La manifestation de Paris hier, devant l'ambassade de Tunisie, contre l'assassinat de Chokri Belaïd
(reportage photo)
Alain Krivine prend la parole pour le NPA
Tiré de la Phototèque rouge du site national du NPA
Quand Paris se lève pour la Tunisie (Libération)
article + video Reportage devant l'ambassade de Tunisie, où les manifestants ont suivi en direct les événements de mercredi.
A lire aussi
Solidarité et mobilisation après l’assassinat de Chokri Belaïd
(communiqué du NPA)
Chokri Belaïd, un des principaux
responsables de la gauche radicale tunisienne, vient d'être abattu par
balle ce matin devant chez lui.
ses proches ainsi qu'aux militant-es Tunisiens qui
partageaient son combat.
Les Tunisiens ne décolèrent pas après l'assassinat d'un opposant
Le principal syndicat appelle à la grève vendredi,
tandis que plusieurs voix au sein d'Ennahda dénoncent la formation d'un
gouvernement de technocrates
Tunisie : de l’assassinat politique à la crise de régime
.
De notre correspondante
L’exécution, hier, d’une figure de la gauche a choqué le pays. Et
contraint le Premier ministre islamiste à annoncer la formation d’un
gouvernement «sans appartenance politique».
L'assassinat de Chokri Belaïd, une figure de
l'opposition de gauche, met en lumière le climat d'incitation à la haine
et à la violence dans lequel est plongé la Tunisie depuis plusieurs
mois.
- Le principal syndicat tunisien appelle à la grève générale vendredi
- Le berceau du "printemps arabe" à l'heure du drame
- La Tunisie va former un gouvernement de "technocrates apolitiques"
La Tunisie vers une nouvelle révolution?
Mediapart 6 février 2013 |
Secrétaire général du parti des patriotes démocrates unifiés, une
formation de la gauche radicale, Chokri Belaïd a été assassiné mercredi 6
février, à El Menzah, dans la banlieue de Tunis. Des inconnus ont fait
feu sur lui alors qu’il se trouvait devant son domicile. Il a été
transporté d’urgence à une clinique de la cité Ennasr, où sa mort a
finalement été annoncée par les médecins. Chokri Belaïd sera enterré
vendredi.
Ce jeudi, tous les regards sont braqués sur le syndicat unique UGTT (Union générale tunisienne du travail), qui se réunit à 10 heures et doit décider s'il vote ou non la grève générale dans tout le pays. De son côté, le premier ministre, Hamadi Jebali, a annoncé mercredi soir que le remaniement ministériel, attendu déjà depuis de longues semaines, prendrait la formation d'une équipe restreinte, majoritairement composée de « technocrates ». « J'ai décidé de former un gouvernement de compétences nationales sans appartenance politique qui aura un mandat limité à la gestion des affaires du pays jusqu'à la tenue d'élections dans les plus brefs délais », a-t-il déclaré à la télévision mercredi soir. Aucun calendrier n'a été fixé ni aucun nom de futurs ministres donné.
L'assassinat
de Chokri Belaïd n'a pas été revendiqué. Mais pour les Tunisiens, il
s’agit bel et bien du premier assassinat politique en Tunisie depuis la
chute de la dictature Ben Ali en janvier 2011. En janvier 2012, Chokri
Belaïd avait déjà affirmé avoir été menacé de mort en pleine rue, sur
l’avenue Habib Bourguiba, en plein centre-ville de Tunis.
En fin d’après-midi, à l'issue d'une réunion au siège du Parti des travailleurs, les partis du Front populaire, Al Joumhouri, Al Massar et Nidaa Tounes, soit toutes les principales organisations d’opposition, ont décidé d'appeler à une grève générale nationale le jeudi 7 février ; d'organiser des funérailles nationales pour le secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié, Chokri Belaïd ; de suspendre la participation des députés de l'opposition à l'Assemblée nationale constituante, et de demander la formation d'un gouvernement d'union nationale.
Ce mercredi après-midi toujours, des manifestations spontanées ont eu lieu un peu partout dans le pays. Des violences ont éclaté notamment à Tunis, où une foule de jeunes manifestants en colère a attaqué par des jets de pierres la police avenue Bourguiba, érigeant des barricades malgré les tirs de lacrymogènes. Les affrontements ont causé la mort d'un policier, a annoncé dans la soirée le ministère de l'intérieur dans un communiqué.
