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Mairie de Montpellier. Marc Dufour, vous savez, le gars de droite qui fait des claquettes à gauche !



Bluffeur, expert en intox...c'est Midi  Libre qui le dit !


Midi Libre n'y va pas avec le dos de la cuillère. Abandonnant son habituel langage feutré et plutôt "arrondi" pour "dire" les gens de pouvoir, le voilà qui mord et griffe; il faut dire que ce qu'il rapporte ne manque pas de sel. Alors autant y ajouter une pincée de poivre. Dans l'article Montpellier : le bluff de l'adjoint au commerce Marc Dufour nous lisons ainsi que celui-ci a cité, "lors de la conférence de presse censée lancer, en grande pompe médiatique, le futur Jeu-de-Paume, deux grandes enseignes de ce haut de gamme dont il se pique de faire une carte gagnante : Nespresso et Lacoste." Mais ce "coup politico-médiatique" vient de faire flop : "Raymond Verdu, propriétaire de trois boutiques franchisées Lacoste, deux à Montpellier et une à Lattes, ne cache pas une surprise teintée d’amusement". "J’ai été vraiment très étonné d’apprendre dans Midi Libre que j’allais ouvrir une boutique sur le Jeu-de-Paume, dès cet automne !" "Je ne sais vraiment pas pourquoi Marc Dufour vous a dit cela."

Et Nespresso, me direz-vous ? Eh bien, c'est Midi Libre qui le dit encore, "il semble que le roi de la dosette préfère toujours le bas de la rue Foch au Jeu-de-Paume. Quant à espérer voir George Clooney... Seul Marc Dufour veut y croire.

Devant tant de désinvolture, le journaliste a craqué en titrant sa conclusion "Expert en intox" assortie de ce commentaire faussement apaisé : "Jamais avare d’un effet d’annonce, Marc Dufour aura bien alimenté le feuilleton du Jeu-de-Paume."

Nous, au NPA, on comprend bien l'irritation, mais ce qui nous interpelle surtout, par-delà l'esbroufe en effet inacceptable, c'est cette politique commerciale de prestige-grand-luxe, Clooney par-ci, Clooney par-là, c'est une conception du développement d'un centre ville pour gens à fric-à fringues siglés croco-peu l'accostent alors que, sur fond de  17 000 logements vides, il y a, à d'autres endroits de la ville bien sûr, toujours plus d’âmes mal-logées, en transit et qu'à quelques encablures de là l'on peut jeter à la rue une famille; alors que Montpellier se retrouve unlimited à compter 27% de pauvres ! 

Et comment oublier que, dans l'instant où Dufour joue de la flûte pour appâter, qui plus est, en vain, les Lacoste et autre Nespresso, la jeunesse en colère des quartiers populaires cherche désespérément "changement maintenant" ! tandis que la camarade maire, Hélène Mandroux, (se) dépense sans compter pour communiquer !

Alors disons-le brut de décoffrage, Dufour, c'est ce qu'il incarne politiquement qui nous intéresse, le bonhomme et sa frivolité on s'en fout... quoique pas vraiment car on n'oublie pas d'où "ça" vient : Libération nous rapportait dans un article mémorable de 2003, comment cet "ancien dirigeant et actionnaire d'Air Littoral, [avait réussi, grâce à "une manoeuvre dilatoire [du repreneur de l'entreprise] qui n'avait trompé personne"] à s'affranchir de toute responsabilité dans la faillite de la compagnie qu'il avait dirigée de 1992 au 22 août 2003, tout en se libérant du dossier [pour se présenter] à la tête d'une liste UDF aux élections régionales." Que cette manoeuvre se soit doublée du licenciement de 250 salariés en dit long sur celui que la gauche montpelliéraine, PS et PC, ont jugé bon d'accueillir dans leur équipe, en 2008, alors que "la compagnie Air Littoral qu'il avait dirigée pendant presque 11 ans " [n'avait] jamais gagné d'argent... mais [avait] permis à ses actionnaires de s'enrichir". Une enquête financière avait même permis de conclure : «Force est de relever que la présentation des comptes d'Air Littoral sous un angle faussement déficitaire et les restrictions imposées à ses salariés entre 1992 et 1998 ont surtout servi les intérêts de ses dirigeants» tandis qu'un "fac-similé de «l'application de la convention du 9 janvier 1998» portant sur des échanges de titres entre différents actionnaires, dont Marc Dufour, [mettait en évidence que celui-ci et deux autres dirigeants de la boîte avaient] chacun encaissé 35 millions de francs. D'où venait l'argent ? Les opérations ne figurent pas dans les comptes sociaux de la compagnie." Pour accéder à d'autres péripéties attachées à ce personnage on se reportera avec profit à l'article de Libération dont nous avons donné le lien plus haut.(on pourra aussi voir ce qu'il en fut un an après dans cet autre article : Air Littoral : polémique autour de la gestion de Marc Dufour )

Donc finalement, oui, Air Littoral-Jeu de Paume/Lacoste/Nespresso, cela a du sens, mais du bon gros sens politique : Marc Dufour recycle en effet, de toute évidence, à la municipalité les qualités "capitalistes" qui avaient fait merveille dans l'aéronautique...au détriment de tant de salariés : mais sa partition tout en "bluff" et "intox" s'inscrit désormais dans une politique municipale se réclamant de la gauche et, au fond, sert de verre grossissant des carences de celle-ci...à être de gauche. Car le Modem (1), on le sait bien, Mélenchon l'a répété mille fois, c'est de la droite bien sentie...Et pourtant...

Et pourtant la question revient vers ceux qui au Front de gauche pourraient penser que l'alliance du PCF, avec ce PS montpelliérain, qui s'acoquine avec le Modem, est tenable et compatible (ou simplement tolérable) avec la volonté affichée de rompre avec l'austérité, voire, pour certains, avec le capitalisme : Passet et ses camarades communistes à la mairie, que disent-ils du faux-vrai choix de Lacoste et Nespresso pour le Jeu de Paume ? Que disent-ils surtout de la conception de l'organisation de l'espace urbain sous-tendue par ce que porte Dufour au nom de toute, oui, toute, l'équipe municipale ? Est-ce que l'on n'en parle plus, comme d'habitude, sans en avoir même parlé, comme on ne parle plus des prouesses du camarade PDG d'Air Littoral ? Un peu court, non, par rapport à ce que l'on pouvait lire dans L'humain d'abord, pendant la campagne présidentielle du Front de gauche sur l'air de "Prenez le pouvoir !".

Militants du NPA, nous pensons que, si l'on est sérieux avec la volonté de combattre l'austérité capitaliste et si l'on respecte le peuple qui subit méchamment le social-libéralisme des camarades de Mandroux, lequel est appuyé ...par l'ex grand camarade de Dufour (Bayrou vote encore Hollande), il faut rompre avec le PS. Alors, avec Dufour, pensez donc !

(1) En délicatesse avec François Bayrou qui a obtenu sa suspension du Modem en 2010 (lire ici), Marc Dufour n'en est pas moins membre d'une liste municipale estampillée : Groupe Centriste Modem et Parti Radical de Gauche.

Illustration 2 : Passet (PCF), 2e adjoint, à gauche du 1er adjoint (PS), "spécialiste de la question rom", lui-même à droite de madame le maire (PS).

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