À la Une...

Quadrature du cercle pour Hollande-Ayrault : "comment se débarrasser des Roms tout en se déclarant en rupture avec les pratiques du précédent quinquennat ?"


Valls en chef de meute

Noske, ministre socialiste d’Allemagne en 1919 annonçait avant d’écraser l’insurrection populaire à Berlin : « Il faut que quelqu'un fasse le chien sanguinaire: je n'ai pas peur des responsabilités ». Manifestement, E. Valls a fait sienne cette éthique de la responsabilité. En détruisant au bulldozer la planche de salut que sont les campements pour les roms, en envoyant roder autour des campements cette infatigable meute de fonctionnaires aux nuques rasées de la police nationale. On a vu ces images révoltantes (en particulier dans les articles de Carine Fouteau sur le site de Médiapart ; 8/04/2013)

Oh bien sûr, la logique et les raisonnements du ministre de l’intérieur se tiennent : hygiène, sécurité, insalubrité, dangerosité, nuisances, propreté, droit de propriété, etc. Mais la logique et les raisonnements s’accordent mal avec la souffrance et le malheur. Des associations, des ecclésiastiques, des personnalités ne se sont pas privé de le lui rappeler.

Donc le 26 aout 2012, pas moins de sept ministres unissent leurs efforts et rédigent une circulaire « relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites ». Pour le gouvernement socialiste il fallait en effet tenter de résoudre cette contradiction : comment se débarrasser des roms tout en se déclarant en rupture avec les pratiques du précédent quinquennat ? La solution choisie n’a rien de neuf : continuer la répression et déléguer des missions impossibles à des opérateurs associatifs impuissants et souvent supplétifs. Mais le gouvernement a sauvé la face : la politique anti rom peut ainsi garder l’apparence de l’équilibre : ferme et humaine. Sévère et digne. On remarque d’ailleurs, comme souvent, l’imprécision, le vague des termes de la circulaire. Elle laisse le soin aux services déconcentrés de l’application de ce que les services centraux ne savent ni faire ni expliquer. C’est donc le règne de l’arbitraire des bureaux des préfectures, avatar habituel d’une politique faible et habile, faiblement habile.

Un exemple frappant est le département du Rhône où un dispositif très discutable d’intégration des roms, créé en janvier 2012, a été mis en place par la Préfecture avec pour opérateur Forum Réfugiés : l’Andatu. Les associations qui défendent les Roms (le Mrap en particulier) ont pointé des « critères d’accès opaques » à ce dispositif mais ce qu’elles n’ont pas dit, à ma connaissance, c’est l’idéologie typiquement « sarkoziste » de ce dispositif. En effet l’accès au dispositif est soumis à un contrat aux multiples exigences. Or, on se souvient que le précédent Président de la République n’avait de cesse de contester la loi pour promouvoir le contrat, qu’il voulait remplacer la loi par la négociation locale. Dans ce cas de l’Andatu c’est bien de cela qu’il s’agit. Alors que l’Etat est dans l’obligation de par la loi d’héberger les roms sans abri (art 73 de la loi MOLLE de 23/05/2009, transcris par l’article L 345-2-2 du Code de l’action sociale et des familles), les services de la préfecture avec l’appui des associations instrumentalisées inventent des dispositifs qui y dérogent. On pourrait s’étonner que Forum Réfugiés et d’autres associations lyonnaises soient entrées dans ce jeu. Mais Claudia Charles, juriste au Gisti (cité par Carine Fouteau dans son article sur Médiapart le12/092012) rappelle à juste titre que beaucoup d’associations ont déserté les lieux où vivent les pauvres : « le monde associatif a toujours été frileux à l'égard des Roms. Ceux qui font le boulot, sur le terrain, sont souvent des militants un peu âgés, un peu seuls, qui s'engagent et agissent dans leur coin, sans beaucoup de soutien. . Il faudrait sans doute ajouter qu’elles ont étouffé en leur sein tout débat déontologique. Les associations, militantes à l’origine sont devenues, en dix ans, cogestionnaires de la politique publique et elles nous montrent une voie qu’il ne faut pas suivre.

Le texte sur le site de Mediapart 

A lire aussi  
200 enfants présents dans les différents camps (ici au Zénith).

Montpellier : le préfet accusé de freiner la scolarisation des enfants Roms




 NPA 34, NPA

Consultez les articles par rubrique


CORONAVIRUS

LUTTES SOCIALES
FÉMINISME
ANTIRACISME ANTIFASCISME
>


SOLIDARITÉ MIGRANTS
ÉCOLOGIE
JEUNESSE ENSEIGNEMENT


POLITIQUE LOCALE
DÉBATS
POLITIQUE NATIONALE


INTERNATIONAL
RÉPRESSION
NPA