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Sans papiers. Les premiers (petits) signes que c'est bien une "gauche de droite" qui nous gouverne...

 Quand Manuel Valls règle le cas de Gervais Gantchou

Encore un petit tour et il en sera fini de cette interminable période électorale. Une petite semaine et nous commencerons à connaître les véritables intentions du nouveau pouvoir. Enfin non, déjà certains signes tout de même. Un communiqué RESF daté du 4 juin évoque le cas de Gervais Gantchou et la façon dont le ministre Valls le traita.

 Manuel Valls, vous le connaissez, c’est le nouveau ministre de l’Intérieur, le successeur de Claude Guéant et de Brice Hortefeux.
Gervais Gantchou, peut-être moins. Gervais Gantchou est d’origine camerounaise, père de deux enfants bien français, 30 ans. Le 4 juin au matin, alors qu’il était en centre de rétention depuis déjà 45 jours, il a reçu instruction de la police pour préparer ses affaires et être conduit au tribunal de Meaux.
C’était une farce ! Gervais Gantchou n’est jamais arrivé au tribunal de Meaux. Il a été conduit direct à l’aéroport de Roissy pour un avion destination Cameroun.

 

Après le « mariage gris », le « non-vie familiale »


Vous allez dire, qu’avait donc à faire le tout frais ministre Valls dans cette affaire remontant manifestement à l’ancien régime ?
Eh bien, son cabinet a été saisi par RESF du cas Gantchou le jeudi 31 mai. Dans un premier temps, le ministère a accepté de surseoir pour examiner le dossier. Mais selon RESF, il n’a jamais tenu sa promesse d’indiquer et de motiver sa décision avant le matin de la triste farce.
Sollicité à nouveau, il a juste allégué du casier judiciaire de Gervais Gantchou (deux vols). Et comme cela semblait un peu mince pour justifier la séparation d’un père et de ses deux enfants, il a indiqué que le premier ne s’occupait guère des deux derniers. Ce que réfute totalement la mère du second enfant.
On connaissait déjà le glauque « mariage gris » du ministre Besson, s’offusque RESF, voici donc le « non-vie familiale » selon le ministre Valls qui présentement entend faire aussi office d’assistante sociale !

 

« Aucune raison de douter a priori »


Arrivé à l’avion, Gervais Gantchou a refusé d’embarquer, crié très fort, s’est débattu comme un furieux, a appelé les passagers à l’aide. Gervais Gantchou n’est pas parti. Mieux, après une courte garde à vue, il a été libéré par le procureur, contraint par une durée maximum légal de rétention dépassée. Mais reste sous le coup d’une interdiction du territoire d’un an.
À la veille du premier tour de ces législatives, un riverain de Rue89 déclarait :
« Pour ma part bien évidemment j’irai voter pour confirmer ma confiance vis à vis de la nouvelle équipe choisie par une majorité des Français. Je n’ai aucune raison de douter a priori de la sincérité et de la compétence de notre président et du gouvernement mis en place. »
Gervais Gantchou devrait écouter cette docte parole. Il n’a plus qu’une petite semaine à attendre pour voir le président Hollande, le ministre Valls et tout le nouveau gouvernement donner enfin la pleine mesure de leurs convictions.

Quand Manuel Valls règle le cas de Gervais Gantchou (Rue 89)

Lu sur Mediapart

Des mineurs seuls et des nourrissons en rétention, ça continue

Par Carine Fouteau
 
Depuis l'élection de François Hollande, une douzaine d'enfants ont été placés en centres de rétention en vue d'une expulsion. Un mineur non accompagné est actuellement enfermé au Mesnil-Amelot. Le Défenseur des droits, la Cimade et RESF rappellent au chef de l'État ses engagements.


