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Région. Après le gaz de schiste (toujours dans les tuyaux !), voilà le gaz de houille. Et la transition énergétique, bordel ?



Exploitation du gaz de houille : retour explosif en Cévennes ?
ARNAUD BOUCOMONT Midi Libre 08/02/2013 

 Du passé minier des Cévennes (ici le musée de la Mine de la Grand Combe), un peu plus ancien certes que la Lorraine, peut-il ressurgir du gaz de houille ? Oui, répond Karim Ben Slimane, directeur du département prévention et sécurité au Bureau de recherche géologique minière.


Musée de la Mine de la Grand Combe (ARCHIVE - ALEXIS BETHUNE) 

Le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg s’est dit favorable à l’exploitation du gaz de houille - le grisou des anciennes mines de charbon - en Lorraine. Mais Quid du bassin alésien et de son passé minier ? Bataille d’arguments.


Quand il n’y en a plus, il y en a encore ! Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, n’a pas laissé la chaleur autour des gaz de schiste retomber.

Lundi, il s’est dit favorable à l’exploitation du gaz de houille - le grisou des anciennes mines de charbon - qui aurait l’avantage, contrairement au gaz de schiste, de ne pas nécessiter de fracturation hydraulique. La société European gas limited a déjà entamé l’exploration du sous-sol lorrain, affirmant que ce dernier recèle "neuf ans de consommation française au gaz".

 

Du gaz de houille dans les Cévennes ?

Du passé minier des Cévennes, un peu plus ancien certes que la Lorraine, peut-il ressurgir du gaz de houille ? Oui, répond Karim Ben Slimane, directeur du département prévention et sécurité au Bureau de recherche géologique minière (BRGM).

"En Languedoc-Roussillon, il y a du potentiel à Alès. Ce n’est pas absurde qu’un opérateur pétrolier s’y intéresse. Par contre, du côté du Bousquet d’Orb, dans l’Hérault, ou de Decazeville, en Aveyron, il s’agit de petits bassins qui ont été beaucoup exploités. Il ne doit pas rester beaucoup de charbon vierge avec du gaz."

Selon l’intercollectif Gardéchois : "Cette activité est extrêmement polluante"

Car selon Karim Ben Slimane, il ne s’agirait pas d’aller puiser dans les mines du gaz dit CMM (coal mine methane) mais, en périphérie, de forer dans des zones intactes pour en extraire un gaz de couche baptisé CBM (coal bed methane).

"Exploiter du CMM coûterait les yeux de la tête, ça suppose que les mines n’aient pas été ennoyées", explique le BRGM. Et à Alès ou La Grand-Combe, les galeries, pompées en phase d’exploitation, sont désormais sous l’eau.

Ce gaz ne peut être extrait qu’en pompant l’eau

Mais c’est bien l’eau, quel que soit le gaz exploité, qui fait souci. Car même sur des sites non exploités par les mines, le gaz ne peut être extrait qu’en pompant l’eau contenue dans la couche de charbon.

"Cette activité est extrêmement polluante, assure l’intercollectif Gardéchois. La très grande quantité d’eau extraite est salée et riche en arsenic, soufre, métaux lourds, métaux radioactifs (...). Par ailleurs, la dépression créée engendre une modification des fluides souterrains et permet la pénétration d’air. Le risque d’incendie spontané devient alors important."

Ces arguments sont battus en brèche par Karim Ben Slimane : "On sait que l’eau de la mine d’Alès ne contient ni métaux lourds ni substances radioactives." Quant au risque d’incendie, il est nul selon le responsable du BRGM : "À environ 600 mètres de profondeur, c’est impossible. C’est une ineptie. On ne va pas injecter de l’oxygène au fond du forage, comme on pouvait en trouver dans les galeries avec les fameux feux de mine."

Quant à l’exploitation elle-même, le charbon, plus poreux que le schiste, semble garantir de ne pas recourir à la fracturation hydraulique... "Une affirmation rapide qui néglige le récent rapport de l’Institut français du pétrole", selon un autre intercollectif, dit du 22-septembre... Qui cite une mention dans le rapport : "Dans les cas où la fracturation naturelle est insuffisante, la technique de fracturation hydraulique est utilisée."

Ce ne serait pas en tout cas la première fois qu’on utiliserait en France ce gaz de houille

"L’expression “usine à gaz”, ça vient de là, rappelle Karim Ben Slimane. On distillait le charbon et on récupérait ainsi le gaz qui était exploité pour le gaz de ville ou l’éclairage." Puis vint, au milieu du XXe  siècle, le boom du gaz de Lacq et du pétrole. On ne ferait donc aujourd’hui que recycler d’anciennes recettes. On n’arrête pas le progrès.

L'article sur le site de Midi Libre 

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Extrait 

"Ils auront beau être en marinière, ces gaz resteront toujours aussi réchauffants pour le climat et n'en resteront pas moins du grisou", a estimé de son côté Benoît Hartmann, porte-parole de France Nature Environnement (fédération de 3 000 associations). Pour FNE, "cela ressemble fort à un cheval de Troie pour nous faire croire qu'il pourrait exister une exploitation écologique des hydrocarbures, or c'est faux".

