Sanofi goûte à son tour aux fruits défendus du Club Hippocrate
jeudi 25 octobre - par
Une enquête exclusive de Charlie Hebdo fait renaître de ses
cendres le Club Hippocrate, un club de parlementaire créé et présidé par
le député PS Gérard Bapt et financé par la firme pharmaceutique
GlaxoSmithKline. Ce "club" permettait à de nombreux députés et sénateurs
de "réfléchir aux grandes questions de santé", sous l'oeil bienveillant
et bien entendu indépendant d'une firme pharmaceutique.
L'enquête de Charlie Hebdo s'intitule "Sanofi et le temps de
cerveau disponible des députés". Elle est parue dans le Charlie Hebdo
n°1061, du 17 octobre 2012.
Gérard Bapt, l'incorruptible président de la commission d'enquête sur le Mediator à l'Assemblée Nationale, et plus récemment pourfendeur de l'aspartam et du bisphénol A, ne serait-il que le bras armé et visible d'une guerre sous-marine entre industriels ?
Pendant l'affaire du Mediator, Gérard Bapt a fait le ménage et a discrètement fait disparaître les traces du Club Hippocrate. D'abord en faisant disparaître son nom du site internet du Club Hippocrate qu'il présidait pourtant, puis en tentant de le faire disparaître de wikipedia. La période ne se prêtait guère à l'affichage de collusions avec les laboratoires pharmaceutiques. L'affaire est détaillée dans un article du Huffington Post : Affaire Mediator : le Sénat censure Wikipedia. Toutes les explications sont disponibles dans les articles suivants : Ces élus qui se font subventionner par les firmes pharmaceutiques ... et Enquête sur Mediator : les parlementaires effacent discrètement leurs conflits d’intérêt d’un site internet compromettant.
Le journaliste de Charlie Hebdo, Laurent Léger, a pu mettre la main sur un e-mail interne de Sanofi, relatant la rencontre de Jean-Luc Ledent, directeur des affaires publiques de Sanofi Midi-Pyrénées avec le député socialiste de Haute-Garonne Gérard Bapt. Ce mail est adressé à Philippe Tcheng, "Vice-président affaires publiques et gouvernementales France".
Tandis que la CGT s'étonne du silence absolu de Gérard Bapt sur la vague de licenciements qui va toucher le site de sa propre circonscription, ce dernier se montre aux yeux de la Direction de Sanofi "ouvert, vigilant et constructif" et est "conscient de la très forte dégradation de notre CA en France" et que l'"éparpillement de nos activités sur chacun des sites de recherche est contreproductif". Selon ce même e-mail, Gérard Bapt souhaiterait récupérer les slides et "semble comprendre nos arguments et adhérer". Merci au cabinet de lobbying Boury Talon et Associés de faire parvenir les diapos à M. Bapt dans les plus brefs délais.
La CGT peut attendre longtemps l'aide de son député.
Charlie Hebdo nous détaille ensuite les relations sulfureuses entre Gérard Bapt et Sanofi. "C'est vrai que Sanofi m'invite beaucoup à des séminaires ou des conférences".
Pour Sanofi ou du moins sa direction, "Toulouse, c'est un tout petit point sur le globe, on le voit à peine. Paris et Lyon, au moins ça apparaît", raconte Gérard Bapt. Les électeurs de la circonscription de Toulouse s'en souviendront !
Puis, toujours selon Charlie Hebdo, Bapt confie que "Sanofi pense que si on veut que le groupe reste à Toulouse, il faudrait que le Multaq soit remboursé. Voilà ce qu'ils disent".
Un véritable chantage en bonne et due forme ! Quel comportement adoptera ensuite le député ? Adressera-t-il une fin de non recevoir à Sanofi ? Claquera-t-il la porte au nez de l'industriel ? Informera-t-il les médias de cette pression exercée par un industriel sur un élu de la nation ?
Pas vraiment !
Bapt s'est simplement défendu de pouvoir agir sur cette situation en lieu et place du CEPS, bien que son titre de cardiologue puisse peser dans la balance. Et ce d'autant que son adjoint, Bertrand Monthubert, président de la fac de Toulouse est un proche de Montebourg.
Enfin, le journaliste achève son article en rappelant que Bapt avait assisté, avec de nombreux parlementaires, conseillers régionaux et généraux, à une fiesta à la Maison de l'Amérique Latine, à Paris, avec le nouveau patron du groupe, un certain Chris Viehbacher, ancien patron US de la firme GSK. Tiens donc ! Revoici le généreux mécène du Club Hippocrate !
Pendant ce temps là, Christian Lajoux, patron de Sanofi France et président du LEEM prépare le lancement de son livre à paraître le 8 novembre, en déplorant dans le quotidien du Médecin du 23 octobre 2012 "que l'ensemble des entreprises [du médicament] paya le prix du soupçon, de la stigmatisation et de la relégation dans les eaux saumâtre d'une imagerie complotiste". Il plaide même pour une "nécessaire réforme de l'organisation professionnelle", une refonte qui passe à ses yeux par une politique d'alliances, tant avec l'Etat et ses administrations qu'avec les malades et tous les acteurs du système de santé. Au moins, avec cette affaire Bapt, il a le mérite de mettre en action ses propos !
