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Des luttes qui convergent : "Face à cette guerre du patronat, on n'a pas le choix, on se bat avec nos propres armes : grèves, blocages et manifestations !"



Aux côtés des Goodyear, le "soutien fraternel" de PSA, Sanofi et Fralib
  
Le Monde.fr |

  
"Cette usine, elle est à nous, c'est notre bien le plus précieux. La lutte des Goodyear devient une lutte nationale !" Perché sur un camion, Mickaël Wamen, leader de la CGT Goodyear d'Amiens-Nord, harangue la foule avant de rejoindre les dirigeants de l'entreprise.

Le tranquille quartier pavillonnaire où s'établit le siège social de Goodyear Dunlop Tires France, à Rueil-Malmaison, s'est réveillé au son des cornes de brume et des moteurs de cars. Près de 1 000 manifestants, et presque autant de CRS, se sont rassemblés, mardi 12 février, devant le bâtiment où la direction de la multinationale tenait son comité central d'entreprise (CCE). Les représentants syndicaux de plusieurs entreprises concernées par des plans de restructuration étaient là pour soutenir les quelque 700 ouvriers du site d'Amiens-Nord, menacé de fermeture. 

Attendu depuis une semaine, ce CCE a pris une importance d'autant plus grande qu'Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, a annoncé mardi matin que l'éventuel repreneur américain Titan "ne reviendrait pas" et que "le gouvernement cherchait une alternative".


"CONVERGENCE DES LUTTES"

Dans le public, les drapeaux rouges de la CGT se mêlent à ceux du NPA. Olivier Besancenot est là, il se fait discret.

"On est là pour soutenir les salariés qui résistent. On assiste aujourd'hui à une convergence des luttes, de ceux et celles qui se battent", répète-t-il aux journalistes. A ses côtés, Philippe Poutou, ouvrier de Ford à Blanquefort (Gironde) et candidat à la présidentielle, s'insurge de la présence de six cents CRS autour des ouvriers : "C'est lamentable, c'est du mépris social. Tout ça parce que ce sont des pauvres qui se battent."

Pendant que Mickaël Wamen part assister au CCE, on installe le barbecue, les langues commencent à se délier. Une vingtaine de représentants de l'entreprise pharmaceutique Sanofi ont répondu à l'appel de la CGT. "On est dans la même galère. C'est la même stratégie d'entreprise, celle qui consiste à privilégier l'actionnaire aux dépens des salariés, avance Thierry Bodin, délégué CGT à Sanofi. On participera à toutes les mobilisations en faveur de l'intérêt général, contre les intérêts particuliers."

Fralib, Sanofi, ArcelorMittal, PSA : ils ont répondu nombreux à l'appel de la CGT de Goodyear.

Arrivés un peu en retard au rassemblement, une soixantaine de salariés de l'usine PSA d'Aulnay investissent l'étroit parking, scandant : "Goodyear, PSA : même combat !" A son tour, Jean-Pierre Mercier, délégué syndical de la CGT du site d'Aulnay-sous-Bois, se juche sur une camionnette pour réaffirmer son "soutien chaleureux et fraternel" aux salariés de Goodyear. Le ton est ferme : "On nous a traités de délinquants, voyous, terroristes. Mais face à cette guerre du patronat, on n'a pas le choix, on se bat avec nos propres armes : grèves, blocages et manifestations !" A peine le temps de se faire applaudir, et il repart pour assister à une réunion décisive pour l'avenir des usines d'Aulnay-sous-Bois et de Rennes.


"ON VA SORTIR L'ARTILLERIE LOURDE"

Profitant d'une pause du CCE, Mickaël Wamen lance aux salariés : "On va sortir l'artillerie lourde devant les tribunaux. On n'a pas encore sorti 10 % de notre attirail juridique." La menace est claire : la CGT est résolue à continuer le bras de fer juridique engagé depuis six ans avec la direction française du groupe.
"La bonne nouvelle, c'est que Goodyear prévoit pour 2013 1,5 milliards de dollars" de résultat d'exploitation, s'exclame-t-il d'un ton ironique. Pour lui, il n'y a donc aucune raison de fermer l'usine. Le groupe américain a en effet revu à la baisse mardi sa prévision de bénéfice d'exploitation pour 2013, et table désormais sur 1,4 à 1,5 milliard de dollars, contre 1,6 milliard visé précédemment. Le bénéfice net sur 2012 est, lui aussi, revu à la baisse.


FUMIGÈNES CONTRE GAZ LACRYMOGÈNE

Quelques manifestants lancent des œufs et des bouteilles en verre au mur de CRS qui bloque l'accès au siège de Goodyear. Mickaël Wamen essaye de calmer l'atmosphère : "Ne tombez pas dans le piège, ils n'attendent que ça." La réplique des CRS est immédiate : jets de gaz lacrymogènes et coups de matraque sur les quelques têtes brûlées qui les défient avec des pétards. Les fumigènes enveloppent l'assemblée d'un coup.

Quelque six cents CRS ont essuyé les jets de projectiles des manifestants, mardi 12 février, devant le siège social de Goodyear Dunlop Tires France.

La majorité des manifestants s'est écartée du front de CRS, et regarde la scène avec désapprobation. "C'est une minorité qui fout la merde, commente Fernando Figueiredo, membre de la CGT à Goodyear. Le mot d'ordre, avant de venir, c'était d'être responsable et de se canaliser. Je peux comprendre les raisons qui les poussent à faire ça, mais je ne suis pas d'accord avec eux." Même dépit chez Yannick Hordé, qui travaille depuis onze ans à Amiens-Nord : "Cela fait six ans qu'on se bat pour notre travail sans qu'il y ait de dérapage. Le but de la direction, c'est de fermer l'usine. Ils veulent qu'on casse tout pour avoir une excuse pour le faire."

Le prochain rendez-vous est fixé au 7 mars pour le prochain CCE, au même endroit. Mickaël Wamen lance une dernière provocation : "Si le gouvernement tremble, il n'a pas fini de trembler."


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L’annonce du projet de fermeture de l’usine Goodyear d’Amiens-Nord est une nouvelle démonstration de la volonté du patronat de poursuivre la liquidation de milliers d’emplois pour satisfaire la rapacité des actionnaires. C’est d’un nouveau massacre social dont il s’agit ici : la liquidation de 1 200 emplois dans l’usine, soit aux alentours de 5 000 suppressions d’emplois dans l’ensemble de la région.
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Face aux annonces de fermetures d’entreprises, de suppressions de postes, de chantage à l’emploi, les réactions locales n’ont pas manqué. Rien que pour ce mois de janvier, on peut décompter, en...
 
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