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ArcelorMittal...en Lozère ! Financé grassement par l'argent public ...



La municipalité de Saint-Chély-d'Apcher et le conseil général de la Lozère n’ont pas lésiné. Ils ont décidé de prendre à leur charge la construction des bâtiments, à hauteur de 4 M€ pour la commune et de 27,5 M€ pour le Département. Si ArcelorMittal reste discret sur le montant de son investissement, il dépasserait nettement 60 M€. Les travaux sont en cours, l’objectif étant de porter la production de 110 000 tonnes à 250 000 tonnes.

La Lozère a le regard braqué sur Florange

PIERRE BRUYNOOGHE
Midi Libre 30/11/2012
La Lozère a le regard braqué sur Florange

ArcelorMittal emploie plus de 200 salariés à Saint-Chély-d’Apcher, où les habitants ont, pour beaucoup d’entre eux, les yeux rivés sur le rapport de force qui s’est établi à Florange entre le gouvernement et le groupe sidérurgiste.


Un ultimatum qui arrive à échéance et un bras de fer qui fait monter l’inquiétude... en Lozère. Là aussi. Motif : ils imaginent le pire des cas, si la crispation montait encore d’un cran. "Et si Mittal décidait de stopper tous ses investissements en France ?", interroge Michel Berthuit, l’ancien responsable de production de l’unité. Ce retraité, désormais président du musée de la métallurgie de Saint-Chély, poursuit : "Nous, on a besoin du groupe." Tout est dit.
La ville industrielle du département

Créée en 1916, l’usine fait corps avec la commune de 5 200 habitants, qui a grandi autour. "Quand j’étais enfant, il y avait ici une vingtaine de nationalités différentes, du seul fait de la présence de l’usine. Ce cosmopolitisme a donné une ouverture d’esprit à Saint-Chély. Nous lui devons beaucoup", explique Pierre Lafont, le maire.

Mais, l’usine, c’est encore plus que cela. Elle fait de Saint-Chély la ville industrielle du département. Elle contribue, en outre, pour près de 80 % aux exportations de la Lozère. Car l’unité d’ArcelorMittal est la spécialiste mondiale des tôles dites électriques, avec lesquelles on fait notamment des carcasses des transformateurs. Son savoir-faire est tel qu’elle vend sa production partout dans le monde.

"Une usine désormais pérenne"

Mais avec les années, l’usine a vieilli. Les Lozériens craignaient une extinction en douceur de son activité. Jusqu’à ce qu’ArcelorMittal mette le marché en main : une modernisation sur place, très lourde et coûteuse, ou un transfert de l’activité vers la Pologne.

"Il s’agissait de positionner l’activité sur des aciers très haut de gamme, pour servir le marché des moteurs de voitures électriques ou hybrides, celui des machines comme le TGV et, enfin, le marché de l’éolien. Des secteurs d’avenir, capables d’assurer la pérennité de l’usine", détaille Pierre Lafont.

Les collectivités largement investies

Sa municipalité et le conseil général de la Lozère n’ont donc pas lésiné. Ils ont décidé de prendre à leur charge la construction des bâtiments, à hauteur de 4 M€ pour la commune et de 27,5 M€ pour le Département. Si ArcelorMittal reste discret sur le montant de son investissement, il dépasserait nettement 60 M€. Les travaux sont en cours, l’objectif étant de porter la production de 110 000 tonnes à 250 000 tonnes.

Du coup, Pierre Lafont suit de très près ce qui se passe à Florange. Et il le dit tout net : "L’emportement n’est jamais bon. J’aimerais qu’il y ait plus de sang-froid" dans la gestion de ce dossier. Il sera vite fixé.


CRITIQUES ET PRESSIONS AUTOUR DU CAS MITTAL

Avant l’expiration samedi du délai fixé par ArcelorMittal, le gouvernement qui cherche un avenir pour Florange fait aussi face aux critiques du patronat, jugeant "scandaleuse" l’hypothèse d’une nationalisation et la pression des syndicats, qui le poussent à décider. Brandie par le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, et largement soutenue, la menace de nationaliser le site, si ArcelorMittal persiste à refuser de vendre le site dans son intégralité, "est tout simplement et purement scandaleuse", a estimé Laurence Parisot, présidente du Medef sur RTL. "S’il s’agit par de tels propos, tout simplement d’exercer une pression, de faire du chantage, dans le cadre d’une négociation, c’est inadmissible", a-t-elle ajouté. Ce n’est pas à l’État "de commencer à dire à chaque entreprise de France : “voilà votre stratégie” (car) seul l’entrepreneur peut savoir ce qui est rentable ou pas", a-t-elle martelé. Et d’enfoncer un coin entre François Hollande et le ministre : "Je ne doute pas que le président de la République soit beaucoup plus raisonnable que le ministre Montebourg."

De leur côté, les fédérations syndicales de la Métallurgie réclament que "soit rapidement connue la position de l’État" sur le sujet. Le nouveau secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a affirmé son soutien à la solution d’une nationalisation temporaire. Le dossier est en effet désormais entre les mains de l’Élysée, où a eu lieu mardi une "discussion franche et ferme" entre François Hollande et Lakshmi Mittal.


BIENTOT CENTENAIRE

Une longue histoire. 

C’est en 1916 que Saint-Chély-d’Apcher accueille les Aciéries et Forges de Firminy (Loire) qui décident d’y installer une unité de production, en raison notamment de la ligne de chemin de fer Paris-Béziers qui passait là.

Bien plus tard, l’usine devint Ugine-division d'Usinor-Sacilor, avant de passer dans le giron d’ArcelorMittal. Au plus fort de son activité, elle employa presque 1000 salariés.

À présent, ils sont cinq fois moins nombreux, alors que la production n’a cessé d’augmenter.

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