Doit-on en conclure que les malades seront également invités au prochain cocktail du Club Hippocrate ?
L'article sur le site d'AgoraVox
Gérard Bapt, l'incorruptible président de la commission d'enquête sur le Mediator à l'Assemblée Nationale, et plus récemment pourfendeur de l'aspartam et du bisphénol A, ne serait-il que le bras armé et visible d'une guerre sous-marine entre industriels ?
Pendant l'affaire du Mediator, Gérard Bapt a fait le ménage et a discrètement fait disparaître les traces du Club Hippocrate. D'abord en faisant disparaître son nom du site internet du Club Hippocrate qu'il présidait pourtant, puis en tentant de le faire disparaître de wikipedia. La période ne se prêtait guère à l'affichage de collusions avec les laboratoires pharmaceutiques. L'affaire est détaillée dans un article du Huffington Post : Affaire Mediator : le Sénat censure Wikipedia. Toutes les explications sont disponibles dans les articles suivants : Ces élus qui se font subventionner par les firmes pharmaceutiques ... et Enquête sur Mediator : les parlementaires effacent discrètement leurs conflits d’intérêt d’un site internet compromettant.
Le journaliste de Charlie Hebdo, Laurent Léger, a pu mettre la main sur un e-mail interne de Sanofi, relatant la rencontre de Jean-Luc Ledent, directeur des affaires publiques de Sanofi Midi-Pyrénées avec le député socialiste de Haute-Garonne Gérard Bapt. Ce mail est adressé à Philippe Tcheng, "Vice-président affaires publiques et gouvernementales France".
Tandis que la CGT s'étonne du silence absolu de Gérard Bapt sur la vague de licenciements qui va toucher le site de sa propre circonscription, ce dernier se montre aux yeux de la Direction de Sanofi "ouvert, vigilant et constructif" et est "conscient de la très forte dégradation de notre CA en France" et que l'"éparpillement de nos activités sur chacun des sites de recherche est contreproductif". Selon ce même e-mail, Gérard Bapt souhaiterait récupérer les slides et "semble comprendre nos arguments et adhérer". Merci au cabinet de lobbying Boury Talon et Associés de faire parvenir les diapos à M. Bapt dans les plus brefs délais.
La CGT peut attendre longtemps l'aide de son député.
Charlie Hebdo nous détaille ensuite les relations sulfureuses entre Gérard Bapt et Sanofi. "C'est vrai que Sanofi m'invite beaucoup à des séminaires ou des conférences".
Pour Sanofi ou du moins sa direction, "Toulouse, c'est un tout petit point sur le globe, on le voit à peine. Paris et Lyon, au moins ça apparaît", raconte Gérard Bapt. Les électeurs de la circonscription de Toulouse s'en souviendront !
Puis, toujours selon Charlie Hebdo, Bapt confie que "Sanofi pense que si on veut que le groupe reste à Toulouse, il faudrait que le Multaq soit remboursé. Voilà ce qu'ils disent".
Un véritable chantage en bonne et due forme ! Quel comportement adoptera ensuite le député ? Adressera-t-il une fin de non recevoir à Sanofi ? Claquera-t-il la porte au nez de l'industriel ? Informera-t-il les médias de cette pression exercée par un industriel sur un élu de la nation ?
Pas vraiment !
Bapt s'est simplement défendu de pouvoir agir sur cette situation en lieu et place du CEPS, bien que son titre de cardiologue puisse peser dans la balance. Et ce d'autant que son adjoint, Bertrand Monthubert, président de la fac de Toulouse est un proche de Montebourg.
Enfin, le journaliste achève son article en rappelant que Bapt avait assisté, avec de nombreux parlementaires, conseillers régionaux et généraux, à une fiesta à la Maison de l'Amérique Latine, à Paris, avec le nouveau patron du groupe, un certain Chris Viehbacher, ancien patron US de la firme GSK. Tiens donc ! Revoici le généreux mécène du Club Hippocrate !
Pendant ce temps là, Christian Lajoux, patron de Sanofi France et président du LEEM prépare le lancement de son livre à paraître le 8 novembre, en déplorant dans le quotidien du Médecin du 23 octobre 2012 "que l'ensemble des entreprises [du médicament] paya le prix du soupçon, de la stigmatisation et de la relégation dans les eaux saumâtre d'une imagerie complotiste". Il plaide même pour une "nécessaire réforme de l'organisation professionnelle", une refonte qui passe à ses yeux par une politique d'alliances, tant avec l'Etat et ses administrations qu'avec les malades et tous les acteurs du système de santé. Au moins, avec cette affaire Bapt, il a le mérite de mettre en action ses propos !
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