Nucléaire. Incident au Tricastin en avril, info en juillet... A défaut d'éviter les fuites sur son site, Areva évite les fuites dans les médias !
Grand Sud. Incident de niveau 1 dans une usine de transformation d'uranium d'Areva au Tricastin (Midi Libre)
Une anomalie lors du transport d'un cylindre contenant de l'uranium
destiné à être enrichi a entraîné un incident de niveau 1 sur le site
nucléaire Areva du Tricastin dans la Drôme, sans conséquence sur le
personnel et l'environnement.
Anomalie dans le processus
Cette anomalie dans le processus de contrôle de la masse d'hexafluorure
d'uranium (une forme chimique de l'uranium destinée à l'usine
d'enrichissement du même site) a été détectée lors du transport entre
deux ateliers de la Comurhex (groupe Areva) en avril.
Après plusieurs échanges avec l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), il a
été décidé en juillet de classer cette anomalie au niveau 1 de
l'échelle internationale des événements nucléaires (INES), graduée de 0 à
7.
"Un écart concernant la masse d'hexafluorure d'uranium contenue dans un
cylindre n'a pas été détecté par les moyens de contrôle prévus à cet
effet", explique Areva dans un communiqué, précisant que la masse
réglementaire avait été dépassée.
L'opération de transport a dû être stoppée
Cet écart de masse, bien qu'inférieur à la limite autorisée par l'arrêté
préfectoral en vigueur sur le site, était supérieure à la règle interne
relative et l'opération de transport a dû être stoppée.
La Comurhex est l'un des six établissements, filiales d'Areva, installés
sur le site du Tricastin. Elle assure la conversion de l'uranium
naturel en composés chimiques. Ceux-ci sont destinés à être enrichis
pour devenir du combustible nucléaire exploité dans les centrales.
Pour rappel
Une victoire juridique sans précédent ! (Réseau Sortir du Nucléaire)
Vendredi 30 septembre 2011, la Cour d’appel de Nîmes a condamné AREVA-SOCATRI pour pollution des eaux.
Situé entre Valence et Avignon, le site nucléaire
du Tricastin regroupe à la fois des installations de traitement du
combustible et 4 réacteurs électronucléaires en fonction. La société
SOCATRI, localisée sur ce site, assure la maintenance et le
démantèlement de matériaux radioactifs, ainsi que le traitement des
effluents nucléaires et industriels des sociétés AREVA du Tricastin. Une
importante fuite radioactive avait été détectée, dans cette usine
SOCATRI, en juillet 2008.
Rappel des faits
Le 8 juillet 2008 au matin, les employés de l’usine SOCATRI se sont
aperçus qu’il existait une fuite au niveau du système de rétention de la
cuve. Une partie du liquide radioactif s’est répandu sur le sol et dans
le canal adjacent. Plus de 74 kg d’uranium ont ainsi été rejetés dans
les cours d’eau avoisinants. 30 m3 d’effluents chargés d’uranium ont
contaminé les eaux superficielles, privant la population d’eau potable,
et polluant des lieux de baignade fréquentés. Selon une évaluation
effectuée à l’époque par la CRIIRAD, la pollution correspondait à 27
fois la limite annuelle des rejets autorisés.
Procédure
Le Réseau “Sortir du nucléaire“, de même que de nombreuses
associations et citoyens, ont déposé plainte et se sont constitués
partie civile. Le 14 octobre 2010, le tribunal correctionnel de
Carpentras a condamné AREVA-SOCATRI pour retard de déclaration
d’incident mais l’a relaxée du délit de pollution des eaux. Cette
décision a donc été contestée en appel.
L’audience a eu lieu le 17 juin 2011, à la Cour d’appel de Nîmes.
Elle a permis, à nouveau, de mettre en lumière les graves négligences
qui sont à l’origine de l’accident de 2008. L’affaire a été mise en
délibéré et le verdict a finalement été rendu le 30 septembre 2011.
AREVA-SOCATRI a enfin été reconnue coupable du délit de pollution des
eaux, en plus de sa condamnation pour retard dans la déclaration
d’incident à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Elle est condamnée à
payer une somme d’un total de plus d’un demi-million d’euros : 300 000
euros d’amende et 230 000 euros de dommages et intérêts soit 160 000
euros à l’ensemble des associations et 70 000 euros aux particuliers. Un
communiqué concernant cette condamnation sera également diffusé dans
plusieurs journaux et notamment dans Le Monde.
Nous nous félicitons de ce verdict, et espérons que cette
décision ouvrira la voie vers la fin de l’impunité des pollutions
nucléaires.
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