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A Poitiers aussi les CIF luttent pour leurs emplois...

  
[à lire aussi, à la suite de cet article, Crédit immobilier de France : nationaliser pour sauver les emplois]

Sauvons les salariés du Crédit Immobilier de France

Information, Lutte et Convergence
par Alexandre Raguet (28 septembre 2012) 

Depuis maintenant près de trois semaines, les salariés du Crédit Immobilier de France (CIF) tentent de s’organiser et de lutter [voir sur Montpellier, Perpignan ou Marseille les liens ci-dessous] contre l’arrêt pur et simple de cette institution. Les conséquences de ce choix, éminemment politique, sont désastreuses : 2500 emplois directs seront supprimés, le travail autour du logement social et les crédits « sociaux » ne seront plus assurés.

Pourquoi faut-il sauver le CIF et ses salariés ?

Le CIF depuis plus de 100 ans fait un travail autour de la question des logements sociaux, notamment en collaboration avec les organismes HLM. Supprimer le CIF serait donc une attaque directe sur les plus pauvres d’entre nous, car, même s’il y a des critiques à apporter à cette institution, elle permet l’accès au logement à un certain nombre d’entre eux. Nous connaissons tous la situation du logement en France, entre les mal-logés et les non logés… il y a encore fort à faire pour combler un de ces besoins vitaux qu’est le droit au logement. La loi de réquisition des logements vides n’est pas appliquée, et des entreprises ou des grandes fortunes préfèrent laisser dépérir des logements vides que de les louer à bas coût aux plus démunis. Ceci n’est pas directement lié au CIF, mais autant rappeler cette injustice sociale aussi. D’un point de vue purement économique le CIF n’est pourtant pas un poids pour l’Etat français, il s’agit d’une institution bénéficiaire (47 millions d’€ l’année dernière et les bénéfices servent surtout à la construction de logements HLM), ses fonds propres représentent 2,5 milliards d’euros et… cet argent tombera directement dans les poches de l’Etat en cas de fermeture du CIF (intéressant en temps de crise et de déficit pour le gouvernement socialiste, non ?). Le CIF est la dernière institution financière qui n’est pas une banque à proprement parler. Ici, pas de spéculation, un but non lucratif, une politique de solidarité. Qui peut croire que la Banque Postale, comme le dit Cécile Duflot, reprendra cette activité de manière non lucrative, sans spéculation et dans un but de solidarité, surtout depuis la privatisation de la Poste ? Personne, même pas les capitalistes, et certainement pas nous. L’une des raisons de cette attaque antisociale est de détruire toutes les possibilités pour les travailleurs, les jeunes et les salariés en général de sortir la tête de l’eau alors que la crise s’abat toujours et de plus en plus fortement. Nous sommes en pleine guerre de classes, et dans ce cas précis, on se rend compte que même l’Etat, et pas que les patrons, s’en prend aux salariés, démontrant par la même occasion, dans quel camp social il se situe : ce n’est certainement pas celui des travailleurs.

Un Etat « socialiste » qui licencie

Après que sa note ait été dégradée, le CIF a été dans l’obligation de demander des garanties de l’Etat pour pouvoir continuer à exister. Le problème, c’est que lorsqu’un Etat donne ses « garanties », l’Union Européenne impose certaines règles, ici, c’est l’arrêt de la production. Sauf que, ce n’est pas directement l’UE qui arrête la production et qui donc licencie, mais bien l’Etat. La question que l’on pose alors est la suivante : pourquoi ne pas avoir arrêté la production de Dexia ? Des banques espagnoles ? Nous nous retrouvons donc bel et bien en face d’un choix politique, celui de toujours privilégier les plus forts, les plus fortunés, ceux qui mettent les autres sur la paille qui puis est. L’Etat est donc le responsable de 2500 licenciements directs, (dont environ 60 à Poitiers). Le gouvernement du changement ne fait ici que reproduire la politique de la droite, tout juste en s’excusant avant de frapper. Il est important de populariser ce qui se passe ici parce que cela montre à quel point le gouvernement socialiste est à la botte du néo-libéralisme.

