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Montpellier. Rassemblement des personnels des écoles devant la préfecture : ça cherche encore...son rythme !


 Et si l'essentiel aujourd'hui était l'assemblée générale des enseignants?

Correspondance NPA 34

Elles/ils étaient peut-être 200, plus ? moins ? à se masser devant les grilles de la préfecture pour manifester, pour la deuxième fois en quelques jours, leur opposition à la réforme des rythmes scolaires imposée par le ministre Peillon. 
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Le constat s'est vite fait évident : "ça n'a pas vraiment pris" au sens où "ça ne s'est pas élargi" à d'autres collègues enseignants, aux parents, aux ATSEMS [Agents Spécialisés des écoles Maternelles qui assistent les enseignants dans leurs tâches]... La grève a certes été suivie à plus de 25 % mais on constate que l'on est dans les mêmes chiffres que la dernière fois et l'on sent bien la déception qui empêche les mégaphones de cracher que l'on va voir ce que l'on va voir. Les conversations par grappes, par groupes se font comme à mi-voix pendant que l'on attend le retour de la délégation syndicale qu'un membre du cabinet du préfet veut bien recevoir... Routine des manifs qui n'en sont pas vraiment et en restent au rassemblement devant des grilles qui donnent bien le ton du moment : ça ne passe pas... Peillon aurait-il donc gagné la partie ? N'y aurait-il plus qu'à repartir chacun dans sa classe à reprendre goût à ce qui, au final, fait le sel de ce métier : le rapport aux enfants, à leurs parents, la volonté de faire reculer les mécanismes de ségrégation sociale que l'école voudrait tant neutraliser sans en avoir les moyens... Eh bien, justement, trop facile, ça ne marche pas : trop c'est trop... Retrouver, par-dessus le bonheur d'être toujours "l'instit", parfois aussi via le stress de ne pas y arriver comme l'idéal chevillé au corps l'exige toujours, la colère de savoir que c'est la gauche qui nous fait ça... non, il faut continuer. Autant conserver quelque chose de ce pour quoi on a fait le déplacement devant ces foutues grilles qu'une banderole s'ingénie à signifier sur le mode revendicatif : suspension de la réforme, abrogation du décret... 

 

Un mégaphone finit par rompre l'entrecroisement des hésitations et autres perplexités : rendons-nous à l'AG qui est prévue à quelques centaines de mètres de là, espace Pitot, à côté du Peyrou...


Trop grande la salle pour la soixantaine de profs qui ont fait le déplacement mais rapide changement de tonalité. Ils/elles sont assis-e-s en rond en silence au début, puis une représentante de FO prend la parole pour donner un premier cadre de discussion où l'on sent l'empressement d'en arriver aux questions clés du "comment passer à l'étape supérieure de la mobilisation?". C'est visiblement prématuré, trop décalé triomphaliste : chacun a conscience que le réel, ce qui s'est vu et senti quelques minutes auparavant devant  ces foutues grilles, n'autorise pas à tricher. Ce n'est pas un échec mais c'est loin d'avoir embrayé sur du mieux par rapport au 14 novembre. Or, on le sait bien, dans ce qui s'avère être maintenant le premier cercle des plus mobilisés (des syndicalistes de FO, du Snuipp, de la CGT, de Sud mais aussi des non-syndiqués et apparemment une ATSEM !), qui n'avance pas pourrait bien reculer. Alors ? 

Alors on voit progressivement s'affirmer un échange curieusement serein, n'évacuant pas les interrogations et doutes mais qui, par la dialectique d'une écoute attentive à faire rebondir les discours sur ce qui se dit et pas ce que l'on veut bien entendre, fait émerger une étonnante confiance dans ce qu'il faut faire. Ce qu'il faut faire pour que "ça prenne" : en commençant par le constat que le mauvais stand by de la mobilisation a son explication; en particulier (pas seulement) du côté des enseignants qui, pour nombre d'entre eux, n'ont pas pris la mesure de ce qui se mettait en place en termes, par exemple, de fatigue accrue des élèves. On s'interroge : comment peut-on passer à côté d'une telle chose qui touche à la proximité attentionnée des maîtres vis-à-vis des enfants ? On comprend vite : il y a ces écoles (on entend au vol : Jacou) où, vaille que vaille, les mairies ont les moyens et "mettent le paquet" pour que le périscolaire, une des données lourdes de la réforme, satisfasse les attentes des élèves et des parents et fasse relativiser que la semaine s'est alourdie, que la journée devient bien longue. Et parfois aussi (bonjour la gauche)  fasse oublier qu'il faut que les parents payent leur écot pour que tout cela tienne la route. Alors, dans ces écoles, même les profs, se disent que, malgré tout, ça le fait... Sauf que, comme cela est dit par l'un-e ou l'autre, par ce bout-là du repli de chacun sur "son école" qui finalement trouverait le bon rythme, on en vient à oublier l'école d'à côté, c'est-à-dire les collègues, parents, élèves qui n'ont pas la chance d'avoir une mairie bien dotée en ressources permettant de monnayer (bravo la gauche) une réforme qui prétend améliorer la situation de tous et toutes dans le sens de plus d'égalité enfin dans l'Ecole de la République (les majuscules sont de sortie comme on tire un rideau pour cacher la misère). Oublier que l'autre c'est nous tous, c'est pourtant laisser filer cette conscience qu'en un temps pas trop lointain on disait "de classe (à prendre ... au premier degré mais aussi au second!)", qu'on pourrait retenir encore comme volonté de faire corps pour l'égalité et la justice sociale dans une vision maintenue de l'école comme, malgré ce que parfois elle-même entrave, le moyen de cristalliser l'espoir qu'une autre société est nécessaire. Contre une gauche qui trafique la symbolique de l'école républicaine pour nous fourguer l'école du libéralisme austéritaire et dérégulateur au nom d'une modernité qui charrie l'archaïsme de toujours des inégalités. 