Un rassemblement s'est par ailleurs tenu à Paris devant l'ambassade tunisienne. « Sous le choc », la sociologue tunisienne Héla Yousfi peinait à trouver les mots et craignait que le pays ne « s’embrase » à la suite de cet assassinat. Pour Adel Fekih, ambassadeur de Tunisie en France, « c'est un acte très grave que je condamne fermement. Les Tunisiens n'ont pas été habitués à cela », a-t-il ajouté en précisant qu'il fallait « arrêter la violence ».
L’ambassadeur tunisien a refusé toutefois de parler de risque de « déstabilisation » de la Tunisie, estimant qu’il s’agissait « d’un cas isolé et l'on ne sait pas encore qui est derrière tout cela ». Cité par la chaîne France 24, Fayçal Nacer, le chef adjoint de la communication du parti islamiste au pouvoir Ennahda, a de son côté appelé à la cohésion nationale après ce « crime politique ». « Tout le monde doit se débarrasser de ses convictions idéologiques aujourd'hui pour s'unir, a-t-il affirmé. La volonté nationale doit prendre le dessus pour dire non à ceux qui veulent plonger les Tunisiens dans une guerre intestine. On ne souhaite à aucun Tunisien de mourir pour ses idées. » Dans l'après-midi, huit militants tunisiens ont effectué un sit-in dans l'ambassade, et réclamé notamment une enquête officielle sur la mort de Chokri Belaïd. Un rassemblement de l'opposition devait avoir lieu dans la soirée devant l'ambassade.
Ce jeudi, tous les regards sont braqués sur le syndicat unique UGTT (Union générale tunisienne du travail), qui se réunit à 10 heures et doit décider s'il vote ou non la grève générale dans tout le pays. De son côté, le premier ministre, Hamadi Jebali, a annoncé mercredi soir que le remaniement ministériel, attendu déjà depuis de longues semaines, prendrait la formation d'une équipe restreinte, majoritairement composée de « technocrates ». « J'ai décidé de former un gouvernement de compétences nationales sans appartenance politique qui aura un mandat limité à la gestion des affaires du pays jusqu'à la tenue d'élections dans les plus brefs délais », a-t-il déclaré à la télévision mercredi soir. Aucun calendrier n'a été fixé ni aucun nom de futurs ministres donné.
En fin d’après-midi, à l'issue d'une réunion au siège du Parti des travailleurs, les partis du Front populaire, Al Joumhouri, Al Massar et Nidaa Tounes, soit toutes les principales organisations d’opposition, ont décidé d'appeler à une grève générale nationale le jeudi 7 février ; d'organiser des funérailles nationales pour le secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié, Chokri Belaïd ; de suspendre la participation des députés de l'opposition à l'Assemblée nationale constituante, et de demander la formation d'un gouvernement d'union nationale.
Ce mercredi après-midi toujours, des manifestations spontanées ont eu lieu un peu partout dans le pays. Des violences ont éclaté notamment à Tunis, où une foule de jeunes manifestants en colère a attaqué par des jets de pierres la police avenue Bourguiba, érigeant des barricades malgré les tirs de lacrymogènes. Les affrontements ont causé la mort d'un policier, a annoncé dans la soirée le ministère de l'intérieur dans un communiqué.
Un rassemblement s'est par ailleurs tenu à Paris devant l'ambassade tunisienne. « Sous le choc », la sociologue tunisienne Héla Yousfi peinait à trouver les mots et craignait que le pays ne « s’embrase » à la suite de cet assassinat. Pour Adel Fekih, ambassadeur de Tunisie en France, « c'est un acte très grave que je condamne fermement. Les Tunisiens n'ont pas été habitués à cela », a-t-il ajouté en précisant qu'il fallait « arrêter la violence ».
L’ambassadeur tunisien a refusé toutefois de parler de risque de « déstabilisation » de la Tunisie, estimant qu’il s’agissait « d’un cas isolé et l'on ne sait pas encore qui est derrière tout cela ». Cité par la chaîne France 24, Fayçal Nacer, le chef adjoint de la communication du parti islamiste au pouvoir Ennahda, a de son côté appelé à la cohésion nationale après ce « crime politique ». « Tout le monde doit se débarrasser de ses convictions idéologiques aujourd'hui pour s'unir, a-t-il affirmé. La volonté nationale doit prendre le dessus pour dire non à ceux qui veulent plonger les Tunisiens dans une guerre intestine. On ne souhaite à aucun Tunisien de mourir pour ses idées. » Dans l'après-midi, huit militants tunisiens ont effectué un sit-in dans l'ambassade, et réclamé notamment une enquête officielle sur la mort de Chokri Belaïd. Un rassemblement de l'opposition devait avoir lieu dans la soirée devant l'ambassade.
