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Languedoc-Roussillon : 132 000 personnes âgées en grand dangerPIERRE BRUYNOOGHE Midi Libre 29/01/2013

Les personnes âgées sont 12,6 % à vivre sous le seuil de pauvreté en région.
Les personnes âgées sont 12,6 % à vivre sous le seuil de pauvreté en région. (Archives) 
Ces retraités sont exposés aux risques de fragilité, dus à l’isolement, au logement et à la pauvreté, selon des observations de l'Insee.
 
 

"Le Languedoc-Roussillon est une des régions où la part de la population pauvre est élevée, y compris au sein des personnes âgées." Voilà ce qu’indique l’Insee dans une étude qu’il vient de publier. Les analystes de l’Institut de la statistique ont concentré leur attention sur les 501 000 personnes de plus de 65 ans vivant chez elles, donc à leur domicile, dans la région. Et leur conclusion est sans appel : 132 000 d’entre elles sont "fortement exposées aux risques de fragilité", qu’il s’agisse de pauvreté ou d’isolement, quand elles ne vivent pas dans des conditions aggravées par l’état de leur logement.


Les femmes seules touchées

Sont principalement touchées "les veuves". Les enquêteurs de l’Insee ont dressé deux portraits robots : les femmes propriétaires de leur logement en périphérie de grande ville ou en zone rurale ; celles-là sont 77 000 dans la région. Les autres, tout aussi exposées, ont plus de 75 ans, vivent seules et sont locataires, sans grands moyens, en ville. Elles sont 32 000 dans ce cas. Une catégorie de personnes âgées, mêlant cette fois hommes et femmes, s’ajoute à ces deux portraits robots : les locataires de logement HLM en zones urbaines. Près de 23 000 sont, eux aussi, en position de fragilité.


Moins de 700 € par mois

Beaucoup de ces personnes âgées vivent évidemment plus que chichement. La part de celles vivant sous le seuil de pauvreté est plus importante en Languedoc-Roussillon qu’ailleurs en France : 12,6 %, contre 10 % dans l’Hexagone. "48 000 personnes âgées ont un revenu fiscal de moins de 700 € par mois", souligne Bernard Canonero, le spécialiste qui a coordonné cette étude. Ces personnes vivant sous le seuil de pauvreté habitent, pour la plupart d’entre elles, soit au nord de la région soit dans une des grandes villes de la région : Montpellier, Nîmes, Perpignan, entre autres.


Les personnes exposées aux risques vont augmenter

Problème : la situation ne s’arrangera pas, alors que le nombre de personnes âgées ne fera qu’augmenter. En 2040, selon les projections, les plus de 65 ans occupant leur domicile seront au nombre de 950 000 en Languedoc-Roussillon. Plus du double d’aujourd’hui. Le nombre de personnes exposées aux risques de fragilité augmentera probablement plus encore. "Les perspectives ne paraissent pas très roses", admet Bernard Canonero qui se fonde à la fois sur les projections relatives au niveau futur des retraites qui sera défavorable.


Pauvreté accrue

Bernard Canonero tient aussi compte des contraintes énergétiques liées au logement, qui pèseront davantage. Tout cela rendra la pauvreté plus étendue, et plus dure. Ce qui inquiète la Carsat, la caisse retraite du régime général, mais aussi les services de l’État qui mettent d’ores et déjà en place des mesures pour protéger les personnes âgées les plus exposées aux risques d’effondrement.


« Les demandes d’aide sociale sont en hausse »

Dans le Gard, par exemple, plus de 18 000 personnes sont en maison de retraite ou bénéficient de l’APA (Aide Personnalisée à l’Autonomie). Directrice des maisons de retraite dans ce département, Dominique Bernard confirme que la précarité grandit chez les personnes âgées. « Nous avons réservé à l’aide sociale 78 % des 7 399 places des 122 établissements du Gard. » Une anticipation ample qui tient compte des prévisions. Sur ces 78 % de places, 30 % font déjà l’objet d’aide sociale. « Jusqu’en 2011, dit-elle, les demandes étaient stables. Depuis, elles sont en hausse.


L'APA à rude épreuve

En moyenne, dans le Gard, on entre en maison de retraite à 83 ans, une génération qui a visiblement épuisé son bas de laine. » Seuls les plus démunis peuvent prétendre à l’aide sociale - quand leurs enfants ne peuvent pas payer les 55 € en moyenne d’une journée sur un séjour de 2,5 ans en moyenne. Ce choix « politique » s’est aussi imposé devant le faible revenu des retraites dans ce département : 850 €/mois en moyenne contre 950 € au niveau national. Responsable de l’autonomie dans le Gard, Rose-Lison Vignal confirme que le nombre de bénéficiaires de l’APA à domicile (10 360) ou de maisons de retraite va exploser dans le Gard : « Il y aura entre 2 000 et 3 000 personnes âgées dépendantes de plus d’ici 2 020. » À raison de 510 € en moyenne d’aide par mois et par personne durant trois ans, rien que pour l’APA, les finances départementales seront mises à rude épreuve.

L'article sur le site de Midi Libre

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