Etat espagnol : Rajoy exproprie la classe ouvrière pour sauver les banques
Par Izquierda Anticapitalista (l'organisation soeur du NPA)
Comme
il fallait s’y attendre, le scénario se développe de manière absurde et
douloureuse pour tous les secteurs qui souffrent de ses conséquences,
et particulièrement pour la classe ouvrière. Après avoir ouvertement
menti de manière répétée sur les conséquences du sauvetage européen des
banques espagnoles, Mariano Rajoy a du admettre devant le Parlement que « l’Espagne est sous tutelle, ses mains ne sont pas libres, elle est sans autonomie » ; que « nous,
Espagnols, sommes arrivés à un point où nous ne pouvons pas choisir
entre rester dans l’état où nous sommes ou faire des sacrifices » ; ou encore que « Nous
n’avons pas d’autre loi ni de critères que ceux que la nécessité nous
imposent. Nous faisons cela parce que nous n’avons pas d’autres choix,
que cela nous plaise ou non. »
La
« sincérité » actuelle du Président n’est qu’apparente car ce n’est ni
l’Etat espagnol en général, ni tous ses citoyens qui vont souffrir des
brutales mesures d’austérité annoncées, mais seulement une partie, bien
que très vaste : la classe ouvrière et les secteurs les plus humbles et
appauvris. Les banquiers et les grandes fortunes sont justement ceux qui
bénéficient des politiques actuelles et il est pour cela totalement
incorrect de masquer cette réalité en évoquant les intérêts « de
l’Espagne » et « des Espagnols ». Et tout cela, le PP le fait en
applaudissant, [1] et en insultant les sans emploi, comme l’a fait la
députée Andrea Fabra avec son désormais célèbre « Qu’ils aillent se faire foutre ». Telle est la droite préhistorique qui nous gouverne.
La
batterie de mesures imposées pour réduire de 65 milliards d’euros les
dépenses publiques est largement connue. Ses conséquences également :
perte drastique de pouvoir d’achat pour la classe ouvrière, perte de
droit sociaux, fragilisation des personnes au chômage, aggravation des
conditions de vie des retraités… Tout cela pour sauver les banques et
maintenir les profits de ceux qui ont provoqué la crise. Et avec comme
conséquence, inévitable, une détérioration de la grave récession
économique actuelle.
Il
est urgent, aujourd’hui plus que jamais, de mettre en route un vaste
front social de lutte contre les mesures imposées par les pouvoirs
économiques européens et par le gouvernement. Il est urgent de
coordonner les luttes en cours, dont certaines sont exemplaires, comme
celle des mineurs. Il est urgent de tracer un plan à moyen et à long
terme – qui inclut un agenda de mobilisations et de mesures alternatives
– pour faire face à une attaque sans limites et sans fin.
Les
expériences de luttes se sont accumulées ces derniers temps : le
mouvement du 15M ; les luttes dans l’enseignement, la santé et celles
des fonctionnaire en défense de leurs conditions de travail, pour les
services publics ; le combat courageux des mineurs qui se déroule
actuellement…
Ces
mobilisations ne doivent pas rester isolées les unes des autres, elles
doivent converger, s’articuler et se renforcer mutuellement. L’accueil
magnifique offert à la « Marche Noire » des mineurs à Madrid est un
modèle à suivre. Ces mobilisations vont se confronter à une répression
sans cesse plus dure de la part du gouvernement. Les charges policières
brutales contre les différentes marches de soutien aux mineurs à Madrid
ces derniers jours en témoignent. Face à cette répression, il sera
également d’une importance cruciale d’organiser des campagnes
antirépressives les plus unitaires possibles.
Les
forces syndicales, en particulier les fédérations majoritaires CCOO et
UGT, ont une grande responsabilité dans les événements actuels. Les
circonstances exigent de manière pressante l’abandon définitif des
tentatives de renouer avec la concertation sociale, elles imposent
l’adoption de plans de lutte cohérents de mobilisations et de grèves
générales, d’actions sectorielles bien articulées entre elles. Ainsi
qu’une ferme détermination à développer toutes les initiatives
susceptibles de maintenir une lutte prolongée et soutenue, dans laquelle
il faudra faire converger la classe ouvrière des autres pays d’Europe, à
commencer par la Grèce.
Dans
ce sens, la proposition des syndicats CCOO et UGT d’organiser des
manifestations unitaires le 19 juillet prochain constitue un premier
pas. Mais il reste insuffisant car il ne trace pas de plan bien défini
en faveur de la « mobilisation soutenue contre l’austérité »
que les deux syndicats disent vouloir poursuivre. Ils ne font également
aucune mention des mesures alternatives qui devraient être adoptées pour
faire face à la situation. Définir clairement ces différents aspects
est nécessaire afin d’affronter cette tentative d’involution historique
et pour mettre un terme à la crise qui puisse satisfaire les aspirations
de la classe ouvrière.
Izquierda Anticapitalista, 13 juillet 2012
Notes
[1] ses députés ont applaudi, debout, les mesures d’austérité de Rajoy au Parlement, NdT.
* Traduction : Ataulfo Riera.
Cet article a été publié sur http://www.europe-solidaire.org
Le texte en espagnol : Rajoy expropia a la clase trabajadora para salvar a los banqueros
Note du blog : Izquierda Anticapitalista signifie Gauche Anticapitaliste mais, à la différence de son homonyme français qui vient de rejoindre le Front de gauche, ce parti a quitté Izquierda Unida, sorte de Front de gauche espagnol regroupé autour du PCE, en 2007.
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