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Les communistes et le gouvernement : "de facto nous sommes dans la majorité" !

« C’est dur à encaisser... » À Paris, le candidat communiste Ian Brossat a fait bonne figure dans le XVIIIe arrondissement, avec plus de 13 % au premier tour des législatives. Mais ailleurs, le PCF a subi une semi-débâcle, perdant près de la moitié de ses sièges, dont cinq dans ses bastions d’Île-de-France. Avec un paradoxe qui laisse les dirigeants du siège de la place du Colonel-Fabien dans une insondable perplexité : malgré sa progression en voix par rapport à 2007, le parti communiste perd encore et toujours un nombre important d’élus. Si bien que le deal implicite passé avec Jean-Luc Mélenchon, à travers le Front de gauche, “À toi la présidentielle, à nous les législatives”, s’est avéré incapable d’endiguer le déclin entamé depuis trente ans déjà. [...]

Pour autant, ce reflux électoral après une présidentielle pleine de promesses ne remet pas en cause la poursuite de la stratégie de Front de gauche. Le conseil national du PCF a voté ce mercredi à une écrasante majorité (4 voix contre, 16 abstentions, sur près de 500 membres) de ne pas participer au gouvernement de Jean-Marc Ayrault. [...]

Cette fois, avance aussi Ian Brossat, responsable des questions de sécurité au PCF, « il suffisait de présenter une chèvre avec le poing et la rose pour être élu, surtout à Paris et dans la région parisienne où les gens se positionnent surtout par rapport à des éléments nationaux ».  [...]

[Les communistes] estiment que la ligne “ni majorité ni opposition” leur a coûté des voix aux législatives. « C’était difficilement lisible », plaide Brossat. Parce qu’il pense avoir contribué à la victoire de la gauche, le PCF se veut dans la majorité. « On ne va pas passer notre temps à dégoupiller des grenades pour les jeter sous les jambes des ministres, promet André Chassaigne, futur président du groupe que le Front de gauche va former avec cinq élus ultramarins. On se considère davantage comme dans le cadre d’une majorité de gauche, voire d’une forme de solidarité parlementaire".

C’est d’autant plus probable que les communistes ont un rôle pivot au Sénat où le PS ne dispose pas de la majorité absolue. « De facto nous sommes dans la majorité, explique la sénatrice Assassi. Nous continuerons à faire ce que nous avons fait depuis le passage à gauche du Sénat. Ce n’est pas le ni-ni. Sinon, on serait avec la droite ou pire le FN ! » Rien à voir, donc, avec la ligne Mélenchon. Or, dans les deux assemblées, l’ancien candidat a peu de prise sur ses camarades communistes : au parlement, un député (sur 10) est membre du Parti de gauche, au Sénat, aucun. 

 [c'est nous, blog du NPA 34 Motivé-e-s qui soulignons]

Tiré de Front de gauche: les communistes en pleine analyse (article de Mediapart réservé aux abonnés)

Commentaire

Le mot clé de ce positionnement post-électoral du PCF est la locution "de facto" : "de facto nous sommes dans la majorité". 

Les anticapitalistes qui attendaient, en croisant nerveusement les doigts, que le PCF manifeste son refus d'aller au gouvernement pour justifier leur ralliement au Front de gauche se trouvent confrontés à l'habileté rhétorico-politique de toujours d'un parti sur le déclin, malgré une "dynamique" mélenchonienne décidément bien fragile car foncièrement électoraliste, d'un parti obstinément accroché ..."de facto" à une alliance avec le PS qui reste sa bouée de sauvetage politique. Ledit parti peut bien ironiser sur la "chèvre avec le poing et la rose [qu'il suffisait de présenter aux législatives] pour être élu", il maîtrise, lui, parfaitement l'art de ménager la chèvre radicale et le chou socialiste : prenant la Bastille, le temps de la présidentielle, avec le trublion stigmatiseur du "capitaine de pédalo" social-libéral mais se pliant, après les catastrophiques législatives, à la solidarité avec celui-ci pratiquée docilement déjà dans les régions, les municipalités, au Sénat et, désormais réaffirmée, au Parlement... Au fond rien de nouveau sous le soleil d'un réformisme toujours aussi plat malgré les virevoltes citoyennes par temps électoral; rien de nouveau sauf l'utilisation justement de cet épouvantail de la radicalité du Front de gauche pour tenir, mieux qu'avant, deux fers contradictoires au feu. Il restera pourtant à vérifier ce qu'il adviendra de ce double jeu, de cette véritable duplicité, face à un mouvement social que rendra nécessaire la politique nécessairement austéritaire que Hollande et Ayrault ont maintenue dans les tuyaux le temps des élections législatives.

Face à de tels biais politiciens qui jouent impunément avec les espoirs suscités durant la présidentielle, il convient que l'anticapitalisme conserve son indépendance vis-à-vis du Front de gauche sans renoncer à une démarche unitaire vis-à-vis de lui, démarche dont cependant tout le monde comprend (devrait comprendre) pourquoi...de facto il ne veut pas et pourquoi il ne sert à rien de s'obnubiler à la susciter ! Ainsi va la nave des appareils, à la boussole décidément sans surprise, d'une gauche à la gauche du PS qui n'arrive pas à s'émanciper de lui pour être vraiment la gauche, celle qui défend, quoi qu'il en coûte, sans ambiguïté, avant, pendant et après les élections, les intérêts des salariés et des plus pauvres ! Comme a fait et fera, contre vents et marées, le NPA.

Antoine

L'oxymore de "la majorité en tant qu'opposition constructive" comme ligne politique du PCF : "Nous faisons partie de la majorité, tient à préciser Jean-François Régnier. Mais nous serons une opposition constructive : on vote ce qui va dans le bon sens et contre le reste." (tiré de Pour les militants PCF, rejoindre le gouvernement aurait été "une trahison"). Question : l'oxymore est-il viable en politique ?


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