Communiqué des «sitineurs» de l'ambassade de Tunisie à Paris
Mercredi soir près de l'ambassade tunisienne à Paris, plusieurs
centaines de personnes se sont rassemblées dès 18 heures, à l'appel
notamment de la section française du Front populaire, coalition d'une
douzaine d'organisations de gauche.
Principal dirigeant des patriotes démocrates, qui n’a pas obtenu de
sièges lors de l’élection de la Constituante tunisienne le 23 octobre
2011, Chokri Belaïd était aussi un avocat habitué des médias. Né en
1964, après des études de droit en Irak et en France, Chokri Belaïd
avait, dans les années 1980, fait partie du bureau exécutif de l’Union
générale des étudiants de Tunisie (UGET). Il avait notamment été
emprisonné en 1987 pour son engagement au sein de la gauche radicale et
du mouvement étudiant. Au lendemain de la révolution du 14 janvier 2011,
il avait été nommé au sein de la Haute instance pour la réalisation des
objectifs de la révolution, présidée par le juriste Yadh Ben Achour et
constituée pour élaborer notamment la future loi électorale.
Sans poids dans les débats de l’Assemblée, il était cependant une voix
particulièrement écoutée, se faisant l'expression de la contestation
d’un gouvernement très critiqué ces derniers mois. Au sein du Front
populaire, l’un des mouvements d’opposition à Ennahda, il ne ménageait
pas ses critiques contre un gouvernement qu’il accusait régulièrement de
négligence et d’attiser la violence, notamment dans sa gestion jugée
par trop laxiste du dossier salafiste. Mardi 5 février, Chokri Belaïd
avait pris la parole lors d'un débat sur le chaîne tunisienne Nessma TV, estimant que « la violence politique en Tunisie est liée à la crise interne que traverse Ennahda ».
Après cet assassinat, tous les regards se portent sur le parti
musulman conservateur au pouvoir, Ennahda, ouvertement accusé par la
famille du défunt d'être responsable du meurtre de l'opposant. Son frère
a immédiatement accusé le dirigeant d'Ennahda, Rached Ghannouchi, « d'avoir fait assassiner (son) frère ».
Plusieurs partis d'opposition et des syndicalistes ont également accusé des « milices pro-Ennahda »,
infiltrées notamment au sein des très controversées ligues de
protection de la révolution – ligues cependant très loin d’être
homogènes – d'orchestrer des heurts ou des attaques contre les
opposants. Hamma Hammami, dirigeant du Front populaire dont fait partie
le mouvement de Chokri Belaïd, a de son côté dénoncé « l'indulgence coupable du gouvernement et de certains hommes politiques à l'égard des appels à la violence ». À Gafsa, dans le sud du pays, et au Kef, à l’est, les sièges du parti musulman ont été brûlés.
Devant le parlement européen, le président de la République, Moncef Marzouki a, de son côté, dénoncé un « odieux assassinat ".
L’assassinat du Chokri Belaïd intervient dans un contexte politique tunisien particulièrement troublé, où l’absence de progrès sociaux et économiques, et la panne du processus de justice transitionnelle, pèsent de tout leur poids sur un gouvernement divisé et particulièrement contesté. Minée par les affaires et son incapacité à diriger le pays de manière collégiale, la troïka des partis Ennahda-CPR-Ettakatol au pouvoir a fait étalage ces derniers mois de désaccords qui se retrouvent même au sein du parti Ennahda. C’est notamment le sens de la récente démission du très controversé Lotfi Zitoun de ses fonctions de conseiller auprès du premier ministre Hamadi Jebali.
Devant le parlement européen, le président de la République, Moncef Marzouki a, de son côté, dénoncé un « odieux assassinat ".
L’assassinat du Chokri Belaïd intervient dans un contexte politique tunisien particulièrement troublé, où l’absence de progrès sociaux et économiques, et la panne du processus de justice transitionnelle, pèsent de tout leur poids sur un gouvernement divisé et particulièrement contesté. Minée par les affaires et son incapacité à diriger le pays de manière collégiale, la troïka des partis Ennahda-CPR-Ettakatol au pouvoir a fait étalage ces derniers mois de désaccords qui se retrouvent même au sein du parti Ennahda. C’est notamment le sens de la récente démission du très controversé Lotfi Zitoun de ses fonctions de conseiller auprès du premier ministre Hamadi Jebali.
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