Région. Ecartelée entre jeunisme et nostalgie du Reich, l'extrême droite est à surveiller et à combattre...
Le mouvement Bloc identitaire, qui se réunit ce week-end à Orange, a vu ses forces vives l’abandonner en Languedoc. Le président de la Ligue du Midi, qui était jusque-là une des composantes du Bloc, serait parti avec ses troupes... Le
Cévenol Richard Roudier, l’un des cofondateurs du Bloc identitaire, en a
été exclu au printemps dernier. Roudier reproche au Bloc de vouloir
"accrocher le wagon identitaire à la machine Front national".
C’est l’histoire d’un Bloc qui fait... scission ! Alors que
la ville d’Orange, à nos portes, s’apprête à recevoir ce week-end une “convention identitaire”, quinze jours après l’occupation du chantier de la mosquée de Poitiers,
les Languedociens n’y seront a priori pas très nombreux. Car le
printemps dernier, l’un des cofondateurs du Bloc identitaire, le Cévenol
Richard Roudier, en a été exclu.
"Accrocher le wagon identitaire à la machine Front national"
Le président de la Ligue du Midi, qui était jusque-là une des composantes du Bloc, serait parti avec ses troupes... Tout comme Philippe Milliau, un autre vétéran de la cause identitaire,
avec Jeune Bretagne, juste avant lui. Ils ne sont pas partis seuls :
ensemble et avec d’autres groupuscules, ils ont créé Réseau identités,
affirmant avoir converti à leur cause "plus de la moitié de l’effectif"
du Bloc identitaire.
Roudier reproche au Bloc de vouloir "accrocher le wagon identitaire à la
machine Front national". Le Bloc, par la voix de son président, Fabrice
Robert, explique quant à lui que Roudier avait "toujours été favorable à
cette alliance". Il juge surtout que Milliau et Roudier sont des hommes
dépassés, aspirant à "un mouvement très centralisé, format XXe
siècle", alors que le Bloc, curieusement, aurait besoin...
d’éclatement.
"Un Languedoc pourtant terre favorable"
Fabrice Robert
Fabrice Robert
Le “vieux” Roudier, 65 ans, dénonce "une tendance au jeunisme". Fabrice
Robert a eu d’autant moins de scrupules à couper les ponts qu’il estime
que l’orientation stratégique de Roudier est une impasse, dans "un
Languedoc pourtant terre favorable" : "Les résultats de la Ligue du
Midi, tant en termes électoraux que pour le recrutement, sont parmi les
plus modestes de France."
Roudier n’a même pas pu profiter de la manne financière des législatives
: il a échoué de peu, associé au réseau du Narbonnais Jean-Louis
Soulié, à obtenir 50 candidats dépassant les 1 %, seuil ouvrant droit
aux subventions des partis politiques.
Roudier, nostalgique du IIIe Reich ?
Roudier et le Bloc s’étaient une première fois frictionné en 2009. Roudier a longtemps été président du comité d’entraide pour les prisonniers européens
(CEPE) : créé à Nîmes, il avait été actif pour la défense de Maxime
Brunerie, qui avait tenté d’assassiner Jacques Chirac en 2002, ou
récemment de René Galinier, qui avait tiré sur deux voleuses à
Nissan-lez-Ensérune (Hérault) en août 2010.
A la convention identitaire, en 2009 donc, à Orange déjà, un stand du CEPE proposait des cartes postales à l’effigie des écrivains collaborationnistes Robert Brasillach et Marc Augier.
Roudier, nostalgique du IIIe Reich ? "Mon père a fait de la Résistance à
Béziers, on n’entacherait pas son souvenir", explique-t-il, en réponse
également aux accusations portées contre son fils Olivier, très actif
lui aussi au sein de la Ligue du Midi et soupçonné d’avoir fait des
saluts nazis lors de la fête votive de Saint-Nazaire-de-Pézan (Hérault) à
l’été 2011.
C’est moins le fond que "la forme qui a changé"
"Ce n’est pas le message qu’on veut diffuser, explique Fabrice Robert à
propos des cartes postales du CEPE. On a tourné le dos à toute
idéologie. J’ai été militant nationaliste, radical. A 41 ans, je suis
plus posé. Faire peur à la grand-mère du coin, à part se faire plaisir,
ça ne me menait pas bien loin."
Robert confirme que c’est moins le fond que "la forme qui a changé". Il
bagarre toujours contre "l’islamisation et l’immigration-invasion". Il
affiche ouvertement "la tentative de séduction". "On a déjà remporté une
victoire sémantique, nos idées ont infusé, Copé reprend nos
terminologies."
ADHÉRENTS : Etat des troupes
La Ligue du Midi revendique entre « 200 et 250 adhérents » sur le
Languedoc-Roussillon et l’Aveyron, dont « 80 % » dans le Gard et
l’Hérault, « un peu en Lozère dans le sud, on commence dans l’Aude et un
peu dans l’Aveyron ». En juillet dernier, alors que la scission entre
Bloc et Ligue du Midi était déjà effective, le Bloc avait soutenu un
policier millavois suite au décès d’un jeune homme.
Preuve donc qu’il reste un activisme hors Ligue du Midi. On a cru en
avoir la confirmation en appelant une certaine Aurélie, 24 ans, sur les
conseils de Fabrice Robert, le président du Bloc. La jeune femme
s’affiche comme Millavoise.
Mais vite, Midi Libre a des doutes sur... l’identité de l’interlocutrice
identitaire. Alors on se montre insistant. Quelle est la place
principale de Millau ? « La place Charles-de-Gaulle », explique Aurélie,
après un moment d’attente et des grésillements supposés sur la ligne.
Loupé. C’est le Mandarous. Le maire de Millau ? Là encore, un long
moment d’attente. Et la bonne réponse au final. Avec le renfort
d’internet ?
Un réseau très prisé par les mouvements d’extrême droite...
Un réseau très prisé par les mouvements d’extrême droite...