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Le Front de Gauche va-t-il être clairement dans l’opposition à la politique d’austérité et de répression du gouvernement ?



Front de Gauche : Le ni-ni (Alain Krivine)

Marie-George Buffet, Jean-Luc Mélenchon, et Pierre Laurent


Après les votes de ses élus au Sénat contre le texte sur l’énergie et au Parlement contre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, sans parler du Traité européen, le Front de Gauche et le Parti communiste sont soumis à de nombreuses interpellations. Sont-ils entrés dans l’opposition, y compris en ajoutant parfois leurs votes à ceux de la droite ?

Si on ne peut que se féliciter de ces votes, la réalité est malheureusement plus simple et c’est la présidente du groupe Front de gauche au Sénat Eliane Assasi qui l’explique dans l’Humanité du 2 novembre : « le gouvernement veut nous présenter dans une posture d’opposition, ce qui n’est pas du tout le cas… Nous sommes dans la majorité parlementaire, pas dans l’opposition » et d’expliquer ensuite qu’ils ne sont pas prêts à tout avaler : « Je demande qu’on nous entende, que les élus communistes qui ne sont pas dans l’opposition mais dans la majorité soient entendus… ».

Equilibrisme politique 

 
Ainsi se trouve bien résumé le positionnement du Front de Gauche, en tout cas du PC et du PG à savoir se faire respecter et reconnaître comme une force indispensable, et réussir à imposer au gouvernement des modifications de sa politique d’austérité de façon à répondre au mécontentement grandissant des électeurs du Front de Gauche, sans rompre pour autant avec le PS. Difficile exercice d’équilibriste pour des partis qui misent essentiellement sur les institutions et les élections mais dont la base privilégie les mobilisations sociales.
Difficile exercice aussi pour les quelques centaines de militants venus de différentes scissions de la LCR, du NPA ou du PCF et qui se sont efforcés le 17 octobre de regrouper un « troisième pilier » (la Gauche unitaire, Convergence et Alternative, la Gauche anticapitaliste et la FASE) dont le projet, explique Pierre-Francois Grond dans l’Humanité « ne se construit pas contre le PC et le PG et n’est pas fait pour être à la table des grands » mais « pour une plus grande ouverture du Front de Gauche »…


Nature du front

 
Ce débat sur le positionnement du FdG que le PC pense pouvoir trancher à son congrès en février s’accompagne aussi d’un débat conjoint sur la nature du Front qui jusqu’à présent est essentiellement un cartel d’organisations avec seulement deux formations significatives : le PC et le PG. Là encore, c’est le ni-ni qui l’emporte. Le PC ne veut pas disparaître en acceptant un mouvement qui ne serait composé que ­d’adhésions individuelles, ce que souhaiterait à terme le PG et toutes les petites formations issues du NPA.
Dans une tribune libre publiée par Mediapart le 26 octobre, trois dirigeants « inorganisés » du FdG, Janette Habel, Pierre Khalfa et Evelyne Sire-Marin, résument bien ­l’ambiguïté. Ils constatent les divergences sur l’attitude par rapport au gouvernement mais « si elles ne sont pas secondaires, elle sont compatibles au sein du FdG et ne doivent pas compromettre son developpement… le consensus est necessairement la règle ». Et de proposer néanmoins des adhésions individuelles tout en conservant au sommet la structure de cartel… car « il n’est ni possible ni souhaitable dans un horizon prévisible de transformer le FdG en un parti ».


Être dans l’opposition ou pas

 
Tous ces débats sont légitimes et sont liés entre eux mais tournent autour d’une question centrale : le Front de Gauche va-t-il être clairement dans l’opposition à la politique d’austérité et de répression qui ne fait que s’aggraver et que met en place le gouvernement Hollande, ou va-t-il continuer à tergiverser pour ne pas rompre ?


En ce qui nous concerne et plus que jamais, nous proposons au Front de Gauche, comme à toute la gauche sociale et politique, de résister dans l’unité à toute agression de la gauche comme de la droite (licenciements, expulsions, fermeture d’entreprises, répression policière, etc.) mais de plus, en s’appuyant sur ces mobilisations, nous proposons à toutes les forces politiques qui refusent de participer au gouvernement d’organiser une véritable opposition de gauche qui devrait définir les axes d’une politique alternative pour proposer un débouché politique aux mobilisations sociales. Pour le moment, dans cette démarche unitaire, nous sommes encore isolés mais pas seuls, et nous ne lâcherons pas car il n’y a pas d’autre issue pour redonner espoir.


Alain Krivine


Le texte sur le site national du NPA

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