Note : Gauche de droite ? Gauche de gauche ! Dans un texte de 1998, écrit en collaboration et intitulé précisément "Pour une gauche de gauche", Pierre Bourdieu interpellait de façon virulente la gauche de gouvernement : 

Il est temps que le quatuor Jospin, Chevènement, Hue, Voynet se rappelle que les majorités de gauche ont conduit au désastre chaque fois qu'elles ont voulu appliquer les politiques de leurs adversaires et pris leurs électeurs pour des idiots amnésiques. [...]

Les vraies questions sont d'une tout autre ampleur : pourquoi, en moins d'un an, la gauche "plurielle" a-t-elle cassé la dynamique de sa victoire à l'arraché alors qu'elle n'a pas même l'alibi d'indicateurs économiques en déroute ? Pourquoi a-t-elle suscité des déceptions dont ses résultats électoraux interprétés comme des victoires ne donnent qu'une faible idée ? Pourquoi, par exemple, tant de suffrages pour les organisations qui se veulent ou se disent hors du jeu politique ? Pourquoi une partie de la droite en perdition préfère-t-elle se radicaliser alors qu'elle est au pouvoir à travers une gauche qui réalise tous ses rêves ? [...]

Les faux-semblants de la gauche "plurielle" déçoivent les électeurs de gauche, démobilisent les militants, renvoient vers l'extrême gauche les plus exaspérés. Il n'est guère étonnant que les premiers à protester aient été les premiers floués de la démagogie "plurielle" d'une gauche vraiment singulière : les sans-papiers, les chômeurs, les enseignants. [...]

La gauche officielle a bien du mal à se débarrasser de l'héritage douteux du mitterrandisme. Elle irrite ses fidèles sans pouvoir attendre de ses ennemis le moindre signe de satisfaction. Elle profite provisoirement de la médiocrité de ses adversaires sans proposer autre chose qu'une politique au jour le jour qui ne change rien d'essentiel dans la vie quotidienne de la grande majorité des citoyens. Le jour du bilan, peut-être plus proche qu'elle ne croit, avec la menace de nouveau disponible de la dissolution, que pourra-t-elle invoquer pour mobiliser les abstentionnistes, les dissuader de voter pour le FN ? Les emplois-jeunes pour quelques-uns, les 35 heures en peau de chagrin, la rigueur ininterrompue, une réforme de l'éducation transformée en show ministériel, la fuite en avant vers l'Europe des banquiers ? Croit-on pouvoir tromper longtemps l'attente d'une Europe sociale avec une "gauche plurielle européenne" animée par la troïka néo-libérale Blair-Jospin-Schröder ?

La gauche de base croit encore à la République sociale : il est temps que le quatuor Jospin, Chevènement, Hue, Voynet se rappelle que les majorités de gauche ont conduit au désastre chaque fois qu'elles ont voulu appliquer les politiques de leurs adversaires et pris leurs électeurs pour des idiots amnésiques.
Les vraies réponses à la fascisation rampante ou déclarée ne peuvent venir que des mouvements sociaux qui se développent depuis 1995. A condition que l'on sache les entendre et les exprimer au lieu de travailler à les déconsidérer par la diffamation publique ou les coups fourrés d'anciens apparatchiks politiques convertis en hommes d'appareil d'Etat. Ils suggèrent en effet des perspectives politiques et avancent même parfois des projets et des programmes constitués.

Le mouvement des sans-papiers, voué aux gémonies par les "responsables" de tous bords, est une résistance collective face à la politique obtuse qui, au nom de la lutte contre Le Pen, prend souvent ses idées et ses armes chez Le Pen (avec le succès que l'on sait...). Le mouvement des chômeurs apparaît comme une "lutte tournante", sans cesse recommencée contre les effets destructeurs de la précarisation généralisée. Les mouvements récents contre l'AMI et pour la taxation des capitaux témoignent de la montée en puissance de la résistance au néolibéralisme : elle est, par nature, internationale. [...]

L'horizon du mouvement social est une internationale de la résistance au néolibéralisme et à toutes les formes de conservatisme.  

 
Vous avez aimé Claude Guéant ? Vous adorerez Manuel Valls (Alain Gresh)




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