Une seule solution : le rapport de force

Les salariés sont mobilisés mais surtout désemparés. Les syndicats ne sont pas trop à la hauteur. Malgré tout, il y a une volonté de populariser la cause au niveau national. C’est vrai que pour le moment tout le monde des médias les ignore dans la capitale. La création d’un collectif de salariés est en train de voir le jour. Même s’il y a de la démoralisation dans leurs rangs, parce que les salariés n’arrivent pas à se faire entendre, il n’y a pas de fatalité et l’on sent une volonté de ne pas baisser les bras. Le message que doivent adresser tous ceux qui croient en l’émergence d’une société meilleure basée sur la justice sociale, doit être celui-là : ne lâchez rien, organisez-vous et ne faites pas de cadeau puisque l’on ne vous en fait pas en face. Les autres luttes (PSA, Arcelor, Ford…) ne sont pas des obstacles à votre audience mais au contraire, elles sont la solution. L’issue, c’est la convergence de toutes ces luttes, c’est l’entraide et c’est l’idée d’une sortie de crise de toutes et tous par en haut ; l’isolement est une impasse. Localement, le NPA86, et j’espère d’autres bientôt, sont évidemment du côté des salariés du CIF. Notre élue Maryse Desbourdes, avec qui je suis allé rencontrer Céline Robin (salariée engagée dans la lutte contre la suppression des emplois) interviendra à Grand Poitiers pour apporter notre soutien aux salariés et pour démontrer la supercherie que semblent, une fois de plus, vouloir nous faire avaler les socialistes. Olivier Besancenot, et Léo Ferré avant lui nous questionnent : On a voté et puis après ? J’apporte ma réponse : maintenant on se lève et on refuse de payer pour des choses dont nous ne sommes pas responsables. La crise c’est eux, la solution c’est nous tous. Retrouvez les salariés en lutte ici :

http://www.cifaction.com/index.php/fr/

Alexandre Raguet

L'article sur le site de Rezocitoyen

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Crédit immobilier de France : nationaliser pour sauver les emplois 

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Le 28 août, Moody’s dégrade de trois crans la note du Crédit immobilier de France (CIF) ; trois jours plus tard, l’État accorde une garantie de 20 milliards d’euros au CIF. Concrètement, cela signifie que l’État remboursera les créanciers du CIF au cas où le CIF ne serait plus en capacité de le faire. On comprend la volonté de discrétion du gouvernement : pendant sa campagne, Hollande avait juré que plus jamais on ne renflouerait les banques avec l’argent du contribuable ! On n’en est pas encore là, mais avec cette garantie, l’État adresse un message limpide : les capitalistes ne perdront rien, et ce sont les impôts payés par les contribuables qui constitueront, « au cas où », la variable d’ajustement. Comment en est-on arrivé là ?

Créé en 1908, regroupant 300 agences et 2 500 salariés, le CIF finance des crédits immobiliers aux particuliers en empruntant à court terme sur le marché interbancaire (auprès des autres banques). Le CIF ne collecte pas de dépôts : ses ressources dépendent donc uniquement de la confiance des marchés. Or, avec la crise, les banques hésitent de plus en plus à se prêter mutuellement. En outre, les sombres perspectives du marché immobilier ont précipité la crise de liquidité : trouvant de plus en plus difficilement des créanciers pour faire face à ses échéances de remboursement, la dégradation de Moody’s a signé le coup de grâce : sans la garantie de l’État, le CIF serait en faillite.

Que va-t-il se passer maintenant ? Faute de repreneur (la Banque postale a décliné...), l’État programme la mort lente du CIF, en stoppant l’octroi de nouveaux crédits et en ordonnant la gestion des affaires courantes en attendant que l’ensemble des crédits (424 000) arrivent à échéance. Ainsi, ce sont les ménages modestes, qui profitaient de conditions intéressantes de crédit, qui sont immédiatement pénalisés et qui ne peuvent plus accéder à la propriété de leur logement. Ceci au moment où les crédits immobiliers accordés par les banques ont reculé de 31, 4 % sur les huit premiers mois de l’année 2012. Alors que les mises en chantier reculent, la disparition du CIF pourrait accélérer cette tendance et aiguiser les problèmes de logement de nombreux travailleurs, malgré un début de baisse des prix immobiliers qui pourrait s’amplifier dans les mois qui viennent.

Les salariés du CIF sont mobilisés contre la fin programmée de leur banque : jeudi 13 septembre, 1 700 (selon la police) à 2 000 (selon les syndicats) sont venus de toute la France manifester à Paris, pour défendre leur emploi et l’accession à la propriété pour les foyers modestes. Une banderole « le marché sauvé, le personnel sacrifié » synthétisait parfaitement les objectifs du « sauvetage » du CIF.

Il existe pourtant une autre issue, que le gouvernement ne veut évidemment pas envisager : la nationalisation, par l’expropriation des gros actionnaires et l’indemnisation des petits, et sous le contrôle des travailleurs, afin de pérenniser l’activité et la soustraire à la pression des marchés financiers. Plus globalement, c’est l’expropriation du secteur bancaire privé et la constitution d’un monopole public bancaire entre les mains des travailleurs et de leurs représentants qui peut nous sortir de la crise. Exproprier les parasites et prendre collectivement le contrôle de la monnaie, du crédit, et des grands moyens de production : voilà les grands axes d’une alternative socialiste à la crise du capitalisme.

Gaston Lefranc
  
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MARSEILLE / LES SALARIES DU CRÉDIT IMMOBILIER DE FRANCE Méditerranée (régions Paca et LR) poursuivent la lutte à Marseille (18 septembre 2012)

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