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Délinquance. Trucage des chiffres par Sarkozy... "Pour l’instant, je n’entends pas beaucoup le ministre Manuel Valls sur le sujet"


Les chiffres de la délinquance «manipulés» par Sarkozy en son temps ?  
La Dépêche 13/07/2013

Pour ne pas gonfler les chiffres, certains délits étaient reclassés en contravention./Photo DDM 

Dérives, anomalies, manipulations... Les termes employés par l’Inspection générale de l’administration (IGA) à propos des chiffres de la délinquance font froid dans le dos. Dans un rapport remis jeudi au ministère de l’Intérieur Manuel Valls, l’IGA dénonce une manipulation des statistiques au service d’une politique du chiffre qui aurait été mise en place depuis 2006.

Un homme est clairement mis en cause par cette enquête : Nicolas Sarkozy, d’abord ministre de l’intérieur puis président de la République, qui en avait fait son cheval de bataille. Une politique qui «a largement contribué à cette absence ou ce désengagement du contrôle de l’enregistrement des plaintes», relève l’IGA.

Des quotas à ne pas dépasser

Plusieurs dérives sont constatées par les inspecteurs qui citent notamment deux directives qui ont eu pour effet de sortir «dès 2007 et les années suivantes, près de 130000 faits» des chiffres officiels. L’une d’entre elles consiste par exemple à reporter de façon systématique la comptabilisation des faits dès lors que les objectifs assignés à un commissariat sont atteints pour le mois. En clair, les policiers attendent le mois suivant pour rentrer d’autres actes de plaintes, dès lors que le quota est rempli...

Autre pratique courante, la requalification des faits. En effet, l’enquêteur peut choisir «d’ajuster» la qualification des dégradations et de les classer dans la case du délit ou celle de la contravention ; cette dernière n’entrant pas dans les statistiques de la délinquance...

Le rapport de l’IGA n’est pas le seul à dénoncer l’instrumentalisation des chiffres de la délinquance. Dans un ouvrage intitulé Le livre noir de la délinquance, le colonel de gendarmerie Jean-François Impini dénonce une instrumentalisation au service du politique qui aurait débuté en 2002.

En recoupant les données de l’Insee ou encore des compagnies d’assurance, il constate de nombreuses différences. «Si l’on réintègre dans le calcul les infractions qui ont été sorties de la statistique par manipulation, le taux d’élucidation n’aurait pas augmenté de 12 points en dix ans mais au contraire diminué», constate-t-il dans son ouvrage (lire ci-contre).

Privé de toute objectivité, les statistiques ont aussi perdu en pertinence. Afin, de retrouver du sens, la gendarmerie et la police se sont équipés de nouveaux logiciels. Celui de la gendarmerie, Pulsar, a ainsi constaté un bond des chiffres, dû à un nouveau comptage. Avec cet outil, les chiffres de la délinquance sont passés de 35 000 en 2011 à 50000 en 2012.

Dans son rapport, l’IGA préconise également la mise en place d’un Service statistique ministériel pour avoir, enfin, des chiffres fiables. Reste à savoir si celui-ci sera plus efficace...

Le rapport de l’Inspection générale de l’administration dénonce une manipulation des chiffres de la délinquance en France . Un document qui vient s’ajouter à d’autres qui, tous, critiquent la gestion de l’Observatoire de la délinquance.




Jean-François Impini, colonel de gendarmerie et auteur de «Le livre noir de la délinquance, un mensonge d'état» (Ed. Michalon).

«Il faut un outil indépendant»

Qu’est ce qui vous a amené à vous pencher sur les chiffres de la délinquance ? 

J’ai eu à rechercher des chiffres pour un travail. Or, je me suis rendu compte qu’il était très difficile de les trouver, ce qui est paradoxal puisqu’il existe un Observatore de la délinquance. Et quand j’ai pu les obtenir, j’ai constaté en les regardant de plus près qu’ils étaient faux.

Votre constat est corroboré par le dernier rapport de l’IGA (lire ci-contre) ?

