Patron qui rit, chômeur qui pleure (par Pharmafox sur Agoravox)
[extrait]
Le démantèlement d’un géant
La nouvelle a suscité un tollé : Sanofi a annoncé un plan social en 
faveur de la suppression de 1000 à 2000 postes en France, alors que 4000
 ont déjà été supprimés depuis 2009. 8 Nos dirigeants politiques, Arnaud
 Montébourg en tête, sont scandalisés.
Et ces suppressions ne touchent pas n’importe quels postes : ce sont
 les chercheurs qu’ont met sur le carreau. Alors que Sanofi s’est déjà 
défaussée d’une partie de sa recherche sur les universités, par des 
partenariats public-privé, c’est une étape supplémentaire vers la 
transformation du groupe en simple grossiste.
Il faut reconnaître que la R&D de Sanofi ne s’est pas montré 
brillante. Le laboratoire ne s’est pas vraiment relevé de l’échec de 
l’Acomplia, et ne se maintient à flot que grâce à ses partenariats et 
ses acquisitions, en particulier celle de Genzyme… que d’aucuns 
considèrent comme surpayée. Il est vrai que Viehbacher avait crié sur 
tous les toits à combien se montait son trésor de guerre, ce qui a 
permis à Genzyme de faire monter les enchères…
Pour autant, l’échec de la recherche est-elle imputable aux 
chercheurs ? Non, définitivement non. Elle est imputable aux dirigeants,
 qui choisissent d’abandonner des programmes prometteurs au profit 
d’autres dont ils espèrent davantage. Elle est imputable aux dirigeants,
 qui, pour mieux satisfaire les actionnaires, préfèrent pousser jusqu’au
 bout un projet voué à l’échec, quitte à dépenser davantage en vain. 
S’il faut reprendre le cas de l’Acomplia, ce que n’avait pas su prévoir 
Gérard Le Fur, c’était les réticences des autorités vis-à-vis d’un 
médicament qui, de par sa nature, est addictif (il agit sur les 
récepteurs cannabinoïdes).
On peut également s’interroger sur la pertinence des coupes au 
couteau décidées par le comptable Viehbacher. Le cancer est le domaine 
où les espoirs d’avancée thérapeutique sont les plus prometteurs, celui 
où les perspectives économiques (puisque c’est tout ce que comprennent 
les actionnaires) sont les plus optimistes, tant parce que la population
 mondiale vieillit que parce qu’une avancée assurerait un leader-cheap 
(!) sur le marché. Et pourtant, Sanofi se retire du Cancéropôle de 
Toulouse.
Mais Viehbacher s’en moque. En pharma, un dirigeant renforce la 
R&D pour maximiser les résultats à long terme. Il renforce en 
revanche les équipes de vendeur pour maximiser les résultats à court 
terme et assurer sa place. Il faut croire qu’il se sent un peu mal à 
l’aise le bonhomme…
Pour conclure, je signalerai que le patron de Sanofi n’est pas le 
seul coupable à exprimer son soulagement à grands coups de licenciement.
 L’entreprise de son ancien patron, Actelion, vient d’annoncer la 
réduction de 5% son effectif total.
 D'autres infos, en particulier sur le passé scandaleux de Chris Viehbacher à la tête de GlaxoSmithKline, dans l'article intégral
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