Saint-Christol-lez-Alès (Gard). Des grévistes pour la défense de leurs emplois, un patron de choc à l'oeuvre...et un syndicat qui dénonce la grève !
Tout commence par un mouvement de grève...
Communiqué du NPA du Gard
Soutien total aux salariées de Call Expert de St Christol les Alès.
Le 5 juin les salariés de la société Call Expert, grand groupe international spécialisé dans les centres d’appel, ont constaté que la direction avait abandonné le site. Portes fermées et outils de travail neutralisés. Les salariées présentes sur le site sont sans production, les contrats en alternance abandonnés à eux-mêmes. C’est la réponse de la direction à une menace de grève. Depuis le site est occupé jour et nuit pour garder l’outil de travail et les locaux.
Le Pdg du groupe Call Expert est un spécialiste du genre : il rachète ou crée des « call centers » pour toucher des subventions. A Saint-Christol il a touché prés d’un million d’euros. Il a tiré son profit maximum et, à la moindre résistance, il s’en va.
Nous dénonçons ces pratiques de patron voyou, méprisant, considérant ses salariées comme des "kleenex".
Nous appelons à la convergence des luttes, à l'occupation et à l'autogestion du site. Ensemble refusons la résignation et orchestrons la riposte en réclamant ce qui est dû aux employées : salaires, travail et reconnaissance.
NpA du Gard, le 6 juin 2013
Les salariés veulent des garanties pour leurs emplois.
(Photo FRED GAUTIER)
Des salariés de la société de phoning ont déclenché un mouvement de
grève depuis hier matin. Ils veulent notamment des garanties pour
l'emploi sur le site cévenol.
Depuis hier matin 9 heures, des salariés CGT de Call Expert sont en
grève et la société de phoning basée à Saint-Christol-lès-Alès ne répond
plus au téléphone. Le mouvement a été décidé en assemblée générale
devant une cinquantaine de salariés mardi soir."Nous sommes en grève illimitée, explique Stéphanie Mallia, déléguée syndicale CGT et membre du comité d’entreprise. Au centre de revendications, on veut des garanties pour nos emplois."
Le souci pour l’entreprise de phoning est que deux contrats de clients vont arriver à échéance sans être renouvelés. L’un avec France Loisirs qui représente 10 % de l’activité et finit le 26 octobre prochain et l’autre avec Odigeo (une agence de tourisme en ligne) qui en représente, lui, 80 % et se termine le 31 décembre 2013, selon la déléguée CGT.
"Perso, j’ai pris une claque ce matin"
Entre-temps, Call Expert a soumissionné à deux appels d’offres, l’un avec la SNCM - "une entreprise en liquidation", affirme Stéphanie Mallia - et l’autre avec Amadeus, une entreprise œuvrant dans le secteur tourisme.
"M. Delamare (NDLR : le PDG) nous les avait présentés il y a un moment mais on ne voit rien venir et on a l’impression de se faire balader. Il y a six mois, on avait acté que du travail descendrait d’Abbeville (NDLR : un autre site de phoning) où ils sont débordés, sur Call Expert. Et là aussi, on ne voit rien venir... S’il veut fermer, il fermera, mais il assumera ses responsabilités", assène Stéphanie Mallia.
La totalité des 105 salariés ne font pas pour autant tous grève. Mais ceux qui ont pris leur poste hier matin n’ont pas pu travailler. L’accès au réseau était fermé.
"Perso, j’ai pris une claque ce matin, peste cette salariée non gréviste, moi je suis manager et je n’ai rien pu faire, je n’ai accès à aucune application nécessaire pour bosser, on ne peut plus produire !" Quant aux appels à la société de Saint-Christol, ils sont redirigés vers un autre site de phoning, assure-t-elle. Et impossible de s’adresser à la directrice, elle n’est même pas venue sur le site hier, déplorent les salariés.
"Nous, on ne négocie pas par téléphone"
"J’ai reçu un mail de la direction des ressources humaines (DRH) pour qu’on présente nos revendications, précise Stéphanie Mallia, mais nous, on ne négocie pas par téléphone, on veut, présents sur le site, le PDG, la DRH et la directrice, enjoint-elle. La suite est entre leurs mains. On est ouverts à la discussion avec ces trois personnes, assure la déléguée CGT, mais sur le site de Call Expert."
Dans l’après-midi, un mail de la direction leur était parvenu avec une proposition de rencontre. La CGT de Call Expert en était à lui faire une réponse.
Dans leur mouvement, les salariés grévistes ont reçu le renfort de l’union locale CGT d’Alès, en la personne de Bernard Vire, son secrétaire, et d’un responsable, qui en appelle aux élus et "à la solidarité des autres syndicats". Appel qui n’a pas été du goût de tout le monde (lire ci-dessous).
La CFDT ne cautionne pas et parle d' "irresponsabilité"
"Si en effet le principal client Odigéo n’a pas reconduit" son "contrat", on trouve prématuré "d’engager une action, l’activité étant maintenue sur le site jusqu’en décembre 2013 et le PDG du groupe s’étant engagé à tout mettre en œuvre pour trouver de nouveaux contrats."
Et de développer l’argumentation suivante. "Nous déplorons cette situation. En l’état actuel, nous craignons qu’Odigéo ne respecte pas le délai de prévenance et en profite pour se désengager dès à présent et qu’avec cette mauvaise publicité, si le conflit venait à s’enliser, cela va être mission impossible pour retrouver des contrats à faire exploiter par Call Expert."
Sébastien Gil conclut, en n’y allant pas avec le dos de la cuillère : "Si les conditions de travail ne sont pas idéales dans cette entreprise, pour autant, faut-il tout mettre en œuvre pour la faire fermer ? Dans un bassin d’emplois aussi touché que le nôtre par le chômage, faire un trait sur 127 emplois c’est tout simplement irresponsable !"
Les Salarié(e)s de l'Entreprise Call-Expert de Saint Christol les Alès (GARD) sont en grève illimitée depuis lundi
pour la survie des 105
emplois du Site de Saint Christol les Alès.
Vous trouverez ci-joint le
tract appelant à la solidarité financière envers ces Salarié(e)s
Les dons éventuels sont à adresser à l'Union Locale CGT d'Alès Bourse du Travail
7, Place Georges Dupuy 30100 Alès
en précisant au dos du chèque
"CGT CALL-EXPERT ALES"
Les Salariés vous remercient d'avance de votre soutien.
A lire aussi
Extrait : La direction a fermé l’accès aux logiciels d’application au personnel -
y compris ceux qui voulaient travailler - dès l’annonce du mouvement
social connu, après une assemblée générale le mardi soir.
"Je suis fatiguée, très fatiguée, je vous avoue que j’ai du mal à
dormir", poursuit la jeune fille qui dort sur place "pour protéger les
locaux et le matériel", mais qui dit sa légère angoisse le soir venu,
même si elle n’est pas seule. "J’ai l’impression de me battre mais qu’il
n’y a personne en face..."
Comme beaucoup, Khadija reconnaît une lassitude générale, tout en expliquant faire ça "pour garder notre travail".
Comme beaucoup, Khadija reconnaît une lassitude générale, tout en expliquant faire ça "pour garder notre travail".
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