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Jeune tué par un policier à Millau : "On m’a éteint une fleur"

Millau. Le père de Nabil : "Je n’accepte pas ce qu’il se dit sur mon fils" (Midi Libre)

Abdelmajid Mabtoul, le père du jeune homme mort mardi à Millau, nous a reçus chez lui à Villefranche- de-Rouergue. [...] 

Voilà presqu’une semaine que votre fils est décédé. Quel sentiment vous anime aujourd’hui ?

Je n’accepte pas ce qu’il se dit sur Nabil. Celui qu’on a mis au monde, celui que l’on a éduqué avec ma femme, il est loin du cliché, du trafiquant de banlieue.
Son Audi, il a travaillé pour l’acheter. Il avait un crédit en cours. Ses fins de mois étaient tendues, comme beaucoup de jeunes de son âge (26 ans, NDLR), et on l’aidait autant qu’on pouvait. Il savait qu’il pouvait compter sur nous. Il encadrait aussi les gamins en difficulté dans une association du coin, et il travaillait. [...]

Gardez-vous confiance en la justice ?

(Hésitation) J’aimerais. J’ai des doutes, mais j’aimerais. On m’a éteint une fleur. Je veux que la responsabilité soit établie comme pour un civil. J’ai deux autres enfants, qu’est-ce que je leur dis, comment je leur parle de ça, comment on fait pour que les jeunes respectent, qu’ils croient en la justice...

Nous, on veut la justice. Je suis marocain, ma femme est française. Mon fils était français. Son grand-père a été blessé pour défendre la France. Je suis Français à 200 %.

Un jour peut-être, j’aurais besoin de la police, je la respecte. Elle est là pour protéger, mais elle n’est pas là pour tuer. Aujourd’hui, j’ai la tête haute, je demande la justice pour mon fils. Car ça, ce n’est pas acceptable. Celui qui a tiré, il est avec les siens. Nous, nous sommes en deuil. Il faut qu’il soit jugé, et puni.

À Millau lors du rassemblement, vous avez beaucoup œuvré pour que la manifestation reste calme. C’est important pour vous ?

Très. Aujourd’hui, c’est Nabil. Je ne veux pas que demain, ce soit Mohamed puis Robert. Car cette génération aujourd’hui, elle est mixte. Nous, on ne veut pas de violence. Je ne veux pas qu’un autre père pleure son fils.

(*) Hier, en fin d’après-midi 300 personnes ont participé, dans le calme, à une marche blanche.



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Millau. En délit de fuite, l'homme a été tué par la balle du policier (Midi Libre)

La nouvelle, tant redoutée par tous les fonctionnaires du commissariat de Millau, est tombée, hier, peu après 17 heures. La balle perdue des policiers de la Bac a été finalement retrouvée dans le corps de l’automobiliste villefranchois mort, mardi, après avoir forcé un barrage sur une artère très fréquentée de la cité du gant.
L’autopsie pratiquée mercredi, à l’Institut médico-légal de Montpellier, sur ce Villefranchois de 26 ans est sans ambiguïté : le décès est bien consécutif au tir (le premier dans l’ordre chronologique des événements) de l’agent placé côté passager au moment de l’intervention. "Un tir réflexe" selon le procureur de la République, qui a traversé le thorax, le poumon et l’aorte de la victime... [...]

De l’autre côté de l’Aveyron, à Villefranche-de-Rouergue, même sentiment de désolation. C’est, en effet, un quartier sous le choc qui a appris la terrible nouvelle. Le garçon décédé mardi à Millau habitait la cité du Tricot où il avait aménagé il y a cinq ans dans un des appartements des Anémones.

De lui, les jeunes croisés hier après-midi dans les cages d’escalier ne savaient pas grand-chose. "Nous ne le connaissions pas spécialement plus qu’un autre habitant, entendait-on ici ou là. Nous savions juste qu’il était très gentil, très respectueux du quartier et de ses habitants."

Ce trait de caractère est incontestablement celui qui revient le plus souvent pour évoquer un homme inconnu jusque-là de la justice. D’où, parfois, derrière de grosses lunettes noires, la colère : "C’est très violent, c’est abusé".

Et si d’autres ne se faisaient guère d’illusion - "s’il était à Millau dans une voiture, ce n’était pas par hasard" -  tous se disaient qu’il était décidément trop jeune pour tomber sous les balles de la police.

Pour 1,7 kg de résine de cannabis planqué dans sa voiture...

La Bac de Millau dans l’œil du cyclone : manifestation aujourd'hui à 18 h

Ça n’a pas traîné. Sans attendre les résultats de l’autopsie du jeune homme tué mardi matin par le tir d’un des policiers de, un appel à manifester contre cette Brigade anticriminalité a été lancé sur plusieurs réseaux sociaux.


Aux dernières nouvelles, elle se tiendrait ce jeudi, à 18 h, sur la place du Mandarous, à 500 m à peine du lieu du drame.

Dans l’œil du cyclone depuis avril 2011 et un premier mouvement de protestation, cette unité de la police millavoise faisait l’objet de nombreux échos défavorables quand bien même elle obtenait, selon les dires de son commandant, de très "bons résultats". 




 


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