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Quartiers populaires. "A quoi servent les discours quand, sur le terrain, c’est le consensus sécuritaire pré-électoral qui est à l’œuvre ?"


Un expulsé de Saint-Denis sur les toits de la Basilique. A quoi sert le Front de Gauche ?



Jean-Luc Mélenchon n’a pas, selon les termes du Parisien, « mâché ses mots » le 23 août contre le discours sécuritaire de Manuel Valls : « Le problème c'est pas l'immigré c'est le financier. » Ce matin, 24 août, un habitant du 50 rue Gabriel Péri à Saint-Denis n’a pas trouvé d’autre moyen pour se faire entendre, que de monter sur les toits de la Basilique. Il n’a hélas été entendu que de la Bac, des pompiers et de la police.

Il protestait contre le sort fait aux habitants de cet immeuble vétuste de la ville ainsi que ceux du 103/105 rue Gabriel Péri, expulsés dans le cadre d’une opération du Plan National de Rénovation des Quartiers Anciens et Dégradés (PNRQAD) au mois de juin sans que leur soit proposée la moindre solution de relogement.

Souvent sans papier, pourchassés par la police qui évacue à plusieurs reprises leur campement devant la mairie, assignés au tribunal par la ville, ils se sont trouvés le 22 août devant un déploiement de forces impressionnant. Embarqués au commissariat, matelas et affaires leur ont été confisqués.

Les affiches sur les immeubles évacués annoncent "qu'ici la ville lutte contre les marchands de sommeil". En mettant les gens à la rue ?

Le Maire de Saint-Denis est PCF donc Front de Gauche et a par ailleurs instauré le couvre feu dans un des quartiers de la ville « contre l’insécurité ». A quoi servent les discours quand, sur le terrain, c’est le consensus sécuritaire pré-électoral qui est à l’œuvre ? Les victimes sont toujours les mêmes : les précaires, les pauvres, les non-électeurs...

Le texte d'Alain Bertho sur Mediapart

mardi 23 juillet 2013


Place du Caquet à Saint-Denis


COMMUNIQUE DES EXPULSES DU 50 ET DU 103-105 RUE GABRIEL PERI.

LES EXPULSIONS NE FONT PAS DISPARAITRE LES EXPULSES !

Nous, habitant-es du 50 et du 103-105 rue Gabriel Péri, expulsé-e-s de leurs immeubles, occupons depuis un mois et demi sur la place du caquet.

Ces deux immeubles font partie d’un plan de rénovation urbaine, le PNRQAD, qui prévoit, normalement, un volet social. Au lieu de cela, nous avons été mis à la rue sans solutions.

Depuis que nous campons, la police ne cesse de nous harceler. La mairie a embauché des vigiles pour nous empêcher de nous réfugier sous le auvent.

Aujourd’hui, lundi 22 juillet, vers 15h, Antoine Bussy, directeur du cabinet du maire, est venus nous informer qu’une expulsion allait avoir lieu dans les 20 minutes qui suivent sur l’ordre de la mairie. Vers 16h, la police a cherché à nous expulser définitivement. La mairie a demandé un arrêté de réquisition de la place du caquet, pour permettre l’intervention policière. La police nous a montré cet arrêté et nous a demandé d’évacuer nos affaires, si nous ne voulions pas qu’elles finissent à la poubelle. Puis , elle a voulu que nous quittions nous-mêmes les lieux. Mais pour aller où ?

C’est la mairie qui a demandé l’intervention policière, qui a donné l’orde de nous évacuer. Nous avons du mal à leur faire confiance. D’un côté, la mairie dit qu’elle veut nous aider dans notre lutte, de l’autre côté, elle demande l’expulsion !

Cette intervention policière fait suite à une agression que nous avons subi la veille au soir.

Nous étions sur la place du caquet, nous mangions, lorsqu’un voisin de l’immeuble d’en face nous a jeté un bocal de tomate confite, qui a atterri juste à côté de nous. C’est une chance que ce bocal n’ait touché personne. Une des expulsées, une femme enceinte était présente. Elle a failli s’évanouir. Nous avons appelé les pompiers, qui sont intervenus et ont appelé la police. Ce soir là, la police n’a pas du tout constaté l’agression que nous venions de subir en constatant le jet de projectile. Pourtant, il y avait une dizaine de policiers.

Pour nous protéger de ce voisin, nous avons décidé de nous protéger sous l’auvent de la mairie administrative.

Deux personnes de la mairie sont passées ce soir là dont madame Elouette, et ont été complètement indifférentes à la provocation que nous venions de subir. Madame Elouette nous a dit qu’elle n’était pas là pour l’histoire du bocal, mais pour sécuriser l’entrée de la mairie.

La police intervient chaque jour, deux à trois fois par jour. Elle cherche à nous démoraliser.
Mais nous resterons sur la place du caquet, nous ne disparaîtrons pas, quelque soit le nombre d’interventions policières.

NOUS NE BOUGERONS PAS ! LES EXPULSIONS NE FONT PAS DISPARAITRE LES EXPULSES !

Nous rappelons nos revendications aux autorités :

- L’arrêt immédiat de la procédure d’expulsion demandée par la mairie et du harcèlement policier
- La régularisation de tou-te-s les sans papier-e-s
- L’hébergement d’urgence et le relogement de tous et de toutes à Saint-Denis
- L’attestation individuelle de domiciliation au 50 et au 103-105 rue Gabriel Péri pour tou-te-s les habitant-e-s
- La réquisition de lieux vides pour assurer l’hébergement d’urgence des habitant-es
Nous appelons les habitant-e-s pour venir nous soutenir, mardi 23 juillet à partir de 16h30 devant la mairie administrative, place du caquet.

CAR NOUS ON RESTE ICI ET ON BOUGERA PAS !

Le communiqué en ligne

 Alain Bertho est anthropologue et  l'auteur, entre autres livres, de l'essentiel Le temps des émeutes, Bayard, 2009. On aura une idée de ce que son auteur lit dans les émeutes en regardant la vidéo ci-dessous (du 14 février 2012) :

 
 NPA 34, NPA

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