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"Des enfants juifs âgés de 11 ou 12 ans attaquent des Palestiniens et leurs parents viennent les aider, ils lâchent leurs chiens sur [les Palestiniens]..."

Hébron : le stade suprême de l'occupation israélienne ?

Par Julien Salingue 

Le texte qui suit est la première partie d'un article publié dans l'ouvrage Villes en guerre au Moyen-Orient, qui vient de paraître et constitue le n°43 d'Eurorient (L'Harmattan). Le sommaire complet de l'ouvrage figure en fin d'article. 


Quiconque s'est un jour rendu dans les territoires palestiniens connaît la formule : « Celui qui veut réellement comprendre ce qu'est l'occupation israélienne doit aller à Hébron ». C’est ainsi par exemple que la « visite » d'Hébron est devenue, depuis l'année 2001 et le développement des « missions internationales » dans les territoires palestiniens, le passage quasi-obligé des délégations de militants essentiellement venus d'Europe ou d'Amérique du Nord.


 

Située au Sud de la Cisjordanie, Hébron est une ville chargée d’histoire, puisqu’elle abrite en son sein le tombeau
du prophète Abraham, qu’elle fut, selon certains textes bibliques, le lieu de résidence du Roi David, mais aussi parce que les Croisés ont occupé la ville durant la quasi-totalité du 12ème Siècle. Dans la période plus contemporaine, Hébron fut sous domination ottomane, puis britannique, avant d’être attribuée aux Arabes palestiniens lors du plan de partage de 1947.

 

Ville atypique économiquement, socialement et politiquement, Hébron est en outre la seule agglomération palestinienne au cœur de laquelle des colons israéliens sont installés. Autant d'éléments qui, plutôt que d'en faire un cas exemplaire de la situation qui a cours dans les territoires palestiniens, auraient plutôt tendance à en faire un cas à part. Est-il dès lors pertinent de considérer qu'un séjour à Hébron, ou une monographie de la ville, permet réellement d'appréhender l'occupation israélienne dans sa globalité ? 

 

L'hypothèse qui guidera cette étude est que la ville d'Hébron est en réalité un lieu où se concentrent, à un niveau quasi-paroxystique, les dynamiques et les phénomènes à l’œuvre dans l'ensemble des territoires palestiniens, plutôt qu'un exemple représentatif de l'occupation et de la colonisation israéliennes. En d'autres termes, malgré son caractère exceptionnel, Hébron est un cas limite, et donc un révélateur (au sens photographique du terme) de l'ensemble des dimensions actuelles du conflit opposant Israël aux Palestiniens.

 

I) Hébron, Palestine [1]

 

« Quand les Israéliens ont instauré pour la première fois le couvre-feu à Hébron, tous les commerçants ont ouvert leur magasin pour vendre leurs produits à un prix plus élevé que d'habitude, et tous les habitants sont sortis pour voir à quoi ressemblait une ville sous couvre-feu ».

 

L'anecdote, souvent racontée dans les territoires palestiniens, n'est évidemment pas vraie. Mais comme toute caricature, elle exprime, en les déformant et en les amplifiant, certaines des caractéristiques bien réelles d'Hébron et de ses habitants : une ville particulièrement touchée par les mesures punitives israéliennes, dans laquelle le commerce et les « affaires » sont essentiels, et où un certain conservatisme règne, considéré par beaucoup de Palestiniens du reste des territoires occupés comme une marque d'arriération. 

 

A) Hébron, un portrait

 

La ville d'Hébron compte environ 180.000 habitants, le district du même nom (comprenant la ville et les villages avoisinant) près de 600.000 habitants. C'est la plus importante agglomération de Cisjordanie, tant sur le plan démographique que sur le plan économique (un tiers du PIB palestinien). La ville d'Hébron concentre un grand nombre d'entreprises, petites et moyennes, dans des domaines aussi variés que la production de verre, de céramique, de pierre de taille, de marbre, de textile ou de chaussures. En comparaison des autres villes de Cisjordanie, la ville d'Hébron est plutôt développée sur le plan industriel, artisanal et commercial, secteurs auxquels il faut ajouter les productions agricoles des villages alentour.

 

Hébron est considérée, dans le reste de la Cisjordanie, comme une ville assez conservatrice sur le plan social. La ville et les villages du district abritent une population au sein de laquelle la structure clanique est très forte et pour laquelle la famille reste le lieu et le moyen privilégiés de gestion des relations sociales. Selon Hillel Frisch, « Hébron, situé dans l'arrière-pays entre le désert et les terres arables, a dû développer, même à l'époque de l'Empire ottoman, un système qui permettait de réguler les relations économiques et sociales avec les Bédouins voisins, dont le territoire n'avait pas été conquis par les Ottomans. Dès lors, la société hébronite et sa loi coutumière ont fini par intégrer les normes sociales des Bédouins, comme la loyauté à la tribu, au clan, à la famille, à un degré beaucoup plus élevé que dans le reste de la Palestine » (FRISCH, 1997). Le poids des « familles » est donc un élément essentiel pour la compréhension des dynamiques sociales et politiques dans la ville d'Hébron, que ce soit à la période jordanienne, la période de l'occupation israélienne où la période de « l'autonomie ».

