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La gratuité des transports à Aubagne : pourquoi ça marche

par Elsa Sidawy | 26.07.10 (Innov'in the city)



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Depuis mai 2009, la communauté d’agglomération d’Aubagne dans les Bouches-du-Rhône a rendu les transports collectifs gratuits pour tous. Cette innovation sociale a demandé une volonté politique forte mais a surtout été permise grâce à l’augmentation du Versement Transport. Entretien avec André Sinet, adjoint au maire d’Aubagne chargé des transports.

Innov’ in the City Depuis un peu plus d’un an que la gratuité a été actée à Aubagne, quel a été le taux de report modal de la route aux transports collectifs ?

André Sinet Nous n’avions malheureusement pas de données chiffrées sur cette problématique. L’agglomération est environnée d’autoroutes et située près de Marseille, la voiture reste donc encore un réflexe. Le seul constat, qui reste assez subjectif et non chiffré, est qu’il y a moins de voitures dans les parkings. Je ne sais pas s’il y a eu report, mais il y eu augmentation du nombre de passagers.

Quel était alors l’objectif de la gratuité, si ce n’est une politique de lutte contre la place de l’automobile en ville ?

L’objectif affiché lors des campagnes municipales de 2008, dans le contexte de baisse du pouvoir d’achat, était plutôt social. C’était une volonté politique de proposer une alternative forte à l’automobile et d’offrir au plus grand nombre la possibilité de se déplacer. La gratuité est complète à Aubagne, même pour le transport à la demande, contrairement à certaines villes, comme Compiègne par exemple, qui offrent la gratuité seulement à leurs habitants.

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Comment fonctionne le transport à la demande à Aubagne ?

Il existe 10 secteurs de transports à la demande (TAD) pour les personnes habitant à l’extérieur de la ville. Les usagers peuvent commander, auprès de l’organisateur de transport, le passage d’un minibus à un point de rencontre près de chez eux de façon ponctuelle ou tous les jours à heures régulières. Aujourd’hui on arrive à pouvoir desservir ces points relais quasiment à l’heure près. Cette expérience fonctionne et a aujourd’hui un impact positif car le transport à la demande a remplacé des lignes régulières dont les bus roulaient souvent à vide. Le plus dur a été de faire accepter le changement de ligne régulière en transport à la demande ; mais il n’y a pas de solution idéale : d’un côté nous étions critiqués car des bus roulaient vides et de l’autre, les gens se plaignent de ne pas avoir de bus qui passent régulièrement…

Le maire Daniel Fontaine tablait l’an dernier lors du lancement sur une augmentation de 58 % de voyageurs supplémentaires en deux ans. Etes-vous parvenus à vos objectifs en terme de fréquentation ? Quelle est la part de nouveaux usagers ? 

Sur certaines lignes, la fréquentation est montée à 75 %. Certaines lignes ont vu leur fréquentation stagner, mais il n’y a pas eu de réduction. En 2005, 69 % des déplacements se faisaient en voiture ; nous devons refaire bientôt un sondage pour voir s’il y a eu évolution. Il s’avère que l’augmentation a porté surtout sur les petits parcours : les gens ne prenaient pas le bus pour quelques centaines de mètres, avec la gratuité, si.

Finalement, c’est plus au détriment de la marche à pieds ou du vélo que de la voiture que l’augmentation a profité ?

Dans le midi, la marche à pieds n’est pas un facteur déterminant ! Concernant le vélo, nous travaillons sur le projet des 30km/h sur le périmètre du centre ville. Le profil de la ville n’est pas adapté au vélo : nous avions implanté des garages à vélos il y a environ 5 ans, qui n’ont pas été très utilisés, un bus est équipé avec des crochets à vélos, mais je ne vois pas souvent de vélos accrochés…

L’agglomération a lancé l’idée d’un prêt de vélos gratuits dans le cadre du plan Vélo en 2008, qui n’a pas encore été actée. Nous avons mis en place des pédibus dans 5 écoles dans le cadre du programme « Marchons vers l’école ». Enfin, un groupe de réflexion travaille actuellement sur un projet de tram-train sur un axe Nord-Sud sur le tracé d’une ancienne voie ferrée.

Si hausse de fréquentation il y a eu, quelle a été la réponse de la ville en terme d’augmentation de l’offre ? Avez-vous du augmenter le nombre de bus en circulation ?

Avant la gratuité, les bus parcouraient 2 millions de kilomètres par an ; depuis, il y a eu une évolution de 15 %. Les heures de conduite tout comme l’effectif conducteurs ont augmenté de 12 %. Nous avons également 18 % de véhicules en plus : 3 véhicules ont été achetés en 2009, 4 en 2010, et 2 seront achetés en 2011. A noter que cette évolution n’est pas corrélée à une augmentation de la population, qui est restée stable dans la même période. Ce qui nous a permis de passer à la gratuité, c’est le franchissement du cap des 100 000 habitants dans l’agglomération début 2009. Le taux du versement transport (VT) est passé de 0,6 à 1,05 %, soit 2,2 millions d’euros supplémentaires (ndlr le VT est payé par les entreprises de plus de 9 salariés et augmente en fonction du nombre d’habitants).



Et aussi


Extrait

La gratuité des transports en commun intéresse les sociologues 

 



Une fréquentation record et un service apprécié par les usagers. Un an après la mise en place d’un service de transports en commun totalement gratuit dans toute la communauté d’agglomération du pays d’Aubagne et de l’Etoile, l’heure est au bilan. [..]


La gratuité en chiffres:
  • 2 968 650 voyageurs transportés entre le 15 mai 2009 et le 31 mars 2010
  • + 90% de fréquentation au premier trimestre 2010 (par rapport au premier trimestre 2009)
  • 88% des usagers satisfaits de la gratuité des transports
  • 20% de nouveaux passagers
  • 18% des usagers n’auraient pas pris le bus s’il n’était pas gratuit, 63 % choisissent d’abandonner un véhicule plus polluant
  • 12 millions d’euros consacrés aux transports en commun dans le budget de la CPAE, contre 10 millions avant la gratuité
  • 5 millions d’euros de taxe « Versement transport » prélevée sur les entreprises de plus de 10 salariés, contre 2 millions avant la gratuité
...........

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