Analyses, écoute, débat autour de l'alternative au capitalisme, à la marchandisation de la santé et de la recherche
Correspondance (texte et photos) NPA 34
80 personnes environ sont venues écouter Philippe Pignarre et Marc Peschanski décrire le mécanisme capitaliste de fabrication du profit au coeur de ... la fabrication des médicaments. En introduction, des représentants des personnels en lutte de Sanofi et des précaires de la recherche ont posé le cadre militant de la soirée : l'expertise portée par les deux intervenants invités allait s'articuler étroitement à ce que ces luttes mettent en évidence comme désorganisation-réorganisation capitaliste de la santé et de la recherche.
Décrivant précisément la primauté commerciale, financière et actionnariale, en cours dans les pratiques du secteur pharmaceutique, en les replaçant dans leur évolution dans le temps, les orateurs ont pointé l'importance des brevets dans le verrouillage à l'oeuvre pour neutraliser toute logique de l'intérêt public, celui de la santé de tous. Court-termiste, par ses choix de valorisation et de profitabilité maximales, ce qu'il faut appeler, au plein sens du terme, une industrie ne s'embarrasse plus de soumettre ses produits à des expérimentations cliniques fiables avant commercialisation. Dans les nombreux échanges qui ont suivi l'exposé des intervenants se sont croisés des témoignages et des propositions pour combattre un état de fait préjudiciable aux travailleurs du secteur (recherche et fabrication) comme aux populations dont la santé est ainsi mise en péril. Le consensus autour de la nécessité de casser l'emprise capitaliste sur les médicaments et plus généralement sur la santé, emprise exercée sur fond de transferts financiers du public vers le privé, a cependant fait place à une discussion ouverte sur le rôle de l'Etat dans le processus de réappropriation publique des questions de santé avec, en point de mire, le rôle autonome, que pourraient/devraient jouer les personnels et les usagers dans ledit processus.
La question de la recherche publique, en lien avec son instrumentalisation par l'industrie pharmaceutique, mais non strictement réductible à elle, a également été largement abordée autour des méfaits des évaluations sur projet qui changent la nature du métier de chercheur, là aussi dans une logique court-termiste telle que consacrée par la loi Fioraso. Loi qui fait totalement l'impasse sur le phénomène si caractéristique de l'actuelle désorganisation du service public de la recherche : la précarisation sans cesse aggravée des chercheurs qui, outre les dommages induits sur les situations personnelles, percute les procédures de construction des connaissances sur le temps et sur la base d'un tâtonnement expérimental appuyé sur cette nécessaire "prise de temps". Les cycles des savoirs sont désormais appelés à être toujours plus soumis aux cycles des avoirs actionnariaux...Malgré les difficultés du moment à les mettre en place, c'est bien par les luttes et leur généralisation, leur coordination - les orateurs ont insisté sur ce point : on ne gagnera pas en se battant chacun dans son secteur - que le sens public des choses reprendra ses droits. Nécessairement par la sortie du capitalisme...
La richesse de cette soirée organisée par le Comité d'action Sanofi/Recherche publique et appuyée par des syndicats, des associations et des partis (Front de Gauche et NPA) est une incitation à poursuivre, dans le cadre unitaire établi, l'approfondissement des sujets abordés et la concrétisation de la démarche sociale mais aussi politique susceptible d'ouvrir vers la rupture anticapitaliste posée ce soir comme incontournable !
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