Déclaration du Courant de la Gauche Révolutionnaire en Syrie : Le régime syrien et le début de la fin
(29 Juillet 2012)
(29 Juillet 2012)
Le régime syrien a commencé à sombrer
après dix-sept mois de lutte révolutionnaire continue et croissante des
masses populaires syriennes. L'un des signes les plus importants de
cette chute est le retrait quasi-total — exprimé en sentiments, paroles
et actes — de reconnaissance d’autorité par le peuple syrien à l'Etat en
place en tant que puissance au-dessus de tout le monde, reconnue par
toutes les catégories sociales et jouissant de leur loyauté.
L’efficacité de cette reconnaissance dans le cours normal des choses
dépasse largement l’efficience de tous les dispositifs de répression,
même si leur taille équivaut celle des forces de répression du régime
syrien avec l’énorme arsenal militaire qu’elles possèdent.
Le pouvoir dictatorial de la junte a
perdu cette reconnaissance et cette force et s’est transformé en un
contingent armé jusqu'aux dents refusant d’admettre qu'il a perdu de
façon irrévocable les positions essentielles de contrôle, qui continue à
nier le fait accompli, qui refuse de partir, s’obstine à rester et
tente de reprendre le contrôle de l'Etat et soumettre la société.
Les signes du début d'effondrement du
régime sont visibles à travers les luttes du peuple syrien révolté dans
toute la Syrie, ses succès et ses inventions des méthodes d’action. Ils
sont visibles également dans les initiatives généralisées et
diversifiées de milliers de groupes de jeunes et de personnes de tout
âge dans les agglomérations et les lieux de travail où personne n'est
plus surprise de voir des insurgés s'introduire presque quotidiennement
dans des édifices appartenant à des institutions où s’enchevêtrent les
pouvoirs de l'État et de la junte brutale, comme les postes de police,
les sections du parti Baas et des bâtiments gouvernementaux transformés
en centres d’organisation des sorties des odieux chabbiha. Il
n’est même plus étonnant que Damas se réveille sur les nouvelles d’un
attentat qui a coûté la vie aux personnalités les plus éminentes de la
cellule de gestion de crise et plongé les dirigeants de la dictature
dans le désarroi au vu de leurs signes de faiblesse dont les
déclarations héroïques et le négationnisme médiatique des journalistes
du pouvoir ne seront plus d'un grand secours.
L’élan révolutionnaire qui a touché ces
derniers jours les grandes villes de Damas et d'Alep et leurs
périphéries révèle une infime portion de l'énergie révolutionnaire des
masses populaires syriennes. Et les actions liées à la confrontation
révolutionnaire dans la banlieue de Damas et leur propagation dans
toutes les directions apparaissent comme des prémices à la prise
d'assaut du palais présidentiel, sur le Mont Kassioun, en passant par
tous les grands édifices des sections des forces de sécurité, qui ont
tué, arrêté et maltraité des milliers d’innocents de notre peuple.
Les masses populaires syriennes
avancent sur le chemin de révolution tout en ayant plein de conviction
et de confiance en leurs propres capacités et énergies, indifférentes au
vacarme des conférences et des congressistes, ne prêtant aucune
attention aux conflits des agendas régionaux et internationaux et ne
perdant pas leur temps à compter sur la position internationale, ni à la
mendier bien que la situation sociale ait atteint un niveau de
détérioration alarmant du fait des assassinats et de la terreur
pratiqués par le régime et nécessite des aides humanitaires en termes de
soins médicaux, médicaments, abris et nourriture, et qu’une telle
assistance soit du devoir de la communauté internationale dont les
efforts sont toujours scandaleux à cet égard.
En l’absence d’aides humanitaires
supposées provenir de l’étranger, les masses populaires syriennes s’en
substituent en hissant le seuil de solidarité et d’entraide sociale
entre eux dans une dernière concrétisation de l'un des plus importants
slogans de la révolution « Un Un Un, il n’y a qu’Un peuple syrien ! »
tout en restant vigilantes et attentives sur les périls potentiels
existants dont elles ont surmonté les plus grands avec succès, nous
entendons par là le danger d’une guerre confessionnelle vers laquelle le
régime a poussé, tandis que les ingrédients pour la rallumer sont
toujours présents et qu’on retrouve des formules pour la même recette
dans le discours de Hassan Nasrallah ainsi que dans la plupart des
réactions à ce discours venues de parties engagées dans la révolution
prédisposées aux dérapages confessionnels.
Probablement parmi les problèmes les
plus épineux en ce moment précis est le danger de provoquer un conflit
kurde-arabe au sein du peuple syrien. Cela porterait atteinte à l'unité
de la lutte contre la tyrannie et pour la démocratie et la justice
sociale. Une unité qui s’est renforcée à travers les luttes héroïques
pour les mêmes objectifs et valeurs sociales tout au long des derniers
dix-sept mois, une unité nationale combative qui risque de déraper vers
des conflits communautaires à cause du chauvinisme, ce qui porterait un
coup douloureux à la majestueuse révolution syrienne et qui ne
conduirait qu’à l’effritement et à un conflit tourmentant tout le peuple
syrien avec ses kurdes, arabes et autres groupes confessionnels et
ethniques.
En revanche, vu les révélations
révolutionnaires de la lutte du peuple syrien, nous parions sur la
possibilité de barrer la route devant cette éventualité encore à l’état
embryonnaire. Et effectivement plusieurs forces importantes ont pris
l’initiative de faire face à de telles éventualités et insisté sur
l'unité de la lutte du peuple syrien. Nous appelons les forces du peuple
syrien et ses expressions civiles et politiques à des dialogues sérieux
et sereins pour jeter les bases de solutions fondées sur la
reconnaissance du droit à l'autodétermination en tenant compte des
principes fondamentaux de la démocratie et des exigences de la situation
politique immédiate de la révolution syrienne et de ses impératifs afin
d’anéantir la dictature au pouvoir.
