L'Usine Nouvelle n'est pas vraiment un brulot gauchiste. C'est un journal d'informations et d'analyses destinées aux capitalistes.
Dans l'article ci-dessous, il présente les projets de la direction de Sanofi.
A cette lecture, on voit tout le cynisme des propriétaires de capitaux pour qui peu importent l'intérêt général et celui des salariés.
On se demande de quel droit ils peuvent ainsi imposer leurs seuls intérêts... comme le font les patrons de Peugeot, de Renault, de Mittal, de Pilpa ou de Virgin.
En fait,Il ne s'agit pas de droit, mais de rapport de force... Celui-ci n'est pas immuable, il peut s'inverser !
Sunrise, le projet qui effraie les salariés de Sanofi
Article paru sur usinenouvelle.com le 15/O1/2013
Selon le cabinet de conseil Syndex, qui
représente les syndicats de Sanofi, le groupe pharmaceutique se prépare à
lancer un vaste projet d’externalisation de sa recherche, qui inclut la
création de start-up dédiées.
C’est un comité central d’entreprise mouvementé, qui s’est tenu le 9 janvier dernier, entre la direction et les représentants du personnel de Sanofi. Abordé lors de ces échanges, le projet au cœur de la réorganisation de la R&D entamée par Chris Viehbacher, le PDG, à son arrivée en 2009. Nom de code : Sunrise. C’est le cabinet d’expertise Syndex, qui accompagne les représentants des salariés dans leurs négociations avec la direction suite à l’annonce d’un nouveau plan de restructuration en France en juillet 2012, qui l’a révélé dans un rapport remis aux syndicats. L’Usine Nouvelle a pu en prendre connaissance.
Problème, le projet Sunrise, à mi-chemin entre véhicule d’investissement scientifique et outil de recherche externalisé, "est totalement absent des informations transmises aux représentants du personnel en général et dans le présent projet de réorganisation en particulier", écrit Syndex. De quoi inquiéter légitimement les syndicats.
Des partenaires académiques ou pharma, et des fonds d’investissements
Dans les grandes lignes, Sunrise vise à créer de petites structures de
recherche (aux formes juridiques variables) dédiées à un projet donné,
aux côtés de fonds d’investissements et de partenaires académiques ou
pharmaceutiques, afin de collaborer avec une meilleure gouvernance. Il
permettrait ainsi de concilier des intérêts divergents : le partenaire
financier ne s’intéresserait au produit que pour le retour sur
investissement, tandis que "Sanofi a comme enjeu fondamental
d’avoir, à terme, des produits à développer et à commercialiser. Si
Sanofi n’était pas intéressé par un projet qui émergerait de ce type de
collaboration, les entités créées auraient la possibilité de créer de la
valeur à l’extérieur", souligne le rapport.Pourquoi pas. Mais d’après Syndex, Sunrise viserait surtout à réduire de façon significative les frais fixes de recherche en interne et réinvestir une partie de ces économies dans des collaborations de recherche très en amont et à l’extérieur, comme l’avait souhaité Elias Zehrouni, le patron R&D de Sanofi. Dans un groupe dont la recherche était réputée pour travailler en vase clos, il améliorerait ainsi la flexibilité et l’allocation de ressource, dans une logique de partage de risque et des coûts avec les partenaires. Et, in fine, améliorerait la rentabilité des capitaux investis en recherche, tout en offrant une approche entrepreneuriale en interne.
Sur le papier, cette démarche proactive semble intéressante surtout dans la période de mutation qui s’ouvre pour l’industrie pharmaceutique, et alors que Sanofi avait pris avec un train de retard sur plusieurs de ses concurrents sur la voie de "l’open innovation".
Les syndicats craignent pour la recherche interne
Mais les syndicats s’inquiètent. "Malgré l’ambition d’impulser une
nouvelle manière de faire de la recherche pour le groupe, beaucoup de
questions restent en suspens sur la forme et les moyens alloués à cette
transformation", estime Syndex. Ainsi, quelle sera la gouvernance
de ces structures juridiques, et comment Sanofi pourra-t-il influer sur
leur développement ? Sunrise sera-t-il rattaché à la R&D ou à la
direction générale ? Quelles ressources lui seront allouées, et cela se
fera-t-il au détriment de la recherche interne ? "Ce projet consiste à créer des start-up à l'extérieur avec le budget de la recherche interne", résume un syndicaliste.Tenu secret en 2012, aucun effectif humain n’avait été dédié au projet. Sur le plan financier, le projet ne disposait pas de budget en 2012, et n’a toujours pas de fonds spécifique alloué. En 2013, un salarié devrait se charger de la gestion et quatre autres de rechercher des opportunités pour Sunrise. "S’il y a des opportunités, c’est l’enveloppe de coûts externes qui fera l’objet de réallocations, avec un montant d’environ 100 millions d’euros au total (environ 70% committed et 30% non committed )", précise Syndex. Le cabinet se demande si Sunrise ne nécessitera pas de dégager des économies ultérieures au sein de la R&D. Et surtout, a-t-il vocation à se développer sur les écosystèmes français, notamment à Toulouse et Montpellier ?
Si les représentants de salariés s’alarment, c’est parce que Syndex s’attend à un développement massif de Sunrise pour répondre aux ambitions de la direction de Sanofi. Car les molécules externes devront alimenter le portefeuille pour parvenir à délivrer un objectif de plus de 5% de croissance du chiffre d’affaires à l’horizon 2015. "Les nouveaux candidats externes sont censés provenir à 50/50 entre l’outil Sunrise et les autres collaborations de recherche, après trois ans de deals", selon Syndex. Des entreprises auraient déjà été contactées, et des premières discussions entamées pour concrétiser Sunrise…
Gaëlle Fleitour