Eh bien, le voilà le défi à relever : celui de décentrer certains profs du microcosme de leur école-pour-qui-ça-va/c'est-dommage-pour-les-autres. Car il se trouve que cet effet d'éclatement par les territoires et la diversité des moyens des communes porte aussi cela qui n'est pas une broutille pour chacun des profs : le métier est appelé à changer puisque désormais, en cas d'application de la réforme, c'est un autre rythme qui se mettra en branle, celui des exigences des communes sur ce que peut et doit faire un enseignant  pour que le périscolaire trouve sa place, contradiction dans les termes, dans le scolaire... Sans parler des perspectives d'annualiser le temps de travail enseignant, jusqu'à maintenant calculé hebdomadairement, pour détricoter à la racine le métier...

 On ne peut ici restituer la richesse des échanges mêlant témoignages concrets sur l'application de la réforme ou sur les décalages entre l'opposition des parents à la situation qui est faite aux enfants et l'alignement de l'appareil de la FCPE sur le ministre (on avait déjà vu cela du temps d'Allègre jusqu'au moment où les vents se sont mis à tourner !)... Et puis subitement des paroles viennent poser que le sur-place de la mobilisation est paradoxalement la preuve qu'il y a toujours de la résistance. Une résistance que quelqu'un définit , en assumant la provocation, en termes d'une qualité compensant (un peu) la quantité. La boutade fait pourtant florès car, oui, ça n'avance pas mais le plus important c'est qu'en fait ça ne recule pas. Si l'on ajoute à cette subite prise de conscience que, sans l'avoir encore dit, on avait remarqué que les stages syndicaux d'information sur la réforme font le plein comme jamais, on se dit qu'on le tient le bon bout. Oui, c'est cela : il faut repartir vers les collègues, vers les parents et les autres personnels, les territoriaux, et expliquer ce qu'est le peillonisme... 

Voilà, l'AG vient de prendre ses marques et en vient à poser les jalons de la construction d'un mouvement que l'on avait cru naïvement avoir le pouvoir d'agglomérer d'emblée tout le monde : spontanéisme illusoire auquel le rassemblement sur le mode mineur devant la préfecture a opposé un démenti cinglant qui a été à deux doigts de faire chavirer l'espoir. Spontanéisme trop facile que l'AG a repéré comme l'obstacle majeur, du moment, à ce qui, il va falloir s'y faire Peillon, doit devenir incontournablement un mouvement généralisé pour l'abrogation de la réforme mais aussi, comme certain-e-s l'ont rappelé, pour que les rythmes scolaires, leur réforme, deviennent un enjeu des enseignants eux-mêmes, des parents aussi. Façon d'en appeler à une démocratie que la gauche social-libérale (reconnaissons-le, personne n'a employé le terme mais l'idée courait en filigrane de l'AG) méconnaît définitivement sous ses dehors grandiloquents sur la nécessité de lutter ENFIN contre les inégalités scolaires. En masquant qu'elle est le vecteur de toujours plus d'inégalités sociales, celles qui déstabilisent toujours plus le travail acharné des enseignants pour "tirer tout le monde" de l'avant !

Le ministre a d'autant plus de souci à se faire que, méthodiquement, les présents à l'AG ont fignolé leur stratégie de relance et d'élargissement, sur le temps, de l'action en prévoyant, outre les stages de formation syndicale, que certains proposaient de rendre intersyndicaux (l'unité syndicale étant réaffirmée comme un atout incontournable à préserver), des RIS (Réunions d'Information Syndicale), des réunions de secteurs, en posant en pointillé, sans se la jouer inutilement pressé, que le but de la manoeuvre serait un débouché national du type montée sur Paris... 

Disons-le, pour conclure : par-delà l'écume d'un rassemblement frustrant et d'une Assemblée Générale pas aussi générale qu'on l'aurait voulu, nous avons eu l'impression que prenait corps un volontarisme maîtrisé, préférant à la vaine exaltation des slogans l'élaboration d'une méthode tranquille et assez sûre d'elle-même pour construire les efficaces ... rythmes d'une lutte qui veut aller au bout de ses objectifs. A suivre donc...

Antoine pour le NPA 34

Comme le 14 novembre, le NPA 34 a appuyé par tracts  la mobilisation


L'Hérault du jour du 6 décembre 2013

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