlerons.

Une (pas la seule ni peut-être la plus importante) des questions abordées dans ces échanges sera celle de nos rapports avec le Front de Gauche, certains allant même jusqu'à proposer notre intégration pure et simple dans cette coalition. Un retour sur ce que nous avons connu dans notre région en 2010-2011 paraît salutaire pour éclairer ce point tellement il saute aux yeux que l'amnésie, les biais, les ellipses, les paradoxes, les escamotages, les points aveugles et très souvent les contre-vérités finissent par construire une fausse évidence : en particulier celle du supposé "isolationnisme", véritable mot écran, du NPA et son corollaire, tout aussi frauduleux, la radicalité unitaire du Front de Gauche. En 2011, comme on le vérifiera plus loin, la volonté unitaire était, sans matière à discussion, du côté du NPA 34, toutes tendances confondues ! Le sectarisme et l'esprit de division étaient du côté du Front de Gauche ! Curieusement certains anticapitalistes pourchassant aujourd'hui avec virulence l'isolationnisme supposé du NPA, mettent une sourdine complaisante sur l'isolationnisme bien réel du Front de Gauche ...dont ils ont été les premières victimes unitaires en 2011. On a connu démarche politique plus ferme, plus exigeante et plus courageusement ancrée dans les faits ! Je propose ci-dessous les extraits de deux contributions sur la question des rapports du NPA 34 et du Front de Gauche que j'ai publiées ces dernières années. 

Antoine

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1er mars 2011

Camarades du PCF, pour ces cantonales (2011), vous avez décidé unilatéralement de refuser, au niveau départemental (1), l'unité que nous avions constituée à ces Régionales, sous le nom A Gauche Maintenant ! (AGM !), et qui nous avait permis d'obtenir un résultat prometteur. Tellement prometteur que vous aviez cosigné avec nous un appel à poursuivre cette expérience unitaire. Cette rupture avec nous et le maintien de votre participation à des majorités de gestion avec le PS, qui vous amènent, sans surprise, à voter à Montpellier des mesures ouvrant la voie à la privatisation des crèches municipales (2) ou qui promeuvent, sur le doublement de l'A9, des décisions favorisant les intérêts patronaux, sont contradictoires avec l'affirmation que le Front de gauche, auquel vous participez, travaille à l'alternative au capitalisme et au social-libéralisme. Faudrait-il voir dans cette rupture que vous avez décidée, en Languedoc-Roussillon, avec l'esprit unitaire d' A Gauche Maintenant ! au profit d'une unité renforcée avec le PS, la préfiguration de votre campagne pour les présidentielles et les législatives de 2012 ? Une campagne s'affichant radicalement à gauche mais refusant de fait d'acter une unité dans l'indépendance avec le PS, laissant ainsi la voie ouverte à une alliance avec lui et provoquant nécessairement la division de la gauche de gauche?

A nos camarades du Parti de Gauche qui nous ont assuré, pendant les discussions sur les cantonales, qu'ils étaient attachés à reconduire l'unité des Régionales, nous posons aussi la question : pouvez-vous faire abstraction de ces régressions sur l'unité et de ces accommodements avec le Parti Socialiste qui sont contradictoires avec ce que proclame le Front de Gauche auquel vous continuez à participer ? Où est cette autre façon de faire la politique qui irriguait nos pratiques communes dans le cadre d'AGM ? Pouvez-vous vous contenter de regretter, sans plus, que l'unité avec le NPA n'ait pas pu être reconduite à ces cantonales et soutenir, au nom de l'unité (!), ceux qui nous la refusent ? Où est la cohérence politique d'une telle attitude ?

Le NPA ne peut que déplorer ces atermoiements et, à regret, a déposé ses propres candidatures aux cantonales dans divers points du département mais il garde l'espoir que l'esprit d'AGM!, la raison unitaire, prévaudront à nouveau prochainement. Car l'unité dans la clarté est la condition pour mettre en déroute Sarkozy et ses sociaux-killers sans pour autant ouvrir la voie à un Parti Socialiste dont les partis frères pratiquent en Europe, sous l'égide de leur camarade dirigeant le FMI, la même politique brutale d'austérité qu'un vulgaire Sarkozy met en oeuvre ici. Un Parti Socialiste qui a fait trop de fois ses preuves au pouvoir au service de l'existant et qui, par là, a provoqué régulièrement la démoralisation des salariés au plus grand bénéfice de la droite et de l'extrême droite.

Dans l'immédiat, les glissements, qui naissent des ruptures d'unité d'alternative, pour pratiquer des unités plus ou moins assumées ouvertement avec ceux qui, comme le repère bien Midi Libre sur la question du doublement de l'A9, développent, eux, une unité structurelle avec le patronat, sont une mauvaise nouvelle pour un mouvement social qui est à la recherche d'un second souffle et qui doit rester le centre de gravité de nos positionnements politiques. Mais les révolutions arabes en cours nous rappellent que les pouvoirs apparemment les plus forts sont des colosses aux pieds d'argile et il nous faut, malgré les adversités de l'instant, nous tenir politiquement sur la brèche pour aider la contestation d'un sarkocapitalisme en crise à se relancer, peut-être plus tôt qu'il n'apparaît. Faire le pari de l'unité anticapitaliste, clairement donc hors des combinaisons d'appareils, participe des choix maintenus du NPA pour aller dans ce sens.