 

Jusqu'aux années 1970 la ville d'Hébron est donc, plus encore que les autres villes de Cisjordanie, dominée par des grandes familles de notables (industriels, marchands, propriétaires terriens) liées à la Jordanie, avec notamment les familles al-Jabari, al-Natcha, al-Tamimi, Abu Snainah, al Qawasmah et al-Mutasib. La situation dans les villages est similaire, avec d'autres clans (Amr, Rajoub, Dudin). Une part très importante des Palestiniens qui exerceront des responsabilités au Parlement ou au gouvernement jordaniens sont originaires de la ville ou du district d'Hébron. Si la ville d'Hébron se dote, en 1976, d'un maire membre du Fatah, Fahd al-Qawasmah, rejetant le maire sortant, archétype du notable pro-jordanien (Mohammad Ali al-Jabari), il convient de noter qu'il est lui aussi issu d'une des grandes achiras (familles). Il en va de même de la plupart des responsables des mouvements politiques ou des organisations professionnelles et syndicales. Hébron connaît donc, avec la montée en puissance du mouvement nationaliste, des évolutions comparables à celles des autres villes palestiniennes, mais ces évolutions s'inscrivent dans le cadre spécifique d'Hébron et de sa structure sociale aux fondements claniques marqués.

 

Conservatrice du point de vue de la structure sociale, Hébron est aussi une ville où la religion joue un rôle beaucoup plus important que dans les autres villes de Cisjordanie. Elle abrite un lieu important de l'Islam et de la religion juive (le tombeau du prophète Abraham), son histoire est marquée par des affrontements entre Juifs et Arabes palestiniens[2] et ses habitants ont toujours manifesté une plus grande ferveur religieuse que dans le reste de la Cisjordanie. Les Frères Musulmans s'y sont implantés beaucoup plus facilement et le Hamas y a connu très tôt un important soutien. Notons ici, de nouveau, la place des clans dans la vie politique d'Hébron : les dirigeants locaux du Hamas sont issus, pour une bonne partie d'entre eux, des grandes familles, de même que leurs têtes de listes dans les diverses associations et organisations professionnelles.

 

B) Une « autonomie » singulière

 

Dans le cadre du Processus d'Oslo, la ville d'Hébron a fait l'objet de négociations particulières. Hébron ne faisait en effet pas partie de la liste des villes concernées par le « redéploiement » israélien négocié dans les divers accords intérimaires, seul un retrait partiel étant évoqué dans les Accords de Taba, retrait qui ne sera pas effectif. La raison principale est la présence de colonies juives non seulement à la périphérie d'Hébron mais aussi en plein centre de la vieille ville. Les colons d'Hébron font partie de ceux que l'on qualifie habituellement de « colons religieux ». Leur nombre est estimé à quelques centaines, qui se sont installés après 1967 pour « reconstruire la communauté juive de la première ville juive de la terre d'Israël (…) foyer d'Abraham, Jacob, Isaac, Sarah et Rebecca, première capitale du Roi David »[3]. Plusieurs dizaines de familles, protégées par des patrouilles militaires israéliennes, résident donc au cœur de la vieille ville, en contact direct avec les habitants palestiniens, phénomène unique dans l'ensemble de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. La situation a toujours été très critique dans la vieille ville d'Hébron et les heurts entre habitants palestiniens d'un côté et soldats et colons de l'autre se sont multipliés depuis 1967, notamment pendant la première Intifada où un couvre-feu total a souvent été imposé sur l'ensemble du centre-ville d'Hébron. Le 25 février 1994, Baruch Goldstein, colon de Qiryat Arba, fait irruption dans la Grande Mosquée d'Abraham à l'heure de la prière et tire à l'arme automatique sur les fidèles musulmans. Vingt-neuf d'entre eux meurent et les manifestations qui s'ensuivent font plusieurs dizaines de morts. Depuis lors, le Tombeau d'Abraham est divisé en deux parties : une pour les croyants juifs, l'autre pour les musulmans.