A la fin de la semaine dernière, FNE, FNH et onze autres organisations ont écrit au premier ministre pour lui demander "un entretien pour clarifier la position du gouvernement" sur divers sujets, donc le gaz de houille et le nucléaire.


  
  

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Anne-Yvonne Le Dain (PS) confirme qu'elle souffre d'une éco-invalidante "fracturation politique" !
Elle ne rejette pas en bloc la fracturation hydraulique...(à lire ci-dessous)

Le gaz de schiste reste dans l’air
Un site d'extraction de gaz de schiste près de Canton, en Pennsylvanie, le 8 janvier. 

 Décryptage Deux députés, jugés proches des industriels par plusieurs élus, sont chargés d’évaluer les techniques alternatives d’extraction.






Le NPA, la transition écologique et la transformation sociale (extrait de Nos réponses à la crise)

Engager une transition écologique et sociale en rupture avec le capitalisme et le productivisme

La grande crise que nous traversons est une crise globale : économique, sociale, mais aussi écologique et civilisationnelle. Les réponses proposées doivent être aussi globales. La transition écologique et sociale que nous défendons vise à mettre au cœur du fonctionnement des économies la satisfaction des besoins humains individuels et sociaux dans le respect des équilibres écologiques de plus en plus menacés.

La crise écologique en cours résulte en premier lieu du fonctionnement même du capitalisme et de sa fuite en avant destructrice. Les atteintes portées aux écosystèmes comme les perturbations des grands cycles régissant la biosphère – comme celle du cycle du carbone à l’origine du changement climatique en cours – menacent la pérennité de nombreuses activités humaines qui reposent sur leurs bases. [...]

Les issues à la crise conjointe, sociale et écologique, sont d’abord politiques. Au plan industriel et technologique, il s’agit de mettre les «travailleurs associés», en position de construire les nouvelles interconnexions entre l’emploi, la sortie du nucléaire et des productions polluantes et la transition vers les énergies alternatives, la réorganisation des villes et des transports, la construction de logements sociaux à basse consommation énergétique, les services publics (éducation, santé, transports, eau …), la sortie des systèmes agricoles très polluants et à haute intensité d’émissions de gaz à effets de serre, l’évolution des habitudes alimentaires, etc.

La transformation économique, écologique et sociale prendra appui sur toutes les expériences régionales et locales. Mais son cadre sera nécessairement coordonné au niveau national et aussi vite que possible européen. À ces deux niveaux, des mécanismes de planification démocratique pour les principaux secteurs de l’économie et de la production devront être mis en œuvre dans une perspective de coopération internationale des peuples.

En effet, le fonctionnement désordonné et à court terme de la coordination économique par le marché ne peut pas rendre cohérente une telle transition. L'interdépendance entre les diverses dimensions des changements engagés doit être organisée : relocalisation des économies, transformations progressives du logement, des transports, des investissements industriels et agricoles, des infrastructures, de l'énergie. Il faut pouvoir établir des priorités, par exemple favoriser le développement des transports collectifs et des modes de déplacements non polluants. À un autre niveau, un maillage des territoires garantissant l'accès de l'ensemble de la population aux services de santé (prévention et soins) se construit dans la durée et nécessite des investissements et des politiques de formations adéquates.

Les mécanismes du marché sont incapables de faire émerger efficacement de tels choix qui engagent le long terme. Dans le cadre des échanges marchands, nul n'est incité à se préoccuper des conditions de la production des biens et services qu'il consomme sauf sur un mode culpabilisateur des individus pris séparément et qui vise à dédouaner les véritables responsables exploiteurs et pollueurs. Inversement, les débats publics qui accompagneraient des processus de planification ouverts participeraient au contraire d'une politique des modes de vie poussant les individus à intégrer dans leur comportement les intérêts de la communauté étendue, c'est-à-dire y compris les générations futures.[...]

Tout le monde sent bien l’urgence de la situation. Le basculement historique que représente la crise globale du capitalisme exige des réponses radicales pour beaucoup inédites.

La rupture avec l’économie de marché, avec la concurrence et le productivisme capitaliste, le développement d’une planification démocratique permettant aux hommes et femmes de prendre leur destin en main ne se fera pas d’un seul coup. Une phase de transition où l’avenir le disputera au passé, est inévitable. Il n’y a pas de sortie possible de la crise sans une lutte radicale pour le pouvoir démocratique de celles et ceux qui produisent les richesses tant matérielles que culturelles, sans une lutte pour un autre monde, celui du partage et de la communauté des biens, de la coopération des peuples, de la liberté et de l’émancipation humaine, la lutte pour un monde socialiste. Cette perspective suppose de concilier le développement humain avec l’impératif écologique.

Le texte intégral Nos réponses à la crise

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