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Montpellier. Fac Paul Valéry : Anne Fraïsse, pas d'accord !


La présidente de Montpellier 3 a épuisé sa stratégie de confrontation institutionnelle avec le ministère et rentre dans le rang. La lutte est à un tournant. 

 L'Hérault du jour du 30 novembre 2013

 Notre commentaire

La lecture de l'entrevue qu'Annie Fraïsse a accordée à L'Hérault du jour (voir ci-dessous) est une leçon de choses : celle-ci entérine au bout du compte ce qu'elle dénonçait avec vigueur et sympathique hargne depuis le début, à savoir la poursuite du projet global du ministère de maintenir, en les aggravant, les dispositions de la LRU sarkozyenne. Certes il est loin d'être négligeable d'avoir obtenu un sursis à fermeture de l'antenne de Béziers et, par exemple, la compensation boursière et celle du glissement vieillesse technicité qui joue sur l'évolution de la masse salariale que la fac ne pouvait supporter financièrement. Il n'en reste pas moins que la logique d'austérité resterait toujours à l'oeuvre si l'on suivait les nouvelles préconisations de la responsable de la fac : le gouvernement, via sa ministre des universités, parviendrait à gagner du temps en faisant des concessions qui conservent l'essentiel de sa politique et en espérant ainsi neutraliser le risque inhérent à une mobilisation comme celle de Paul Va : celui d'une extension à d'autres universités avec la possibilité, sait-on jamais,  d'un mouvement d'ensemble aux effets déstabilisants pouvant aller au-delà des seules universités.

L'appel d'Annie Fraïsse à en rester là et donc à cesser l'action confirme ce qu'au NPA nous mettons en évidence depuis le début : la radicalité du positionnement de la présidente et sa propension, ces derniers temps, à cibler les actions menées par les étudiants ne cadrant pas avec ledit positionnement, portaient en germe ce qu'elle vient d'annoncer, à savoir l'obtention d'un rabotage des effets les plus immédiatement rugueux de la politique gouvernementale qui, de fait, laisse en l'état le coeur de l'austérité universitaire. Avec au moins le double effet pervers, qu'elle reconnaît, de recevoir une  petite prime (de survie financière) à sa lutte au détriment des universités qui n'auront pas eu son audace (le fameux "déshabiller Pierre pour habiller Paul")  et de transférer à la prochaine cohorte de lycéens les conséquences d'une limitation des inscriptions par tirage au sort sur certaines cursus (à Montpellier mais aussi à Béziers) ! Sans parler de la confirmation dans l'immédiat du gel de postes et de la baisse des crédits de fonctionnement impactant l'ensemble des étudiants et des personnels. Alors, certes, Anne Fraïsse ne pavoise pas mais pourquoi ajouter de la mauvaise foi ("les étudiants nous ont toujours soutenus d'une façon exemplaire", ce que les massives AG et les votes de résolutions démentent totalement) à une résignation bien plate devant "les temps de crise" et la compréhension pseudoréaliste que "le ministère a atteint la limite de ce qu'il peut proposer" et que "arriver en criant "il nous faut 4 millions" était une loufoquerie. Les Bretons, avec une vraie pugnacité manifestée hors des circuits balisés des coups de gueule hors sol, ont, eux, fait reculer des limites ministérielles jugées jusque là autrement plus indépassables.

Malgré ce piteux retour au bercail raisonnable de la brebis égarée en terre contestatrice, la présidente reste une fine stratège et, prenant acte des limites de sa démarche de confrontation "cadrée" avec la ministre, elle compte surtout, pour solde de tout compte revendicatif et avec une évidente volonté de démobiliser les étudiants, sur les difficultés réelles de ceux-ci, malgré la massivité relative de leur action, à embrayer sur une mise en branle des autres facs, à commencer par celles de Montpellier. Il reviendra à la prochaine AG d'évaluer la portée de l' appel de la coordination des facs qui s'est tenue dernièrement à Montpellier à élargir le mouvement et de mesurer sa capacité à contrecarrer ce que les déclarations d'Anne Fraïsse induisent : un appel aux étudiants à retourner étudier sagement dans les amphis dans des conditions toujours aussi inacceptables ! Loin de se satisfaire d'une "sortie de la crise, la tête haute", comme fait la journaliste de L'Hérault du jour, encore sous le charme d'une pugnacité, pourtant sur le déclin, de la présidente de Paul Valéry, les étudiants pourraient envisager d'accentuer désormais leur action sur ce qui de fait devient le nouveau relais opérationnel de la machine austéritaire, "leur" CA à qui il revient d'apporter sa caution ultime aux concessions que la présidence accepte. Ce repli sur l'institutionnel local pourrait paradoxalement devenir le point de focalisation forte permettant de cristalliser une mise en branle plus large de la mobilisation. Mais à une seule condition, impérative celle-là, selon nous : qu'un maximum d'étudiants y soit associé et qu'elle soit maîtrisée loin de tout saccage des lieux et recours à la violence sur les personnes ! L'objectif restant d'être compris par les étudiants que l'on appelle à intégrer une mobilisation d'ensemble contre la LRU Fioraso !

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On peut lire aussi l'entrevue en cliquant sur le lien

Anne Fraïsse : « On a obtenu, je crois, ce qu'il était possible d'obtenir »


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NPA 34, NPA

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