 

Après de multiples reports israéliens, le « protocole sur le redéploiement dans la ville d’Hébron » est signé en janvier 1997. La ville d'Hébron est divisée en deux zones, baptisée H1 et H2, la première comprenant 80% de la cité et la seconde 20% (avec plus de 30.000 habitants palestiniens en 1997 et, selon les sources, entre 300 et 500 colons). Le protocole stipule que « la police palestinienne assumera, dans la zone H1, des responsabilités similaires à celles qu'elle assume dans les autres villes de Cisjordanie [tandis qu'] Israël conservera tous ses pouvoirs et responsabilités en matière de sécurité intérieure et d'ordre public dans la zone H2 (…) [et] continuera à assumer la responsabilité de la sécurité globale des Israéliens »[4]. Sont mis en place, « pour régler la situation sécuritaire particulière de la ville d'Hébron, un Centre de Coordination Conjoint, dirigé par des officiers supérieurs des deux parties »[5], ainsi que des « Unités Mobiles Conjointes [qui] opéreront dans la Zone H2 pour traiter des incidents ne concernant que des Palestiniens »[6]. Dans les faits, la Zone H2, pourtant située au cœur de la ville d’Hébron, est sous la seule autorité d’Israël.

 

C) La dégradation de la situation dans la vieille ville

 

À partir de 1997, et a fortiori dans les années 2000, la ville d'Hébron, et tout particulièrement dans  la zone H2, a été sujette à de longues périodes de couvre-feu, et les habitants palestiniens de la vieille ville ont dû faire face à l'hostilité grandissante des colons et des militaires israéliens. Entre septembre 2000 et août 2003, ce sont environ 2.000 commerces qui ont fermé leurs portes dans la vieille ville, tandis que plus de 40% des familles palestiniennes vivant dans les rues adjacentes aux colonies israéliennes ont quitté leurs domiciles. Durant la même période, le nombre d'élèves se rendant à l'école Qordoba, face à la colonie de Beit Romano, est passé de 800 à 130[7]. Le témoignage qui suit, rapporté par l'ONG israélienne B'tselem, est exemplaire de la vie des Palestiniens de la vieille ville d'Hébron et, au-delà, de la zone H2 durant les années 2000 :

 

Les soldats et les colons nous ennuient à longueur de temps. Le harcèlement s'est accru après le début de l'Intifada al-Aqsa. Nous sommes la plupart du temps sous couvre-feu, ce qui affecte grandement nos conditions de vie. Auparavant, je travaillais à la concession automobile Abu Eisha, où je gagnais 1.600 shekels par mois. L'agence était située en zone H2, et elle a dû fermer. Le couvre-feu nous empêche, ma femme et moi, de rendre visite à nos amis et notre famille. Nous sommes comme prisonniers dans notre propre maison. La dernière fois que j'ai pu aller voir mes parents, c'était lors des vacances. Parfois, une période de plus de deux mois s'écoule avant que je puisse aller les voir. Notre situation financière s'est détériorée, et je ne gagne pas assez pour subvenir à nos besoins. J'ai dû couper le téléphone et je n'ai pas assez pour acheter des meubles ou pour remplacer les appareils qui ne fonctionnent plus. Pour ce qui est de la nourriture, nous ne mangeons que le minimum nécessaire. Le couvre-feu prolongé et le harcèlement concernent également nos voisins : certains d'entre eux sont partis pour vivre dans la zone H1.[8]

 

Le TIPH (Temporary International Presence in Hebron) a été mis en place en 1997, après une courte première mission en 1994. Il s'agit d'une mission d'observateurs internationaux indépendants, de six nationalités (suédoise, danoise, turque, suisse, italienne et norvégienne), chargés de rédiger des rapports sur la situation à Hébron. Leur mandat a été fixé par un accord signé entre Israël et l'OLP en 1997, et leurs rapports ne sont pas rendus publics mais remis aux autorités palestiniennes et israéliennes, ainsi qu'aux six pays parties prenantes du TIPH. Les témoignages des membres du TIPH, qui ont accepté de me parler sous couvert d'anonymat, sont eux aussi éloquents :

 

Je me demande encore comment les Palestiniens font pour vivre ici. Il ne se passe pas une journée sans qu'il y ait un problème avec les colons, qui font tout pour que les Arabes s'en aillent : magasins attaqués ou détériorés, piétons à qui on lance des pierres ou des ordures, agressions nocturnes conduites par les milices venues des colonies... Cette semaine j'ai vu un groupe de petits garçons israéliens s'en prendre à une vieille femme. Et l'armée n'a rien fait ! Ils disent qu'ils ne peuvent pas toucher aux enfants... Mais quand ce sont les Palestiniens ils ne se gênent pas ! Cette ville est folle [« crazy »].[9]  

 

Certains témoignages de soldats israéliens en poste à Hébron confirment les propos de Jim, et ceux des Palestiniens de la zone H2 :

 