Ce que dit le rapport de l’IGA, notamment sur les quotas de plaintes, est vrai. Mais quand on les regarde, on ne peut que constater que ces chiffres sont faux. D’ailleurs, vous trouverez peu de personnes pour les défendre ou croire tout simplement qu’ils sont justes !

Comment en est-on arrivé là ?

Jusqu’en 2012, il y a eu, sous la houlette d’Alain Bauer, le directeur de l’Observatoire de la délinquance, une volonté délibérée de produire des chiffres falsifiés pour servir des intérêts politiques.

Comment avoir des chiffres objectifs ?

Il faut tout d’abord une volonté politique de changer les choses. Mais pour l’instant, je n’entends pas beaucoup le ministre Manuel Valls sur le sujet. Ensuite, il faut une structure indépendante du ministère de l’Intérieur, à l’image de la Cour des comptes ou de la Cnil. Sinon, il y aura toujours une instrumentalisation politique de la délinquance.

L'article sur le site de La Dépêche

Note du blog NPA 34 : nous lisons dans l'entrevue ci-dessus "Jusqu’en 2012, il y a eu, sous la houlette d’Alain Bauer, le directeur de l’Observatoire de la délinquance, une volonté délibérée de produire des chiffres falsifiés pour servir des intérêts politiques."

Bauer donc. Mediapart s'attardait, dans un article que nous avions reproduit sur ce blog, sur "le réseau" affinitaire incrusté au coeur du PS et composé de Bauer, Cahuzac et...Valls parmi quelques autres. Bauer, un sarkosocialiste, parmi bien d'autres, aurait été à la manoeuvre des trucages des chiffres de la délinquance au service de son maître du moment... Etonnez-vous que Valls hésite à dévider complètement l'écheveau de la manip ... D'autant que sa politique, sécuritaire en diable, se place dans la pleine continuité sarko-bauerienne...Voici ce qui, dans l'article de Mediapart concernait plus particulièrement Bauer :

Dans cet entrelacs de relations personnelles, professionnelles et politiques, Alain Bauer joue aussi un rôle important. Il est, avec Fouks, l’ami de toujours de Manuel Valls (lire «Le pacte de Tolbiac»). Spécialiste de la police et du renseignement, il est devenu un des “experts” autoproclamés des questions de sécurité dont les médias raffolent, tout en étant le patron de sociétés privées de sécurité. Rocardien historique, grand maître du Grand-Orient de France à 38 ans (2000-2003), il se rapproche de Nicolas Sarkozy dès 2001. L’ancien maire de Neuilly, quand il était place Beauvau, en 2006, avait même indiqué : « Rien au ministère ne se fait sans les conseils, l'impulsion, les idées d'Alain Bauer. » Un compagnonnage qui ne s’arrêtera qu’avec la défaite de Sarkozy l’an dernier, et qui l’a empêché d’entrer au cabinet de Manuel Valls place Beauvau. Mais les deux hommes sont toujours amis.

C’est une petite confidence qui va propulser Bauer au cœur de l’affaire Cahuzac. Comme lui, il est franc-maçon. Comme Valls et Fouks, c’est un ancien rocardien. Et il est souvent bien renseigné. Le 12 décembre, le maître à penser de Sarkozy en matière de sécurité confie à Ariane Chemin du Monde : « Mais évidemment, qu'il a un compte en Suisse ! » [...]

Et promis juré, Alain Bauer, Stéphane Fouks et Manuel Valls n’ont jamais discuté de l'affaire. « Personne ne m’a posé la question, M. Fouks pas plus que M. Valls. Ce ne sont pas mes clients », dit Bauer, quand Valls indique que « Alain Bauer ne m'a pas parlé de ce compte ».

Selon un témoin de la scène, les oreilles d’Alain Bauer ont chauffé quand Manuel Valls a découvert la petite phrase de son ami sur Jérôme Cahuzac. « Ce n’est pas la première fois que Valls remet à sa place Bauer. Il s’est déjà pris une avoinée pour avoir laissé entendre qu’il conseillait Valls. Pour son business, Bauer a besoin de prétendre tout savoir. Et ces derniers temps, il est obligé d’en rajouter », insiste un proche du ministre de l’intérieur.


 NPA 34, NPA

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