Education. L'austérité budgétaire et la dégradation de la situation des enseignants plombent l'attrait des concours de recrutement !
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La pénurie d'enseignants touche pour la première fois le primaire
Mediapart 12 juillet 2013 |
Par Lucie Delaporte
Les
résultats aux concours d'enseignement du second degré, qui viennent
d'être publiés, révèlent que la crise du recrutement est loin d'être
terminée. Pour la première fois, selon nos informations, le primaire est
également touché et la situation serait critique dans plusieurs
académies.
Campagne du Ministère de l'éducation nationale© (DR)
Campagne du Ministère de l'éducation nationale© (DR)
Dans le second degré, pour le premier concours – le ministère n’a pas encore publié les résultats d’admissibilité au deuxième concours – les chiffres sont alarmants. Au Capes d’anglais, 25 % des postes offerts ne sont pas pourvus (sur 1 050 postes, 271 restent vacants). Au Capes d’allemand, 74 postes sur les 270 offerts ne sont pas pourvus, soit 27 %. À l’agrégation de maths, pour 391 postes, malgré un taux d’admission record, 68 postes sont restés vacants soit 17 %.
La nouveauté cette année est que le primaire, priorité des priorités pour le ministre, est donc également touché. Pour la première fois, certaines académies sont déficitaires, selon les chiffres remontés au SNUipp, le syndicat majoritaire. La situation serait critique à Créteil, Paris et Versailles, les académies les plus importantes en terme d’effectifs, mais aussi en Guyane et à la Réunion. « C’est une nouvelle tendance que nous observons, le nombre de candidats baisse », constate Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp. À Créteil, pour le premier concours, où 1 055 postes étaient ouverts seuls 1 296 candidats se sont présentés et le jury n’a admis que 879 candidats. Au final, dans cette académie qui manquait déjà cruellement de professeurs des écoles, ce sont – toujours selon le SNUipp – quelque 76 postes qui ne seront pas pourvus. À Paris et à Versailles, ce sont respectivement 28 et 34 postes qui restent vacants.
Si on ne connaît toujours pas le nombre d’admissibles au deuxième concours, il y a fort à parier que ces chiffres n’inverseront pas cette tendance de fond. À l’issue d’une campagne « Ambition enseigner » vantant le métier de professeur, le ministère avait amplement communiqué cet hiver sur la très forte augmentation du nombre de candidats à cette session exceptionnelle : +46 %. Sans toujours préciser qu’elle était, pour une très large part, due au fait que le concours était ouvert désormais aux étudiants bac+4, soit un vivier beaucoup plus important que ceux à bac +5, et qu’une partie de ces nouveaux inscrits étaient en fait les mêmes que ceux du premier concours, réinscrits par précaution.
Certains s’inquiètent aussi du niveau de ces concours. « Dans certaines disciplines, on voit des jurys, qui subissent une énorme pression, descendre jusqu’à 6 de moyenne le seuil de l’admission », rapporte Caroline Lechevallier, secrétaire nationale du Snes, responsable du secteur formation initiale et continue.
Après une décennie de baisse continue des postes offerts aux concours, entraînant presque mécaniquement une baisse du nombre de candidats s’y présentant, la rue de Grenelle découvre qu’il n’est donc pas si facile d’inverser la tendance. D’autant que les causes profondes de l’actuelle crise n’ont pas disparu. « Les concours restent difficiles pour un métier dont l’image dans la société s’est dégradée. La question des rémunérations joue aussi : les débuts de carrière se font désormais à 1,1 Smic », rappelle Caroline Lechevallier.
Le dispositif d’emploi d’avenir professeur, qui proposait cette année une aide financière aux étudiants boursiers se destinant à l’enseignement, a péniblement démarré et n’a en tout cas pas permis un élargissement significatif du vivier.
Au ministère, où les chiffres définitifs doivent être annoncés mardi, on veut croire à une année de transition, mais on ne doute pas non plus que des questions telles que les conditions de travail ou les rémunérations puissent être encore longtemps écartées.
Précisions du NPA
Contrairement aux effets d’annonce, les postes supprimés sous Sarkozy ne
seront pas rétablis et il n’y aura même pas de retour au niveau de la
rentrée 2011-2012. Les 43 000 recrutements annoncés se répartissent
entre deux concours. Le premier recrutera 22 000 enseignants stagiaires
pour remplacer les 22 000 départs en retraite prévu à la rentrée 2013.
Le second sélectionnera 21 000 étudiants admissibles en juin 2013, qui
passeront l’oral un an plus tard pour remplacer les 21 000 départs en
retraite prévus à la rentrée 2014. Pendant l’année scolaire 2013-2014,
ils effectueront un tiers-temps comme contractuels payés à mi-temps. 21
000 tiers-temps correspondent à 7 000 postes à temps plein. Cette année,
le gouvernement a créé 6770 postes… dédiés à des étudiants admissibles
et contractuels.
Illustration en tête de page : NPA 34
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