À la Une...

Gard. La gratuité des courgettes pour sortir de l'échange marchand !

Gard. Potagers dans la rue : "Servez-vous en légumes, c’est gratuit !"
(JULIETTE CHAPALAIN, Midi Libre, 8 août 2012)
Dans le Gard, les légumes sont gratuits ! "Mais faut pas que ce soient les fainéants qui viennent les manger !" s’exclame Stéphane, lors de la réunion sur les Incroyables Comestibles.

Cette révolution “peas and love” (“petits pois et amour”, en anglais) importée d’Angleterre consiste à mettre des bacs en bois dans les espaces publics afin que les citoyens puissent choyer un potager sans nécessairement récolter les fruits de leur labeur.

Des légumes pour tout le monde

Eric, ancien enseignant et initiateur du projet dans la région, tente d’expliquer à Stéphane : "Ce n’est pas du vol puisqu’ils appartiennent à tout le monde !" Avec Inka et Raphaël, il a installé quatre bacs à Saint-Jean-de-Valériscle en mai, plaçant leur village cévenol sous le feu des projecteurs médiatiques.

"J’aime que cela n’appartienne à personne" Nadine, habitante de la commune

Les trois optimistes à la main verte tentent aujourd’hui de faire participer leurs concitoyens au mouvement, car si l’initiative commence à fructifier à Rousson et Saint-Hippolyte-du-Fort, elle n’est pas encore pleinement digérée par les habitants.

Basés sur le don et l’abandon de la compétition, aux antipodes du système capitaliste actuel, les Incroyables Comestibles attaquent la “morosité ambiante” à coups de courgettes. François Rouillay, qui a introduit le mouvement en France, espère "l’émergence d’une nouvelle gouvernance planétaire" grâce à la "générosité de la terre nourricière". Et il ne compte déjà plus le nombre de participants.

 L'article intégral

Illustration : gratuit.png

A lire aussi
  
Une nouvelle économie vertueuse

 Le processus des incroyables comestibles est un catalyseur. Il permet d’aider à opérer un changement de regard qui conduit à créer une autre façon de vivre harmonieuse, féconde et bienveillante. Les habitants quittent la croyance erronée que tout est séparé, divisé, et conflictuel pour survivre, et prennent conscience qu’en réalité, tout est relié et interagit. Par conséquent, du point de vue collectif, si vous agissez avec des intentions de dialogue, de respect de l’autre, sans jugement, en acceptant les différences de chacun, dans le partage et les coopérations à tous les niveaux, vous créez une nouvelle dynamique vertueuse, et donc, au bout du compte, une nouvelle économie vertueuse. Il y a une co-responsabilité de chaque co-créateur dans ce nouveau type d’échange. [...]

Grâce à l’action des bacs de partage, le catalyseur, les gens ont changé de regard, et de fil en aiguille, d’attitude et de comportement. Alors, chacun agit différemment dans son quotidien par la conscience qu’on est co-responsable et donc co-créateur du tout, c’est à dire de l’ensemble du système, de l’ensemble de la communauté locale. Il y a par conséquent un désir de plus en plus fort d’aider l’autre, car en aidant l’autre, on renforce toute la communauté, et donc soi-même. [...]

Dans le cas de la ville de Todmorden, ou de toutes les autres qui ont fait le choix de changer de pratique par ce changement de regard, on recherche tout ce qu’il est possible d’imaginer pour arriver à l’autonomie alimentaire locale. Et fin 2011, les habitants de Todmorden étaient délà à 83 % de cet objectif, après trois années d’expérimentation du processus. Imaginez le gain pour chaque producteur local, comme notre apiculteur, lorsque tout, ou presque tout, est produit et consommé localement.

La révolution « peas & love » ou les « Incroyables comestibles » (Rue 89 11 mai 2012)


C’est d’une petite ville grise du nord de l’Angleterre qu’est parti le mouvement des « Incredible Edible », les « incroyables comestibles » dans sa traduction française. En 2008, dans la ville de Todmorden ravagée par la crise des subprimes, une poignée d’activistes ont envahi le bitume de bacs de plantation : sur les trottoirs, dans la cour du collège, sur le parterre de l’hôpital... Todmorden est devenu un potager géant, et gratuit.
Chaque citoyen cultive un carré de terre et quand sa récolte est mûre, il laisse les passants se servir librement. Une « peas & love revolution », qui peut avoir des conséquences gigantesques : « les gens se réapproporient la nourriture, puis les magasins, puis l’énergie... » remarque Mike Perry de la Plunkett Foundation, dans le Guardian de Londres.

