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Quand la Sécurité nucléaire belge doute ...de la sécurité des installations nucléaires !

Nucléaire : les doutes du patron de la sûreté belge

LE MONDE |
Directeur de l'Agence fédérale de contrôle du secteur nucléaire (AFCN) jusqu'à la fin de l'année, le Belge Willy De Roovere a créé la sensation dans son pays en mettant en cause la sécurité de cette industrie. "Nous devons nous demander si le risque nucléaire est encore acceptable", a expliqué, lundi 24 décembre, sur une radio publique néerlandophone ce responsable qui dirigea par ailleurs la centrale de Doel, l'un de deux sites atomiques belges.

"En toute honnêteté, si je considère ce risque, je choisirai d'autres formes d'énergie", ajoutait M. De Roovere dans cet entretien, évoquant cependant les risques économiques liés à une telle décision.
Toute industrie comporte une part de risques, ajoutait-il, mais il est "très difficile dans la période actuelle" de faire accepter par la population celui qui est lié à la filière nucléaire. Surtout sur un territoire aussi densément peuplé que la Belgique, où une évacuation pourrait concerner des centaines de milliers de personnes.

"Ma réflexion est la conséquence de la catastrophe de Fukushima, a expliqué M. De Roovere dans une autre interview publiée jeudi par le quotidien belge Le Soir. En matière nucléaire, le risque est très faible, mais les conséquences d'un accident peuvent être extrêmement graves."

"IL FAUT SUIVRE LES CENTRALES EXISTANTES DE TRÈS PRÈS"

Le directeur de l'AFCN – encore pour quelques jours – juge dès lors qu'il convient, en Belgique comme en Europe, d'éviter de construire de nouvelles centrales. Quant aux unités existantes, "il faut les suivre de très près", déclare-t-il.

A propos des réacteurs de nouvelle génération, M. De Roovere insiste : "Chaque pays devrait débattre tout en tenant compte de la question principale : "Quel est le niveau de risque résiduel acceptable pour la population ?" Je suppose que la discussion a eu lieu en France lorsqu'on a décidé de construire un réacteur EPR", relève le patron de l'AFCN.

M. De Roovere tient quand même un propos rassurant sur la surveillance des installations belges. S'il pense que les contrôles ne permettront jamais d'exclure une défaillance, "on peut s'assurer qu'une défaillance ne mène pas à une catastrophe", indique-t-il. Et, jusqu'à présent, aucun défaut constaté dans le parc du pays n'a fait courir un risque à la population, assure-t-il.

Les affirmations du numéro un de l'agence ont jeté un froid, alors que deux réacteurs belges, Tihange 2 et Doel 3, sont à l'arrêt depuis août. Leurs cuves présentent des défauts, de nombreuses microfissures sur lesquelles se sont penchés divers experts. Exploités par Electrabel, filiale de GDF Suez, ces réacteurs sont les plus modernes des sept unités du parc belge et fournissent quelque 30 % de la consommation électrique du pays.

L'AFCN devra décider, probablement dans une vingtaine de jours, si elle autorise ou non leur redémarrage. C'est le successeur de M. De Roovere, Jan Bens, un autre ancien directeur de Doel reconverti dans la sécurité nucléaire, qui devra piloter cette réflexion. Cet été, l'AFCN s'était déclarée "sceptique" quant à une possible relance de Doel 3.

EN EUROPE, LES ENQUÊTES DE SÉCURITÉ N'ONT PAS TOUJOURS CONVAINCU

Electrabel a fait état, début décembre, de conclusions assurant que Tihange 2 et Doel 3 pourraient redémarrer immédiatement. Les équipes de l'électricien, assistées d'experts étrangers, affirment que les normes et les critères internationaux ont été respectés lors de la construction des centrales. Le métal des cuves serait sain et les bulles résulteraient de défauts minimes, dus à l'hydrogène.

Ces bulles se seraient formées dès le forgeage des cuves par une société néerlandaise, Rotterdamsche Droogdok Maatschappij (RDM). L'ancien patron de cette société avait exclu cette hypothèse au moment de l'arrêt des réacteurs.

La décision finale de l'AFCN, prélude à celle que devra prendre le gouvernement belge, sera en tout cas suivie avec intérêt à l'étranger. Parce que RDM a vendu une vingtaine de cuves semblables dans le monde. Et parce que, dans la foulée de Fukushima, une vive inquiétude s'est fait jour quant à la sécurité des installations dans l'ensemble de l'Europe. Les enquêtes lancées, à cet égard, par la Commission européenne se sont voulues rassurantes mais n'ont pas convaincu toutes les parties.

Le Forum nucléaire, un lobby belge, juge, en revanche, que les tests de résistance "ont prouvé que les centrales en Europe, et particulièrement en Belgique, sont sûres". Il estime dès lors "incompréhensible" la prise de position de M. De Roovere.

Après divers revirements, les autorités belges ont adopté il y a quelques mois un calendrier de sortie du nucléaire. Il prévoit un arrêt définitif de cinq réacteurs en 2025, Doel 1 et 2 devant fermer dès 2015. Une décision prise, toutefois, sans que des tests de fiabilité soient menés, ce qui laisse la porte ouverte à d'autres changements.

A moins qu'une rupture d'approvisionnement – hypothèse évoquée pour 2014 par un rapport officiel publié en mai – ne vienne bouleverser la donne.

 
L'article sur le site du Monde

Illustration NPA 34 tirée de anti‑nucleaire.jpg

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