Dans cette perspective, nous mettons
l’accent sur la nécessité de former des conseils locaux élus
démocratiquement représentatifs de tous les habitants des zones libérées
du joug du système.
Vive la lutte du peuple syrien !
22 juillet 2012
Courant de la Gauche Révolutionnaire en Syrie
Traduction de l’arabe : Rafik Khalfaoui
Déclaration du Courant de la Gauche Révolutionnaire en Syrie : Le régime syrien et le début de la fin
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Robert Fisk dénonce «la guerre des mensonges» en Syrie (Le Temps)
Le grand reporter et éditorialiste britannique basé à Beyrouth est indigné par l’hypocrisie des dirigeants occidentaux et de l’opinion publique à l’égard du conflit syrien. Il ne se prive pas d’énoncer quelques vérités qui font mal. Morceaux choisis
Journaliste britannique basé au Proche-Orient depuis plus de trente
ans, Robert Fisk est entré au panthéon des grands reporters de notre
époque. Pour le compte du quotidien The Independent, il a couvert
la guerre du Liban, la Révolution iranienne de 1979, la guerre
Iran-Irak et toutes les convulsions qui secouent le Proche et
Moyen-Orient. Dans les années 90, il a notamment réalisé plusieurs
interviews de Ben Laden.
Figure autant respectée que contestée pour ses points de vue sans concession, il dénonce, dans une chronique parue ce dimanche dans The Independent
, «la plus lâche et imorale des guerres du Moyen-Orient» qu’il ait jamais vue: le conflit syrien. Et il ne mâche pas ses mots.
«Je ne parle pas des victimes bien réelles de la tragédie syrienne.
Je veux parler des mensonges absolus et de la fausseté de nos dirigeants
et de notre propre opinion publique [...] face au massacre. Une
affreuse mascarade plus digne de la satire swiftienne que des drames de
Tolstoï ou de Shakespeare», tonne l’éditorialiste.
Le Britannique
en veut tout particulièrement à la Maison Blanche, coupable selon lui
d’aveuglement naïf face aux soutien massif qu’apportent aux rebelles
anti-Assad les régimes saoudiens et qatariotes. «Washington n’émet pas
la moindre critique contre eux. Le président Obama et sa secrétaire
d’Etat, Hillary Clinton, disent qu’ils veulent la démocratie en Syrie.
Mais le Qatar est une autocratie et l’Arabie saoudite est l’une des
pires dictatures couronnées du monde arabe. Dans ces deux pays, le
pouvoir est héréditaire, exactement comme chez Bachar. Et l’Arabie
saoudite est l’alliée des rebelles salafistes-wahhabites en Syrie, comme
elle fut autrefois l’alliée des talibans obscurantistes pendant l’âge
sombre de l’Afghanistan.»
Que dire du Hezbollah, «qui s’est
présenté pendant trente ans comme le défenseur des Chiites au sud-Liban,
[...] et comme le soutien des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza»?
Alors que leur allié Bachar et ses soldats«tuent et violent en masse»,
le Hezbollah et leur «princier Sayed Hassan Nasrallah ont perdu leur
langue».
Dans le violent réquisitoire de Robert Fisk, les Occidentaux n’en
sont pas quittes.Revenant à la charge, le journaliste ridiculise les
faibles mises en garde de la superpuissance militaire mondiale. «Bachar
doit trembler dans ses bottes», ironise-t-il, en ajoutant quel’Amérique
n’est pas pressée de voir surgir les archives de la torture à Damas qui
mettront en lumière la collaboration du régime avec l’administration
Bush et d’autres pays occidentaux. «Vous voyez, Bachar, c’était notre
bébé.»
Le reporter décoche encore quelques flèches, aux médias, à
l’opinion publique occidentale, puis conclut sur «la grande vérité
oubliée»: «ce n’est pas par amour pour les Syriens, ou par haine contre
notre ancien ami Bashar al-Assad que nous essayons de briser le régime
syrien, ou encore pour essuyer l’affront des Russes, qui figurent au
panthéon des hypocrites [...]. Non, tout cela a à voir avec l’Iran et
notre volonté de détruire la République islamique et ses plans
nucléaires infernaux – pour autant qu’ils existent. Cela n’a rien à voir
avoir les droits de l’homme ou le droit à la vie ou la mort des enfants
syriens. Quelle horreur!»
Tiré de Robert Fisk dénonce «la guerre des mensonges» en Syrie - Le Temps (réservé aux abonnés)
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La position du NPA (extrait du communiqué du 3 juillet)
L’avenir de la Syrie est avant tout entre les mains de son peuple, qui crée chaque jour ses organes de contre-pouvoir. Le processus révolutionnaire pour la liberté, la dignité et la justice sociale gagne sans cesse du terrain au prix d’énormes sacrifices. Plus que jamais il a besoin, non d’une « Communauté Internationale » mythique qui rend les peuples dépendants des manœuvres secrètes et aux aventures militaires de leurs gouvernements, mais du soutien humanitaire et dans la rue du mouvement ouvrier et démocratique international. C’est sur ces bases que le NPA s’associe à la manifestation de solidarité avec le peuple syrien, le dimanche 7 juillet à 14h, place du Panthéon à Paris.
Communiqué du NPA. Plus que jamais, c’est aux forces populaires et démocratiques d’assurer la solidarité avec le peuple syrien!
Illustration : bain‑de‑sang‑carlos‑lattuf.jpg
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