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Etat espagnol. L'indépendance, un droit démocratique de la Catalogne


Autodétermination nationale, indépendance et anticapitalisme...

[ces lignes d'introduction sont sous la responsabilité du seul signataire]


L'affirmation grandissante du sentiment favorable à l'indépendance dans la Catalogne de l'Etat espagnol interroge nombre de militants de la gauche française : fortement marqués par notre tradition politique de centralisation de l'Etat depuis la monarchie absolue et la Révolution française, ils suspectent toute affirmation nationaliste/nationalitaire de participer de la régression des idéaux démocratiques, particulièrement ceux d'égalité, de solidarité, de citoyenneté, voire d'internationalisme. Parfois même est-elle considérée "par essence" réactionnaire, la République "une et indivisible" étant le modèle atemporel et ahistorique de la civilité progressiste. 


Outre qu'une telle vision essentialiste-unilatérale exonère la République de bien des tares tragiques de son histoire (la colonisation pour ne prendre que cet exemple), elle bute sur le fait qu'une revendication nationale est un incontournable droit démocratique d'un peuple, droit  qu'un combat pour le socialisme, pour autant qu'il soit lui-même démocratique, peut et doit intégrer. Nous profitons de l'accélération des choses en Catalogne transpyrénéenne (d'importantes élections législatives ont eu lieu hier, voir aussi ci-dessous) pour proposer un texte écrit par un camarade catalan et anticapitaliste, ami du NPA, expliquant pourquoi l'anticapitalisme, en Catalogne, ne peut contourner la double question du droit à l'autodétermination d'un peuple et de son droit à proclamer son indépendance.

Précision : la compréhension du fait nationalitaire catalan (ou basque, etc.), l'intégration théorique dans un programme anticapitaliste du droit démocratique d'aller jusqu'à la sécession ne peut cependant faire l'économie de ce qui reste la pierre de touche du droit à l'autodétermination : la revendication par un peuple d'exercer ce droit. Pour nous faire bien comprendre : l'affaire de la scandaleuse extradition d'Aurore Martin  aura permis de rappeler qu'un large secteur de la population basque française, à la différence de son homologue "espagnole" où l'indépendantisme a nettement plus de poids, fait le choix d'une lutte en faveur de la départementalisation. La différence dans l'histoire des formations sociales et politiques françaises et espagnoles pèse sur la cristallisation forte ou faible des consciences nationales, sur le sentiment d'oppression ressenti et sur les réponses politiques nationales à lui donner.

Antoine (comité NPA du Pic-Saint-Loup)

Illustration : le drapeau "catalaniste"-internationaliste de nos camarades de Revolta Global-Esquerra Anticapitalista qui sont en lien politique avec l'organisation soeur du NPA pour l'Etat espagnol, Izquierda Anticapitalista. 


Catalogne : questions et réponses sur l’indépendance

11 novembre 2012 (publié sur Europe Solidaire Sans Frontières. Article original de la revue anticapitaliste Viento Sur)

Des élections régionales législatives ont lieu ce 25 novembre en Catalogne, où l’on assiste à une montée spectaculaire du sentiment indépendantiste, illustré le 11 septembre dernier par une manifestation de plus d’un million de personnes à Barcelone. Le président du gouvernement catalan (la « Generalitat »), Artur Mas, promet d’organiser un référendum sur l’indépendance de la Catalogne s’il obtient la majorité absolue, suscitant des réactions radicales de la part de la droite « espagnoliste » - avec laquelle il partage pleinement, par ailleurs, les orientations néolibérales et les mêmes politiques d’austérité. L’interview ci-dessous a été publié par la revue Viento Sur.

Il nous a semblé utile de ne pas chercher à faire le tour du problème, mais de s’en tenir aux questions les plus urgentes. Il n’est pas dans notre intention de répondre exhaustivement, mais seulement de façon brève, sur ce qui nous paraît le plus important. Il s’agit de présenter un cadre de base en peu de mots. Telle est notre intention dans les lignes qui suivent, tout en sachant que pour traiter d’une orientation précise, il faudrait un autre type de texte

1) Est-ce que le projet du président de la Generalitat (Artur Mas) catalane d’organiser un référendum sur l’indépendance de la Catalogne est une bonne chose ?

Martí Caussa – Oui, sans aucun doute, à condition que la question posée sur l’indépendance soit claire et que le processus soit pleinement démocratique. Cela fait déjà un certain temps qu’on constate l’insatisfaction des citoyens de Catalogne vis-à-vis du régime des autonomies et, parallèlement une croissance du sentiment indépendantiste. La grande manifestation du 11 septembre a mis en évidence un changement qualitatif. Face à cette situation, il est correct d’un point de vue démocratique de consulter l’opinion de la population et de respecter son choix.


2) Ne s’agit-il pas d’une tentative de détourner l’attention des citoyens des coupes et de la gestion de la crise afin d’obtenir une majorité absolue grâce à cette promesse de référendum ?

Oui, sans aucun doute également. Artur Mas pourrait ainsi devenir le premier dirigeant politique à se renforcer notablement après avoir appliqué les recettes néolibérales qui provoquent le chômage, l’augmentation de la pauvreté, la détérioration de la santé, du logement, de l’enseignement et qui aggravent les conditions de vie de la majorité de la population. Et s’il sort renforcé aux prochaines élections, il va poursuivre cette politique anti-populaire. En réalité, l’unique aspect positif de son programme, avec les conditions déjà signalées, est la promesse d’un référendum sur l’indépendance. Et c’est avec ce dernier qu’il veut cacher les mesures honteuses de son gouvernement.


Texte (en espagnol) sur la question nationale dans l'Etat espagnol rédigé par un des responsables d'Izquierda Anticapitalista : Plurinacionalidad, Federalismo y Derecho de Autodeterminación (2005)



Le résultat des élections d'hier en Catalogne 

 Artur Mas enregistre un revers aux élections anticipées en Catalogne
 Le Monde 26 11 2012


En convoquant, deux ans avant la fin de son mandat, des élections anticipées, le président du gouvernement catalan, Artur Mas, avait demandé une majorité "exceptionnelle" pour porter son projet indépendantiste. Au terme du scrutin qui s'est tenu, dimanche 25 novembre, en Catalogne, la coalition qu'il préside, Convergencia i Unio (CIU, droite nationaliste), a perdu 12 des 62 sièges qu'elle détenait au Parlement, s'éloignant de la majorité absolue (68 sièges). La fragmentation de l'Assemblée rendra la législature très instable.


Histoire de rire un peu...La tradition catalane du "caganer" qui cible même Hollande...

François Hololande en "caganer". AFP/LLUIS GENE

Il ne faut pas voir la représentation en terre cuite de François Hollande cul nu, le pantalon sur les genoux, en train de se soulager, comme une insulte ou même une moquerie de la part des producteurs catalans des santons "chieurs" qui décorent les crèches de Noël de la région espagnole.


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