« L’autosuffisance alimentaire des territoires, ça marche », en conclut François Rouillay, un Alsacien qui cherche à implanter ce mouvement en France, et a mis au point un guide pratique. Pour l’instant, deux initiatives françaises sont recensées sur la google map mondiale des Incredible Edible. François, conseiller en développement territorial, estime que c’est la réponse à toutes les questions qu’il se pose depuis vingt ans : « comment se libérer d’une économie basée sur la compétition, faire bouger la notion de propriété sur la base d’un élan du coeur ». « Un changement de paradigme », selon lui, qui rappelle la pensée de Pierre Rabhi et du mouvement des Colibris.
François Rouillay dit recevoir « trois appels par jour » pour relayer ce mouvement « naissant mais exponentiel ».
  

A lire aussi

Sujet connexe 1 : le don


Un des essais de référence des partisans de la politique du don : « Essai sur le don.Forme et raison de l’échange dans les sociétés primitives » par Marcel Mauss

Sujet connexe 2 : les biens communs
  

Extrait : En mettant les biens communs au coeur des projets politiques de «transition», du local au global, on affirme la primauté d’une économie de montée en qualités collectives sur une économie de croissance des quantités ou du pouvoir d’achat, une primauté de la coopération sur la concurrence, et de la démocratie sur l’autocratie dans ses diverses variantes.

................................

La position du NPA sur la sortie des circuits marchands, la gratuité et les "biens communs" (Nos réponses à la crise, texte voté au premier congrès, 2011). Nous mettons en gras ce qui se rapporte directement au sujet de cette page.

Défendre des conditions de vie décentes pour la population passe par des services 100 % publics et une extension de la gratuité : santé, transports collectifs de proximité, télécommunications... Il s'agit de constituer de nouveaux «communs» en donnant accès à des biens et services hors des circuits marchands échappant à la domination qu'exerce le capital sur la consommation via la maîtrise de la production et le marketing. La mise en place de ces services publics implique une socialisation de leur gestion et de leur financement qui associe les consommateurs, les salariés et les représentations des collectives publiques pertinentes. S’agissant de certains biens communs tels que l’eau ou l’énergie, la garantie du droit d’accès pour tous et toutes doit s’accompagner d’une maîtrise de leur utilisation pour des raisons écologiques. La gratuité de la consommation de base pour tous les citoyens – fixée au niveau de la consommation moyenne d’un salarié – doit donc être complétée par une taxation fortement progressive de la consommation excédentaire qui pénalise le gaspillage et les usages de luxe. [...]

Développer l’auto-organisation et les expériences d’autogestion

Dans tous les domaines, sur tous les terrains, la transformation sociale repose sur l’auto-activité des travailleurs et de la population. Nous encourageons en particulier toutes les formes d’auto-organisation ouvrière, de l’assemblée générale souveraine au comité de grève et aidons à développer chaque fois que les conditions sont réunies, toutes les expériences basées sur l’auto-activité des collectifs de salariéEs, de producteurs ou de citoyens dans tous les domaines de la production matérielle ou intellectuelle. L'ensemble des expériences socio-économiques autogérées et décentralisées doit ainsi être soutenu et renforcé: prise de contrôle d’entreprises en faillite par les salariés, mais aussi création de coopératives de production ou de services, de structures rapprochant producteurs et consommateurs, ou encore création de nouveaux biens communs sociaux comme les logiciels libres.

Dans le cadre du capitalisme, ces initiatives sont menacées en permanence d’être récupérées et normalisées. Leur développement n’en constitue pas moins un enjeu important qui doit être pensé non comme une alternative au mouvement ouvrier et citoyen mais comme une partie de celui-ci: il s'agit en effet de cadres qui échappent – au moins partiellement – aux logiques capitaliste, productiviste et à la verticalité du pouvoir étatique. De même, nous tentons de susciter et soutenons les processus d’autogestion ouvrière que les vagues de licenciements et de fermetures d’entreprises remettent à l’ordre du jour. La question de la récupération d’entreprises par leurs travailleurs eux-mêmes, de la poursuite ou reprise de la production en autogestion, pourra être de plus en plus fréquemment posée – comme cela avait été le cas dans l’Argentine post-2001.