Je vais vous donner un exemple de quelque chose qui s'est produit sous mes yeux : j'étais de garde et l'un des avant-postes a demandé un médecin à la radio. Quelqu'un m'a remplacé au poste de garde et j'ai couru, et j'ai vu une fillette palestinienne de 6 ans, sa tête n'était plus qu'une plaie béante : (…) l'adorable garçon qui venait souvent nous rendre visite à notre poste de garde avait décidé qu'il n'aimait pas que des Palestiniens circulent en bas de sa maison, donc il avait pris une brique et il l'avait jeté sur la tête [de la fillette]. Les enfants font tout ce qu'ils veulent ici. Personne ne fait rien pour les en empêcher. Cela ne préoccupe personne. Après coup, ses parents l'ont félicité. Ici, les parents encouragent leurs enfants à se comporter de cette façon, j'ai plein d'exemples. Des enfants juifs âgés de 11 ou 12 ans attaquent des Palestiniens et leurs parents viennent les aider, ils lâchent leurs chiens sur [les Palestiniens]...  Mille et une histoires de ce genre...[10]

 

« Mille et une histoires » que l'auteur de cette contribution a lui aussi entendues dans les rues d'Hébron, et dont il a parfois été le témoin oculaire. « Histoires » qui ne sont pas seulement un ensemble d'événements isolés mais derrière lesquelles se dégage une cohérence : dans la ville d'Hébron, du fait de la présence de colons religieux au cœur même de la casbah, chacun peut prendre conscience des aspects les plus conflictuels et violents de l'occupation et de la colonisation israéliennes. Reste à savoir si Hébron et sa situation exceptionnelle peuvent être considérés comme un révélateur des dynamiques à l’œuvre dans le reste des territoires palestiniens occupés ou s'il s'agit d'une situation extrême non transposable aux autres villes et villages palestiniens.

 


II) De quoi la ville d'Hébron est-elle le nom ?

 

Quelle est la valeur heuristique de l'étude de cas d'Hébron ? La rapide description que nous venons de faire est-elle généralisable à l'ensemble des territoires palestiniens ? Pour répondre à cette dernière question, il semble nécessaire, dans un premier temps, de dégager, de manière modélisée, les grandes tendances à l’œuvre à Hébron, sur la base (et au-delà) des éléments factuels rapportés dans la première partie de cette étude. Il conviendra alors d'interroger les vertus de ce modèle pour la compréhension des dynamiques à l’œuvre en Cisjordanie et à Gaza.
 
(...)  

 

______________ 
1. Le début de cette première partie est un extrait (actualisé) de Julien Salingue, « Pouvoir central, pouvoirs locaux : l’Autorité Palestinienne et les contre-pouvoirs. Le cas d’Hébron (1993-2006) », dans Esther Benbassa (dir.), Israël-Palestine, les enjeux d’un conflit, CNRS éditions, Paris, 2010.

2. C’est ainsi qu’en 1929, alors que les tensions s’accroissent en Palestine avec l’accélération de la colonisation sioniste, ce sont pas moins de 67 Juifs qui sont tués à Hébron, ce qui entrainera le départ de l’ensemble des Juifs de la ville.

3. Site de la communauté juive d'Hébron, http://www.hebron.com

4. Protocole sur le redéploiement dans la ville d’Hébron, article 2.

5. Ibid, article 4.

6. Idem.

  7. Informations obtenues auprès du Hebron Rehabilitation Committee (HRC)


8. Témoignage de Nidal Farid al-‘Awiwi, in B'Tselem, Hebron, Area H-2 : Settlements Cause Masse Departure of Palestinians, 2003, p. 10.

9. Entretien avec Jim, membre du TIPH, avril 2008 (le nom a été changé).

10. Témoignage recueilli par l'organisation israélienne Breaking the Silence,  http://www.breakingthesilence.org.il/testimonies/database/75697

 

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Sommaire de l'ouvrage

 

Olivier Danino : Jérusalem dans le conflit israélo-palestinien.

Julien Salingue : Hébron : le stade suprême de l’occupation israélienne ?

Jennifer Casagrande et Antonin Grégoire : Alep, ville en guerre, urbanité en crise: de l’agora au non-lieu.

Du’a el Nakhala : Gaza, sous le mur

Ecaterina Cepoi et Marius Lazar : Bagdad, 2006-2008 : du conflit sectaire à la reconfiguration de la carte confessionnelle

Pierre-Laurent Bethmont, Julie Chapuis et Ghaleb Faour : Nabatiyeh dans les guerres, ville refuge et ville fuie

Ahmed Amrani: Bab El-Oued, victime collatérale de la guerre civile algérienne ? 10 novembre 2001, un samedi noir à Alger

Rawad Chaker et Pedro Gonçalves : Beyrouth post-guerre civile : le spectacle d’une dubaisation progressive

Sébastien Boussois : Tel-Aviv, miroir des tensions originelles de la société israélienne ou « bulle » rédemptrice ? Métaphores socio-historiques d’une ville-monde
 
 
Le texte sur le site de Julien Salingue 
 
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