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Les JO commencent, c'est la fête au marketing et au merchandising tandis que le CIO prépare ses juteux profits avec l'aide de l'Etat

A Londres, le CIO joue à Big Brother au service de ses sponsors (Le Monde)

 

  "Le CIO a besoin "d'une dictature ou d'un pays ultralibéral pour imposer ses règles"."

 

Perdu dans le parc olympique de Londres, l'amateur de frites n'aura pas le choix. S'il souhaite déguster son mets favori, ce sera chez McDonalds ou rien. A moins qu'il n'ajoute du poisson pané à son en-cas... Sponsor officiel des JO, la chaîne de restauration rapide américaine sera en effet la seule autorisée à vendre des patates frites dans les enceintes accueillant les épreuves des Jeux. 

 

Même si, gastronomie locale oblige, une petite dérogation a été accordée pour les fameux fish and chips... Cette improbable règle a fait l'objet d'un accord signé entre le géant du fast-food et le comité d'organisation des Jeux, le Locog. Route, nourriture, moyens de paiement, réseaux sociaux, le CIO et ses partenaires ont imposé leurs règles à la capitale anglaise qui sera, le temps de cet évènement planétaire, sous juridiction olympique. Le parc olympique sera une cité dans la City.

 

"On assiste à une prise de contrôle par le CIO et par ses sponsors des espaces olympiques. Ils créent un système autarcique dans lesquels s'imposent, pour une durée déterminée, une loi d'exception, à l'image des lois antiterroristes, avance Patrick Clastres, historien des Jeux olympiques. Le CIO sécurise l'organisation même des jeux depuis trois olympiades. McDonalds nourrit les athlètes et les spectateurs, Coca les abreuve et Visa sécurise les paiements." [...]

 

Le contrat signé entre le CIO et les autorités londoniennes, un document de 76 pages, apparaît en effet drastique pour la ville hôte. Le CIO exige, Londres s'exécute. "Pour les Etats candidats, le CIO impose qu'ils adoptent une législation spécifique pour la protection des symboles olympiques. Chaque ville candidate doit ainsi annoncer comment elle compte protéger la marque olympique, que ce soit en adoptant une nouvelle loi ou en amendant une autre" [...]

 

Il faut dire que les onze grands sponsors du CIO (Coca-Cola, Acer, Atos, Visa...) lui rapportent la bagatelle de 730 millions d'euros pour la période 2010-2012. Une politique marketing qui lui assure 45 % de ses revenus et dont il ne peut se passer pour assurer son fonctionnement. En moyenne, les 55 sponsors des JO 2012 ont versé 100 millions de dollars pour avoir le droit d'utiliser le logo des Jeux et récupérer l'évènement à des fins promotionnelles. Il n'est donc pas étonnant de voir le CIO leur octroyer certains avantages et chercher à "préserver la valeur de marques à la notoriété exceptionnelle et au pouvoir attractif très fortement convoité, lesquelles constituent l'une des bases du marketing olympique", poursuit Antoine Chéron.[...]

 

"c'est la première fois que le verrouillage est total", avance Patrick Clastres, pour qui le CIO a besoin "d'une dictature ou d'un pays ultralibéral pour imposer ses règles". [...]

 

L'ombre du "Big Brother" olympique s'étend également sur la Toile, et jusqu'aux réseaux sociaux. C'est ainsi que les athlètes ne pourront "tweeter" ou communiquer sur Facebook qu'à la première personne, sous forme de journal, mais "sans tenir le rôle de journaliste". Cette interdiction est étendue également à tout le public lors de la cérémonie d'ouverture et des épreuves sportives.  [...]

 

L'Espagnol Juan Antonio Samaranch (1), tout-puissant seigneur des anneaux olympiques jusqu'en 2001, a fait basculer l'olympisme de l'amateurisme au professionnalisme. Le CIO est devenue une ONG de droit privé suisse, tentaculaire, qui règne sans partage sur les villes hôtes, et pour laquelle l'essentiel, c'est d'organiser... 

 

Article intégral 

 

Illustration : 1009968‑Sponsoring_jeux_Olympiques_19 

 

(1) Note du blog avec reprise d'un texte de Rue 89 : Juan Antonio Samaranch ne comptait pas que des amis. La preuve, quelques minutes après sa mort, mercredi, sa fiche Wikipédia s’enrichissait d’un « enfin mort le 21 avril 2010 », qui fut rapidement corrigé en gommant le « enfin » sacrilège.

 

L’hostilité vis-à-vis du « Marquis de Samaranch », titre qui lui fut octroyé par le roi Juan Carlos, est double : elle remonte à son passé de dignitaire du franquisme en Espagne, et à l’évolution qu’il a donnée au mouvement olympique en deux décennies de règne à la tête de son « gouvernement », le CIO.

Ce fils de riche entrepreneur appartint au mouvement des Phalanges, occupa plusieurs responsabilités sportives, notamment secrétaire d’Etat aux sports, et choisit de se placer sous la « protection » de l’amiral Carrero Blanco, proche collaborateur du Caudillo, qui finit assassiné dans un attentat fameux de l’ETA.

Samaranch (à droite) saluant le dictateur

 

Sous les « années Samaranch », les JO plus commerciaux

 

Mais selon une biographie critique de Samaranch (« Le Sport du pouvoir », par Jaume Boix et Arcadio Espada, éd. Romillat), Samaranch n’aurait jamais été un idéologue du franquisme, mais plutôt un carriériste teinté d’opportunisme... Il rendra néanmoins un bel hommage au Caudillo à sa mort : 

« L’exemple de Franco accompagnera toujours notre effort... »









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