À la Une...

IUT de Montpellier. "Le ménage est aléatoire et le problème de chauffage est chronique"


L'austérité de gauche dans le sillage du maintien de la LRU sarkozyenne, cela donne ça...

 Montpellier. A l'IUT, congés d'office en hiver pour économiser le chauffage (Midi Libre 19 octobre 2012)

Après une invasion de puces dans un bâtiment de l'IUT peu après la rentrée, la proposition de fermer l'établissement une semaine en hiver passe mal auprès de certains profs et étudiants. L'Université de Montpellier 2, qui prévoit une perte inédite de 2 M€ dans son budget de fonctionnement fin 2012, invite ses différentes composantes à serrer la vis. Explications. 


 Prendre une semaine de vacances de plus en hiver contre autant de jours de repos de moins en juin. C'est le deal qui a été proposé, en début de semaine, aux professeurs de l'IUT de Montpellier. Le but : économiser 10 000 € de chauffage. Si la proposition n'a rien de malhonnête, elle a ému une partie des professeurs. Elle intervient en effet dans la foulée d'un incident survenu peu après la rentrée.

Invasion de puces dans un bâtiment

Le département informatique, situé dans un bâtiment de trois étages sur les hauteurs du campus, a été infesté de puces. Sitôt l'origine des piqûres diagnostiquée par le médecin d'un élève, l'alerte a été donnée. Une entreprise de désinsectisation a aussitôt été diligentée par la direction pour chasser les intrus. L'incident en a laissé beaucoup indifférents mais en a profondément agacé d'autres. "Le ménage est aléatoire et le problème de chauffage est chronique", témoignent certains professeurs confortés par des étudiants. "Il est arrivé qu'on fasse cours en anorak en hiver et on crève de chaud l'été car la plupart des volets sont cassés." Voilà qui fait tâche dans un établissement dont la qualité de la formation est par ailleurs reconnue dans les sphères universitaire et professionnelle.

Le directeur pas alarmiste 

Le directeur de l'IUT, Philippe Pierrot, ne cache pas que l'heure est à l’économie. Mais il refuse d'être alarmiste. "Le problème des puces a rapidement été traité. Le ménage est fait de la même manière depuis des années. Nous avons 36 000 m² de locaux à entretenir."

Bruno Fabre : "Une perte inédite de 2 M€ à l’UM2"

Voilà pour le factuel. Sur le fond, la situation est plus délicate. L'UM2, qui englobe la fac de sciences, l'IUT de Montpellier et de Sète ainsi que l'IUFM, prévoit un déficit de fonctionnement de 2 M € fin 2012. Bruno Fabre, vice-président en charge du budget à l'UM2, explique : "C'est une perte inédite dans l'histoire de l'UM2 mais nous l'avions anticipée dès fin 2011. Le ministère nous alloue 136 M€ mais nous en dépensons 138 M € car l'Etat ne paie pas l'intégralité de ses personnels."

La loi Pécresse ou LRU en ligne de mire

Une des conséquences directes de la loi Liberté et responsabilité des Universités votée en 2007 : "L’État ne change pas sa notification mais confère aux universités de nouvelles missions."Difficile équation" selon Bruno Fabre qui a écrit un ouvrage sur la question (L'Université a-t-elle perdu son âme ?). L'UM2 a donc entamé des discussions avec ses composantes pour envisager des économies. "Chacune décline l'effort demandé, entre 8 et 13 %, selon ses spécificités." Le prochain conseil d'administration de l'IUT, le 15 novembre, devra trancher si l'établissement fermera ses portes une semaine de plus en février. Un rude hiver en perspective dans les amphis des facultés.

Un patrimoine vieillissant

Ce n’est pas un scoop : les universités n'ont rien d'un quatre étoiles. L'IUT, comme bon nombre d'établissements publics, ont été construits à la fin des années 60. Les bâtiments, mal isolés, sont vieillissants.
Un diagnostic énergétique, mené à l'IUT de Montpellier, a établi à 20 M € la facture pour rénover le campus. Avec 3 000 fenêtres et 36 000 m², la tâche n’est pas mince. "Ce n’est pas envisageable. C’est le lot de tous les établissements publics", défend le directeur Philippe Pierrot.


Bruno Fabre rappelle qu’une enveloppe de 8 à 9 M € est engagée chaque année dans la rénovation des locaux de l'UM2. La surface habitable dépasse les 300 000 m². "Le contrat de plan État-Région ne suffit plus, mais nous maintenons une politique dynamique de rénovation", convient-il toutefois.

"Le plan Campus résoud en partie le problème, rappelle pour sa part Philippe Pierrot. Plusieurs projets sont sur les rails comme la reconstruction du pôle de chimie... Il n'y a pas de solution magique y compris le transfert à une collectivité locale. Une programmation doit être établie sur plusieurs années avec l'aide de toutes les collectivités".

Pas d'impact sur les tarifs d'inscriptions

La question brûle les lèvres de nombreux étudiants : l'autonomie des universités se traduira-t-elle par une augmentation des frais d'inscriptions ? Le syndicat Sud Etudiant, qui dénonce une précarité grandissante des étudiants, s'inquiète de la hausse des frais obligatoires (inscription, restaurants universitaires, sécurité sociale) à la rentrée 2012-2013. La revalorisation des bourses de 2,1% ne concerne que 20 % des étudiants fait remarquer le syndicat. 

Bruno Fabre, en charge des moyens à l'UM2, l'affirme sans détours : "Les économies envisagées ne passent pas par une augmentation des frais d'inscriptions. Cette décision relève du ministère".


A lire aussi

  

  
 

  


Consultez les articles par rubrique


CORONAVIRUS

LUTTES SOCIALES
FÉMINISME
ANTIRACISME ANTIFASCISME
>


SOLIDARITÉ MIGRANTS
ÉCOLOGIE
JEUNESSE ENSEIGNEMENT


POLITIQUE LOCALE
DÉBATS
POLITIQUE NATIONALE


INTERNATIONAL
RÉPRESSION
NPA