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Marche des fiertés, une marche pour les droits de touTEs les LGBT


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L’an dernier, le thème de la marche était « En 2011 on marche, en 2012 on vote ». Cette année, c’est « En 2012 l’égalité n’attend plus ». Penses-tu que les droits des LGBT pourront avancer avec le PS au pouvoir ?

Les promesses faites aux LGBT pendant la campagne, notamment l’accès au mariage pour les couples de même sexe, sont évidemment une avancée, mais beaucoup trop tardive... Il faut quand même rappeler que le PS était au pouvoir au moment du Pacs, et que les droits qui ont été mis en place à cette époque-là sont discriminatoires. Le Pacs est un contrat amoindri, qui confère des droits différents de ceux du mariage. Nous sommes donc méfiants, vigilants et sceptiques par rapport à cette idée que « l’égalité n’attend plus », qui semble vouloir dire que désormais tout est possible. Nous connaissons les limites idéologiques du Parti socialiste, et notamment sa volonté de ménager dans ses propositions un électorat parfois mitigé vis-à-vis des questions LGBT. 

Va-t-on enfin ouvrir le débat sur l’homoparentalité et l’éventualité d’un recours à de nouvelles méthodes de procréation assistée ? Va-t-on continuer à accorder d’un côté des droits aux LGBT tout en précarisant toujours plus certaines parties de la communauté, et notamment les travailleurs du sexe, en pénalisant leurs clients ? Quelles sont selon toi les priorités ?

Les priorités, maintenant que les propositions générales semblent intégrées au calendrier politique, sont de plusieurs ordres. D’abord, il faut rappeler que cet acronyme, LGBT, est trop souvent réduit aux L (lesbiennes) et aux G (gays), qui polarisent l’attention politique. Pour autant, les trans’ sont souvent les grands oubliés de ces débats. Aujourd’hui, en France, et contrairement à un pays tel que l’Argentine, les trans’ qui ne sont pas allés jusqu’au bout de leur transition (chirurgie, stérilisation, psychiatrisation...) ne peuvent pas changer d’état civil, et cela conduit à des situations parfois dramatiques pour les personnes dans leur quotidien. De même, n’oublions pas la précarité sociale et économique qui frappe aujourd’hui encore les LGBT : taux de suicide toujours beaucoup plus élevé chez les LGBT qu’en population générale, taux de chômage plus important, poids du sida dans une communauté pédé où les contaminations augmentent depuis plusieurs années. Aujourd’hui, par exemple, un pédé sur cinq est contaminé à Paris : cette situation est grave, et ce sera d’ailleurs le mot d’ordre d’Act Up-Paris dans cette marche. « 1 sur 5 », on n’en est pas fier et c’est notre rôle de le rappeler dans la marche, d’autant que les marches des fiertés parisiennes n’ont jamais pris pour mot d’ordre le sida. Il y a un vrai déni, une vraie invisibilité de cette question à laquelle il faut remédier, l’épidémie n’est pas une fatalité, elle est affaire de volonté politique.

À ton avis, la marche des fiertés est-elle un événement militant qui fait avancer les droits ?

Oui, si on s’en donne les moyens. Faire en sorte qu’on ne réduise pas cette marche à une grand défilé convivial, même si la convivialité c’est important également. Il faut en profiter pour porter des projets politiques, dénoncer l’insuffisance des politiques publiques à destinations des LGBT, rappeler que le sida est toujours là, et que faire la fête ne signifie pas oublier nos combats. Pour cela, il faut des messages clairs, une marche respectueuse de touTEs, qui n’exclut personne. C’est pour cela que nous avions dénoncé le mot d’ordre « En 2011 je marche, en 2012 je vote » : une marche des fiertés doit inclure les étrangerEs, sans-papiers, ceux qui ne votent pas par choix ou de par leur statut. Une marche des fiertés doit inclure tous ceux et celles qui souhaitent faire valoir leurs droits en tant que minorités sexuelles, sans restriction...

Propos recueillis par Dominique Angelini

Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 155 (28/06/12)

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