Ces expériences sont doublement importantes. D'abord, parce qu'elles constituent des démonstrations certes limitées, mais concrètes, que des relations économiques efficaces peuvent se lier entre les êtres humains qui ne soient ni celle de la redistribution bureaucratique et ni celle de la concurrence capitaliste. Ensuite, parce qu'il s'agit d'une formidable source de créativité et d'invention sociale, permettant de tester et d'inventer des procédures de coopération, d'en mettre en évidence les limites et les forces.

Nous devons entretenir des relations avec ces secteurs qui remettent en cause la logique marchande, afin d’en nourrir notre projet d’une société basée sur d’autres rapports sociaux et écologiques de production mais aussi afin d’amener la contestation politique du capitalisme et la nécessité d’une véritable démocratie des producteurs-citoyens au cœur de ces démarches d’autogestion.

Nous avançons les revendications de maîtrise collective de l’organisation du travail, la contestation du pouvoir du patronat sur la production, la réquisition et la prise de contrôle des outils de productions et des profits.

Dès à présent, des mesures de soutien conditionnel – sur la base de critères sociaux et écologiques – à ces secteurs non soumis à la logique du profit doivent être envisagées, notamment en termes de fiscalité, de soutien logistique, d'accès aux infrastructures et de commandes publiques. Dans le cadre de la transition, il faudrait favoriser leur montée en puissance et organiser leur articulation aux activités planifiées.

[...] La production et la consommation doivent être organisées rationnellement non seulement par les «producteurs» mais aussi par les usagers-citoyens et, de fait, par l’ensemble de la société, soit la population productive ou «non productive» : étudiants, jeunesse, retraités, etc. Les prix des biens eux-mêmes ne répondraient plus aux lois de l’offre et de la demande, mais seraient déterminés autant que possible selon des critères sociaux, politiques et écologiques; de plus en plus de produits et de services seraient distribués gratuitement. L’évitement du gaspillage et les contraintes écologiques conduisent cependant dans une série de cas à combiner la gratuité d’une quantité de base, garantissant à chacun un doit effectif au bien suffisant, et la taxation de la consommation du surplus.

[...] L’émancipation que nous visons est indissociablement collective et individuelle. Comme Marx et Engels dans «le manifeste communiste», nous souhaitons bâtir une «association où le libre épanouissement de chacun est la condition du libre épanouissement de tous». Le socialisme du XXI siècle verra se développer l’autonomie individuelle dans le cadre de rapports de solidarité.

Sortir de la crise, c’est aller vers le socialisme du XXIe siècle

Tout le monde sent bien l’urgence de la situation. Le basculement historique que représente la crise globale du capitalisme exige des réponses radicales pour beaucoup inédites.
La rupture avec l’économie de marché, avec la concurrence et le productivisme capitaliste, le développement d’une planification démocratique permettant aux hommes et femmes de prendre leur destin en main ne se fera pas d’un seul coup. Une phase de transition où l’avenir le disputera au passé, est inévitable. Il n’y a pas de sortie possible de la crise sans une lutte radicale pour le pouvoir démocratique de celles et ceux qui produisent les richesses tant matérielles que culturelles, sans une lutte pour un autre monde, celui du partage et de la communauté des biens, de la coopération des peuples, de la liberté et de l’émancipation humaine, la lutte pour un monde socialiste. Cette perspective suppose de concilier le développement humain avec l’impératif écologique.









Consultez les articles par rubrique


CORONAVIRUS

LUTTES SOCIALES
FÉMINISME
ANTIRACISME ANTIFASCISME
>


SOLIDARITÉ MIGRANTS
ÉCOLOGIE
JEUNESSE ENSEIGNEMENT


POLITIQUE LOCALE
DÉBATS
POLITIQUE NATIONALE


INTERNATIONAL
RÉPRESSION
NPA