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Labos d'analyses médicales. "Comme son prédécesseur de droite, le gouvernement socialiste s’apprête à ratifier sans état d’âme un projet ultralibéral pour satisfaire les intérêts de lobbies financiers"


Ces labos de proximité jaloux de leur liberté
SID MOKHTARI Midi Libre 01/04/2013

Pascale et Pascal Poy se rebiffent pour préserver leur laboratoire et leur mode de travail.

Pascale et Pascal Poy se rebiffent pour préserver leur laboratoire et leur mode de travail. (D.R) 


Les biologistes s'inquiètent des conséquences d'une réforme de la biologie médicale en examen. Elle pourrait favoriser les grands groupes financiers selon eux.

Une réforme de la biologie médicale est en cours d’examen à l’Assemblée Nationale. Ce texte impose aux laboratoires d’analyse médicale une accréditation, preuve de la qualité de leur travail, qui pourrait coûter jusqu’à 175 000 € par an.

Certains biologistes, qui dirigent des laboratoires de proximité, se rebiffent. Comme le docteur Pascal Poy qui, avec son épouse Pascale, a pignon sur rue sur le quai Vallière à Narbonne. Dix personnes y travaillent.


100 000 € pour la plus "petite" machine

"Cette réforme est incompréhensible. Car les labos, comme le nôtre, sont déjà soumis à des normes et à des contrôles de qualité draconiens. Avec du matériel high-tech, très performant, bénéficiant d’une rigoureuse maintenance". La plus “petite” machine coûte la bagatelle de 100 000 €. Aussi la plupart sont en leasing.
Le médecin narbonnais estime que cette réforme a un but non avoué : "Affaiblir les 'petits' laboratoires qui auront du mal à payer une telle somme, afin de permettre à de puissants groupes financiers de les racheter et créer ainsi des centres d’analyses industriels".

Les prélèvements de sang ou d’urine partiraient dans des glacières vers ces centres régionaux souvent éloignés. Les labos ne deviendraient que de simples sites d’accueil pour piquer les patients. Et les biologistes de simples exécutants, voyant considérablement réduit l’intérêt de leur métier, eux qui ont étudié dix ans après le bac...


Vers une dégradation de la qualité de soin ?

"Pour le patient, cela signifie la fin d’une prestation de soin de proximité, une dégradation de la qualité de soin en raison des conditions de transport des prélèvements et une mise en danger concrète de sa santé dans le cadre d’une analyse d’urgence si, par exemple, il y avait un embouteillage", insiste Pascal Poy.
Et d’ajouter : "Comme leur prédécesseur de droite, le gouvernement socialiste s’apprête à ratifier sans état d’âme un projet ultralibéral pour satisfaire les intérêts de lobbies financiers".


Rentabilité et dédhumanisation

Lui et ses collègues demandent au gouvernement un moratoire sur la ratification du projet de réforme, annoncée en procédure législative accélérée, ainsi que l’ouverture d’une véritable consultation de l’ensemble des professionnels du secteur.

Quant à Pascale Poy, elle s’interroge sur l’avenir. "Ces groupes financiers n’ont que le mot rentabilité à la bouche. Au risque d’une déshumanisation. Nous, nous recevons des gens. On parle avec eux. On s’y attache. Un lien de confiance se tisse. En cas de problème, on leur téléphone. Et c’est la même chose avec les médecins qui apprécient que nous puissions les alerter sur le cas d’un patient qui, peut-être, leur aurait échappé. Ils sont très demandeurs de ça".

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 La position du NPA sur la place des labos dans le système de santé qu'il défend

Communiqué du NPA (mars 2011). Ni trust, ni S.A.R.L., pour des laboratoires d'analyses médicales publics

Une Ordonnance gouvernementale de 2010 a largement ouvert le marché de l'analyse médicale aux grands groupes financiers, théoriquement pour réduire les coûts. Au grand dam des biologistes propriétaires de leurs labos. La concentration se fait à grands pas avec à terme des suppressions d'emploi prévisibles et la fermeture de labos privés de proximité.


Le lobby des biologistes privés joue de cette situation en lançant une large campagne de pétitions pour défendre leurs intérêts bien compris sous prétexte de défendre les petites gens.


Les travailleurs et la population ne doivent pas se laisser piéger par cette manipulation. La vraie solution est la nationalisation des labos privés d'analyses médicales et le développement d'un Service Public de santé de proximité, incluant tous les services de santé, labos, radios, etc., intégrant les personnels issus des laboratoires privés qui devront bénéficier du statut public. Il est également indispensable de donner des moyens supplémentaires aux laboratoires des hôpitaux publics pour leur fonctionnement et leur développement.

Le 1er mars 2011.

Le site Planète médecine avait commenté cette prise de position en ces termes : "Le constat est pertinent : il y a une vraie inquiétude au sujet de la biologie de proximité et du rôle croissant mais peu lisible des groupes financiers dans le secteur mais un peu excessif (tous les biologistes ne sont pas des capitalistes en haut de forme et cigare). La proposition est par contre radicale mais elle a le mérite de relancer le débat." (article à lire ici)

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