Mais... se pose-t-il les bonnes questions ?

+ Par le thème lui-même : en se limitant à la "progression électorale", on oublie (volontairement ?) d'aborder le fait que l'idéologie du FN gagne de plus en plus de terrain dans l'ensemble de la société et imprègne largement le monde politique.
Et pour cause : aborder ce thème, c'est être obligé de parler de la politique menée par Valls et approuvée au plus haut sommet de l'état.
Car s'en prendre aux étrangers, qu'ils soient sans-papiers ou Roms, c'est bel et bien renforcer le discours du FN, dont la seule critique à cet égard est que ça ne va pas assez loin. Tergiverser pendant plus d'un an sur le mariage pour tous, c'est laisser le temps à la frange la plus réactionnaire de la droite de s'allier avec l'extrême-droite pour déverser sa bile homophobe. Continuer à stigmatiser les musulmans à travers la frange intégriste, c'est renforcer l'islamophobie.
+ nulle part non plus n'est abordé le bilan des reniements, des promesses non tenues, des attaques contre les salarié-es. Et leurs conséquences : le désarroi, le sentiment d'être trahi. Pour légitimer le discours du FN "la droite et la gauche, c'est pareil, tous pourris", inutile de s'y prendre autrement...
Pour le NPA, la gauche existe bel et bien : nous la rencontrons au quotidien dans les luttes, et bien souvent contre la politique de ce gouvernement qui se dit de gauche. C'est elle qui pourra enrayer la montée du Front National, et pas seulement au niveau électoral !
Midi-Libre
Hérault : le PS en mal de riposte anti-FN pour les municipales
Emmanuel Négrier, Paul Alliès et Alexandre Dézé (de g. à d.),
dimanche à Sète. (VINCENT DAMOURETTE)
dimanche à Sète. (VINCENT DAMOURETTE)
Les militants socialistes héraultais ont débattu dimanche à Sète sur les réponses à apporter au vote d’extrême droite.
Les socialistes héraultais en avaient fait dimanche à Sète l’un des
thèmes des tables rondes de leur université de rentrée : "Quelle réponse
politique au vote d’extrême droite ?" Le FN venait d’inaugurer sa
permanence départementale, la veille, dans l’île singulière.Le Piscénois Paul Alliès, secrétaire national adjoint du PS délégué à la rénovation, commençait par une réserve. Il insistait sur le fait que Marine Le Pen, en 2012, n’a fait qu’un point de plus que son père en 2002 : "Que le FN aille vers plus, je ne vais pas vous dire que ce n’est pas un danger, mais arrêtons de paniquer là-dessus. C’est un épouvantail qui évite de régler d’autres problèmes." Et le militant de pester, justement, contre l’attitude "honteuse" des sénateurs PS qui viennent de s’opposer au non-cumul. "Le problème, c’est la façon dont le PS s’applique à lui-même les mesures qu’il annonce bonnes pour la société. Il faut retrouver la confiance des couches populaires."
Le mode de scrutin à la proportionnelle, qui profitera désormais aux communes de plus de 1 000 habitants (et non plus 3 500), verra ceci dit l’apparition d’élus FN "qui apprendront à faire de la politique au village", estime Paul Alliès. Il soupçonne le Front national de "préparer un petit séisme aux régionales, et ce n’est plus quatre régions comme en 1986 qu’ils pourraient gérer avec la droite, mais 7, 8 ou 9".
"Le Midi rouge"
Le député PS Kléber Mesquida résume ainsi la progression du FN "dans le
Midi rouge", en terre viticole traditionnellement marquée à gauche : "On
a passé trois jours à aller discuter dans une commune. On a rencontré
des gens qui vivent dans des lotissements resserrés, avec des cages à
poule et des terrains de 200 mètres carrés. Les politiques publiques
n’ont pas répondu à leurs attentes. Ils ne savaient pas à qui
s’adresser. Demain, ils auront une liste FN."Emmanuel Négrier, directeur de recherche au CNRS, à la tribune, dépeint l’électeur FN comme "exprimant une blessure personnelle". Un militant s’en prend à "la bêtise" d’une candidate FN, atterré que des électeurs aient pu la suivre. Emmanuel Négrier le reprend : "Il ne faut pas laisser prise à une forme de mépris à l’égard de l’électeur. C’est la stigmatisation qu’il ressent à l’égard d’autrui qui le fait se rapprocher du FN. Il vote FN souvent en totale ignorance du programme politique le concernant lui même."
"Le renouveau du FN a été scénarisé"
Alexandre Dézé, maître de conférence en science politique, s’est
justement penché sur le programme en question. Il a martelé "l’illusion
d’un changement" du FN. Non, non, rien n’a changé, a-t-il asséné en
substance : depuis sa création en 1972, à l’initiative "du groupuscule
néofasciste Ordre nouveau qui avait envie de conquérir le pouvoir", le
parti cherche "à lisser l’image". La priorité nationale, devenue
préférence nationale, "déguise le discours xénophobe", assure Dézé. Et
Marine Le Pen n’aurait fait aucune mue d’envergure : le social, le pari
sur les jeunes et la formation des cadres ne seraient que des redites.
"Les instituts de sondage et les médias, pour des raisons commerciales,
ont scénarisé le renouveau du FN", affirme Alexandre Dézé."Ils sont en forme, ils en veulent, il faut aller les chercher sur le terrain, mais je n’ai pas le sentiment que le PS ait vraiment travaillé sur cette question", estime Alexandre Dézé, troquant soudain sa "casquette" de chercheur pour celle de citoyen engagé.
"Garder le contact"
Pierre Callamand, un candidat PS aux primaires citoyennes à Béziers,
rapporte les propos entendus au gré des porte-à-porte : "“Il y a trop
d’étrangers”, c’est la phrase qu’on entend tout le temps. Est-ce qu’on
doit passer à l’autre porte ?" Une militante l’incite au contraire à
prolonger l’échange : "Il faut montrer aux gens que c’est la haine et
l’exclusion. Notre devise, c’est liberté, égalité, fraternité. Mais
c’est très important d’écouter leurs problèmes humains, de garder ce
contact-là."