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Montpellier. Une salle de ciné aux "joues roses et à l’alternative bien vivante" en son sixième anniversaire !


Utopia, l'indépendance chevillée au cœur 
 L'Hérault du jour du vendredi 30 août 2013

Arnaud, directeur de l'Utopia Montpellier. PHOTO REDOUANE ANFOUSSI


Cinéma. La structure de Montpellier, dernière née d'un réseau qui en compte six en France, souffle ce vendredi 30 août sa sixième bougie. Quand les salles d'art et d'essai font de la résistance.

A une époque où le cinéma a ses supermarchés - multiplexes et autres complexes qui cèdent aux facilités de la programmation « rentable » et misent sur le nombre de salles (immenses) qui bruissent de pop-corn - quelques irréductibles font de la résistance. Loin d’être condamnées à perdre le bras de fer contre ce cinéma gros sabots - gros moyens, les « petites salles », du moins certaines d’entre elles, affichent belle mine. Les joues roses et l’alternative bien vivante.

Après les 30 ans du Diagonal de Montpellier, dignement fêtés en juin dernier au parc Montcalm, c’est au tour de la famille Utopia de souffler ce vendredi 30 août ses bougies en rafale dans les six villes* où vivent ses structures. Alors que la première née, à Avignon, se fait quarantenaire, celle de Montpellier, du haut de ses six ans, est la cadette.

Un temps de vie assez long néanmoins pour saluer une belle vitalité : « On tourne, ces deux dernières années, autour de 90 000 entrées par an et on continue de progresser régulièrement. C’est un chiffre relativement important pour les cinémas qui boxent dans notre catégorie », se félicite Arnaud, l’actuel directeur de la structure.

Un concept atypique : (presque) aucune sortie mais des reprises

Et pourtant l’aventure était un pari. A l’époque, deux des trois cinémas Diagonal que compte la ville (Centre, Celleneuve et Campus) ont fermé pour se fondre en un seul : l’actuel Diagonal Capitole, situé rue de Verdun.
Germe alors le projet, encouragé par le propriétaire des Diagonal, Antoine Pereniguez - lui-même passé par « l’école » Utopia - de rachat, par Utopia, des deux petites salles (129 et 87 places) de l’ancien Diagonal Campus situé rue du Dr Pezet, à deux pas de la fac de lettres. C’est chose faite en 2007 : à la fin de l’année, le cinéma rouvre ses portes.

« C’était casse-gueule car à Montpellier, le Diago du centre ville a une place bien marquée et diffuse les derniers films sortis. Un peu l’équivalent du rôle que jouent certains Utopia dans d’autres villes. Or il n’était pas question de se poser en concurrent », explique Arnaud.

D’où le créneau bien précis que s’est choisi l’Utopia de Montpellier, sorte d’Ovni dans la profession. « Nous programmons éventuellement quelques sorties nationales si le Diago ne le fait pas. Mais la très grande majorité du temps, nous sommes un cinéma de reprises. Habituellement, un film a une durée de vie moyenne de deux semaines. Notre idée était au contraire d’être ce qu’on appelait autrefois un cinéma de deuxième exclusivité. Il y a certains films qu’on garde six mois à l’affiche, le but est de les faire vivre le plus longtemps possible. On touche essentiellement un public qui n’a pas envie de se presser pour aller voir un film », résume Arnaud.

Une programmation guidée par un militantisme assumé

Pas pressé mais également désireux d’échapper à l’uniformisation qui s’est installée avec le développement des multiplexes (et s’accélère avec la numérisation des salles). « Il n’y a jamais eu autant de films qui sortent, mais une infime proportion capitalise 90% des entrées. Il n’est pas rare que deux à trois salles soient consacrées aux mêmes films dans les multiplexes », commente le directeur d’Utopia.

D’où la volonté de donner une visibilité à ceux qui n’en ont pas. De réhabiliter des films plus confidentiels, de qualité, souvent éclipsés par les gros budgets, le nombres d’entrées, l’écho médiatique uniforme. Une programmation exigeante doublée d’un engagement assumé. Avec, régulièrement, l’organisation de débats. « Le cinéma qui se regarde le nombril, les films insipides et prétentieux, ça ne m’intéresse pas. Nos choix sont empreints de militantisme », confie Arnaud.

Une ligne et une indépendance éditoriales incompatibles, pour ces salles non subventionnées, avec une quelconque tutelle financière de la part d’une collectivité locale. Par ailleurs, une mutation de chacune de ces structures (aujourd’hui SARL) en Scop (société coopérative et participative) est engagée. Une seconde vie, un élan nouveau qui vaut bien de marquer le coup : ce soir, chaque Utopia soufflera ses bougies à l’occasion d’un grand bal anniversaire organisé dans les jardins du cinéma de Tournefeuille, en Haute-Garonne.

A.G.

L'article sur le site de la Marseillaise

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