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Comment ça? Seulement 34% des ouvriers font confiance à Hollande...?

 "Les milieux populaires n'ont pas vraiment gagné au changement de majorité [Olivier Duhamel]" (le point de vue d'un militant NPA de l'Hérault)

C'est par ces termes rugueux qu'Olivier Duhamel exprime, dans le texte de presse ci-dessous, le constat d'une présidence socialiste embarquée d'emblée dans une cassure avec ce qui historiquement faisait l'ossature, ou du moins était une pièce maîtresse, de son électorat et même de  sa base sociale. 

Ce diagnostic est d'autant plus intéressant qu'il émane de quelqu'un qui s'auto-intitule "libéral de gauche" et qui a été membre et élu, pendant un certain temps, du PS. Il y a en fait un paradoxe à le voir repérer (pas critiquer, retenons la nuance) les limites d'une orientation de gouvernement (le libéralisme économique) que, conformément à son idéologie, il devrait partager. C'est, peut-on penser, le signe de l'impasse qui travaille de nombreuses personnes de gauche qui, en refusant de s'émanciper totalement du Parti Socialiste, en viennent à devoir assumer ce qui est, au sens le plus fort du terme, une contradiction politique, celle qui affecte la cohérence du positionnement défendu. 

En effet, Olivier Duhamel nous livre ici, à partir de sondages, certes non fiables en principe mais dont personne, dans ce cas-ci, ne doute qu'il approche la réalité du moment, tout ce qui constitue l'actuelle fracture politique recouvrant une fracture sociologique : le président, le gouvernement et le Parti Socialiste, ce tout organisant ce qu'au NPA nous appelons la réponse social-libérale à la crise capitaliste, ne répondent, cinq mois à peine après l'élection, à aucune des attentes ouvrières ou populaires, en particulier sur la question cruciale de l'accumulation de licenciements ! Or, décrivant ce qui est un défi aigu à tout pouvoir démocratique, sa perte de crédibilité auprès de la population, notre auteur n'a d'autre réponse politique à proposer que d'invoquer, plus ou moins implicitement, la nécessité d'une "grande réforme populaire". Laquelle ? Mystère ! Et l'autre invocation, celle de la "responsabilité première du président de la République" n'est qu'un dérisoire coup d'épée dans l'eau du problème recensé.

Olivier Duhamel, par cette combinaison d'une pertinence dans le diagnostic et d'une impuissance à dessiner une sortie de l'impasse politique, est symptomatique, à son tour (posons notre diagnostic), de l'incapacité d'une certaine gauche intellectuelle et sociologique à tirer la conclusion qui s'impose : le social-libéralisme, porteur qu'il est d'une longue histoire (depuis 1981) de renoncements politiques au contact du pouvoir, essentiellement le pouvoir de construire une Europe qui se vérifie aujourd'hui dans sa nudité capitaliste la plus crue, ce social-libéralisme n'a définitivement plus le souffle "social", pourtant de plus en plus résiduel, d'un Mitterrand ou même d'un Jospin.

Hollande, Ayrault, Fabius, Aubry, Royal, etc. ne sont plus que de plats et gris gestionnaires des logiques du capital, dont la principale distinction avec la droite est la crainte que le rapport désormais fantasmé au salariat et aux pauvres s'écroule définitivement. Ce que des Kouchner ou Fadela Amara, mais aussi un Jouyet recyclé dans l'actuel gouvernement, ont laissé transparaître dans leur acceptation de "l'ouverture" sarkozyenne, c'est la vérité de fond du Parti Socialiste tel qu'il est, tel qu'il va : il est une gauche de droite qui, comme hier Kouchner avec Sarkozy, montre Hollande travailler, quoique essaient de brouiller certains mirages (le pari sur "la croissance" !), avec Merkel et Barroso contre les peuples grecs et espagnols ! 
Hollande, avec les spécificités de la société française, c'est du Zapatero et du Papandréou en acte, des politiciens définitivement programmés par l'histoire de leurs partis respectifs mais alimentés à la même matrice droitière, à apporter des réponses capitalistes à la crise du capitalisme et sachant que, tôt ou tard, ils devront laisser le pouvoir dans le discrédit le plus total. Jospin en 2002 est l'emblème de cette faillite annoncée et ...assumée. Car le fin mot de l'histoire est que Hollande et son équipe ne se font guère d'illusion sur la possibilité de se maintenir longtemps au pouvoir en imposant l'austérité que le capital exige à leur peuple. Mais dans leur logique de professionnels de gauche de la politique inscrits jusqu'à la moëlle dans les jeux institutionnels, un échec n'est rien si le retour, lui-même programmé pour la droite, l'est aussi, dans la phase suivante, pour eux. 