(1) Sur le modèle de ce qui avait permis la constitution d'AGM !, nous avons appelé à des négociations départementales avec le PCF, le PG, la Fase...afin d'aboutir à un accord politique sur les cantonales. Le PCF a refusé d'emblée cette démarche en renvoyant à des négociations au cas par cas dans les cantons. Constatant l'impossibilité d'un accord politique type AGM !, nous avons alors proposé de procéder à une répartition de candidatures évitant la division sur un même canton. Possibilité acceptée par le PCF à certains endroits mais refusée sur les cantons de Montpellier. D'où la regrettable concurrence de candidatures à gauche du PS.

(2) Claude Avenante, le secrétaire de la section de Montpellier du PCF, s'en est lui-même ému (L'Hérault du Jour du 18 février)


10 mars 2011

Il faut se rendre à l’évidence, l’exemple de A Gauche Maintenant! est dorénavant devenu un contre-exemple : celui d’une unité balayée par les faux-fuyants que les composantes du Front de Gauche mettent en œuvre, particulièrement à Montpellier, à commencer par leur acceptation d’une unité renforcée du Parti Communiste avec les socialistes à la mairie de Montpellier (1), qui les amène a proposer, au nom d’une majorité municipale incluant le Modem, une mesure qui ouvre la voie à la privatisation des crèches. Contre l’affirmation pourtant affichée par les candidats du Front de Gauche de leur radicalité politique et, selon les cas, de leur indépendance vis-à-vis du Parti Socialiste, aucun d’eux, et comment le pourraient-ils sans diviser le FdG, n’a condamné cette position des élus communistes de Montpellier. Comme d’ailleurs aucun d’eux ne s’est démarqué du forcing fait actuellement par le président socialiste de l’Agglo de Montpellier pour concrétiser, avec tout le patronat local, l'aberration écologique du doublement de l’A9 et la mystification sociale qu'elle charrie ! Dans ce contexte d’ouverture assumée en direction du PS montpelliérain, comment aurait-il été possible de mener campagne avec un NPA attaché à la déclaration d’indépendance vis-à-vis de la social-démocratie qui, avec l’anticapitalisme ou, pour certains, l’antilibéralisme, était le socle politique d’AGM !

Ayant participé de près aux travaux d’élaboration du programme d’A Gauche maintenant !, je serais, si je n'étais pas vacciné contre les enthousiasmes politiques, assez sidéré de voir avec quelle désinvolture politique nos partenaires ont rejeté la reconduction de l’unité que, sur cette base d’AGM !, leur avait proposée le NPA 34 pour ces cantonales. Mais je serais encore plus sidéré de voir comment au FdG, l’on joue, non seulement d’un silence, dont je comprends qu’il soit gêné, pour échapper à la mise en évidence de sa responsabilité dans la division, mais aussi du sous-entendu pour transférer insidieusement celle-ci au NPA !

(1) On saura gré à Michel Passet, le secrétaire fédéral du PCF, d'avoir été (presque) clair sur la démarche de son parti. En effet à la question de la journaliste de L'Hérault du Jour (édition du 22 février) "Le NPA vous reproche cependant de n'avoir pas voulu d'accord", la réponse s'est amorcée dans sa plus grande limpidité : "C'est vrai " ! Alors bien sûr c'était pour retomber très vite dans l'ornière de l'opacité politique : "C'est vrai mais comme avec les autres partis de gauche, conformément à nos statuts mais aussi à la pratique politique que nous souhaitions". En clair, si on laisse de côté le mystère, difficilement élucidable, de ces statuts qui n'empêchaient pas l'unité au temps d'A Gauche Maintenant ! mais qui l'ont rendue impossible aux cantonales, c'est bien la "pratique", souhaitée mais surtout déjà à l'oeuvre, de l'alliance avec le PS à la mairie de Montpellier et ailleurs dans le département de l'Hérault, qui est le fin mot de cette désunion de la gauche radicale. 

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 Michel Passet, à la droite de la socialiste Hélène Mandroux, maire de Montpellier, dont il est un des adjoints en alliance avec le Modem de François Bayrou

Michel Passet était candidat du Front de Gauche à la dernière législative en concurrence avec une candidature du NPA-GA.


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Extrait : Cela pose, évidemment, la question du mode de fonctionnement du PG, dans lequel les vrais débats n’ont lieu qu’au sein d’un tout petit groupe qui, seul, prend les décisions. Les instances nationales officielles étant là non pour les discuter mais pour les avaliser et les transmettre.
  










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