Merveilleux secret de l'alternance comme antidote à l'alternative au capital : droite et gauche ont intégré que l'échec du gouvernant du moment est la réussite (provisoire mais appelée à revenir) de l'opposition de l'instant et le succès de toujours du capital ! Voilà où se niche le consensus de fond entre la droite de droite de plus en plus "extrêmisée" et la gauche de droite, dont le centre de gravité politique est le deuxième terme. C'est précisément cela que pressentent Olivier Duhamel et de nombreuses personnes de gauche sans vouloir ou pouvoir aller jusqu'au bout du renversement politique, quasiment mental, qu'implique de mesurer ce que porte d'incroyablement négateur des intérêts populaires l'autre renversement opéré par le Parti Socialiste : son basculement total du côté du capitalisme. 

Reconnaissons aussi que l'incapacité de la gauche à la gauche du PS à poser les jalons de la nécessaire alternative de gauche à ces cycles de l'alternance capitaliste est en elle-même un frein à la rupture politique à opérer avec le Parti Socialiste. Par son double jeu de dénonciation de l'austérité gouvernementale et son soutien plus ou moins masqué (l'abstention sur la confiance ou le volet recettes du budget à l'Assemblée nationale agrémenté de votes pour comme sur les contrats d'avenir ou le collectif budgétaire sans parler des cogestions locales avec le PS) au gouvernement d'Ayrault, le Front de gauche porte une lourde responsabilité dans le brouillage politique organisé par le pouvoir. Le NPA, quant à lui, doit travailler à trouver, dans l'incontournable contribution au développement des luttes, les réponses politiques qui lui ont fait défaut suite à l'échec du grand mouvement des retraites. Mais dans l'humilité du constat que c'est le mouvement social qui, seul, pourra créer la situation permettant de déjouer les blocages, y compris politiques, qui l'ont paralysé sur les retraites : que mille Sanofi, que mille PSA, que mille Ford éclosent et l'on verra bien qui à gauche ou même à la gauche de la gauche pourra impunément offrir ses stratagèmes biaisés et foncièrement électoralistes à ce qui appelle, même sur le champ politique, le primat du social ! Retenons que c'est l'effet combiné des blocages favorisés en son sein par des stratégies syndicales, elles-mêmes instrumentalisées par le sarkozysme, et des soutiens politiques à ces stratégies syndicales stériles par les partis de gauche, y compris du côté du PCF et du PG, qui ont rendu le mouvement social orphelin de ses réponses radicales et le dévoiement des espoirs de gagner vers le faux "changement maintenant".  A creuser et à concrétiser pour éviter la répétition du même pour le mouvement social qui cherche à se construire autour des Sanofi , des PSA et de tant d'autres, lesquels doivent se méfier de ce qui fait les défaites amères : l'impossibilité de converger avec les luttes de tous ! 

Le NPA travaille, à son modeste niveau, à cette perspective du "tous ensemble" en appelant à faire sauter ce qui fait verrou actuellement  : la croyance dans la fable que ce gouvernement est le nôtre ! Comme probablement croit Olivier Duhamel en présupposant en conclusion que "les Français dans leur ensemble ont pleinement conscience de la gravité de la situation et de la nécessité de réduire les déficits publics. Ils savent que cela implique des sacrifices de leur part. A condition qu'ils ne soient pas vain". Tout cela pour en arriver là, au point où le cercle de l'impuissance politique se referme : à l'endroit où le fin analyste des problèmes du gouvernement reprend à son compte les mots qui sont le problème majeur dudit gouvernement et signifient le contresens sur ce que ne veut pas la population. L'austérité !

Antoine (comité NPA du Pic-Saint-Loup)


 
 L'Hérault du jour du 26 octobre 2012
 
 
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