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Sanofi : une syndicaliste témoigne


 
Mardi 14 janvier 2014 : 

À l'occasion de la journée de mobilisation appelée par l'ensemble des syndicats, une délégation des Sanofi de Montpellier s'est rendue à Toulouse à l'appel de Sud et s'est jointe à l'action appelée par la CGT et SUD devant le site. C'est à 14h. qu'a été annoncée la décision de la CFDT de signer le "Plan de Sauvegarde de l'Emploi" (qu'en langage ordinaire on devrait appeler "Plan de licenciements") concocté par la direction.



  • Grève massivement suivie dans de nombreux sites Sanofi
    pour le pouvoir d'achat, pour l'emploi, contre la précarité.
  • La CFTC et la CFDT signent avec la direction
    un accord qui entérine les suppressions de postes...
  • En signant, ces syndicats rendent possible l'application de ce plan (ils représentent officiellement un peu plus de la moitié des salariés). En effet, depuis l'A.N.I. qu'ils ont signé, ainsi que la CFE∕CGC, on ne peut plus guère compter sur des recours juridiques.
    Ils ont signé alors qu'une pétition de plusieurs centaines de salariés leur demandait de ne pas le faire.
    Ils ont signé alors que 79% des salariés de Toulouse (le site le plus concerné par les suppressions de postes) y étaient opposés.
    Ils ont signé alors que de nombreux sites étaient en grève (voir à la fin de cet article)...

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    Nous avons interviewé Marion, technicienne de la recherche à Sanofi Montpellier, syndiquée Sud Chimie.
    • La signature par la CFTC de l'accord qui entérine les suppressions de poste n'a rien d'étonnant, puisque ce syndicat avait approuvé ce plan en Comité Central d'Entreprise. C'est plus étonnant de la part de la CFDT qui avait émis à ce moment-là un avis défavorable. Comment l'expliques-tu ?
      Effectivement la CFTC n'a jamais fait mystère de son intention de signer, son vote contre l'avis défavorable au CCE avait annoncé sa signature quelques jours plus tôt. La position de la CFDT est beaucoup plus opaque et ambiguë, cela explique que les salariés soient beaucoup en colère contre ce syndicat qui leur a donné espoir, surtout à Toulouse où la consultation des adhérents et des salariés du site fut clairement contre la signature. Mon explication est la suivante: la CFDT a signé l'ANI, c'est un syndicat proche du gouvernement en place, je pense que la confédération nationale voulait absolument cette signature pour montrer un bon exemple de dialogue social et le bienfondé de l'ANI. D'un autre coté le plan Sanofi est vraiment scandaleux et beaucoup d'adhérents et d'élus CFDT étaient sincèrement contre cette signature (le mieux pour eux serait de rendre leur carte ! ). En gros la CFDT a ménagé la chèvre et le choux en adoptant une posture combative vis à vis de la direction et en faisant croire jusqu'au bout que leur décision n'était pas prise. Personnellement j'étais persuadée depuis le début qu'ils allaient signer.
      Deux jours après la signature, lors des élections professionnelles à Toulouse, SUD est passé pour la première fois devant la CFDT.
    • Moins d'un an après le rejet par la justice du premier plan de la direction, quelles sont maintenant les chances de le voir à nouveau condamné ?
      L'accord validé par cette signature va être soumis à la Direccte, le plan comporte beaucoup de points illégaux mais ces points sont rendus légaux justement par la signature de ces deux OS. C'est la magie de l'ANI. Comme la loi est très récente et qu'il y a beaucoup d'inconnues, les autres syndicats vont probablement contester quand même mais je crois que le CCE ne peut plus aller en justice. 
    • Alors, comme ça, vous voici victimes la Loi de Sécurisation de l'Emploi, issue de l'A.N.I. ?
      En quelque sorte oui, cette loi et la signature de l'accord retirent toute possibilité d'agir au CCE qui est pourtant une instance représentative des salariés et qui a très clairement (14 voix pour et 4 contre) voté un avis défavorable concernant ce plan de sauvegarde de l'emploi et de licenciements collectifs économiques. 
    •  On peut supposer que tout ça a des conséquences sur le climat dans la boîte... Découragement ? Colère ? Résignation ?
      Les trois réunis, selon les personnes et les moments. Certains sont soulagés aussi car ils veulent "profiter" du plan pour partir avec un chèque. 
    • Quelles suites ?
      Il n'est pas question de lâcher le morceau. Dans les semaines à venir le dossier sera entre les mains de la Direccte (de l'Essonne je crois), nous devons donc nous faire entendre un maximum, cela passe encore et toujours par la mobilisation et l'interpellation des média, des politiques etc. Un mouvement de contestation a démarré le 12 décembre 2013 concernant les salaires et l'emploi à Sanofi, c'est surtout suivi dans la production. Ce mouvement a repris le 14 Janvier, par exemple sur le site d'Aramon dans le Gard les salariés ont reconduit leur mouvement de grève. Nous allons probablement nous joindre à eux dans les jours qui viennent. Recherche et Production sont intimement liés mais il faut le faire comprendre. 
    • Que peut apporter le Comité Sanofi / Recherche / Santé*?
      Beaucoup! En interne sur le site de Montpellier la mobilisation va être difficile, la période à venir risque d'être très tendue car chacun va essayer de sauver sa peau. C'est très important pour les salariés toujours mobilisés d'avoir ce relai extérieur, d'une part pour continuer le mouvement mais aussi pour partager avec d'autres secteurs impliqués dans le domaine de la recherche et de la santé.

    (* Comité d'action citoyen Sanofi / Recherche Publique / Santé
    qui regroupe des salarié-es de Sanofi, de la Recherche Publique, de simples citoyens, des militants syndicaux et politiques de diverses sensibilités.
    Il intervient en soutien à la lutte des Sanofi et pour favoriser la convergence avec les secteur de la recherche publique et de la santé.)

    La grève depuis Mardi : Quatre sites de production ont notamment été bloqués, à Croissy-Beaubourg (Seine-et-Marne), Marly-la-Ville (Val-d'Oise), Amilly (Loiret) et Saint-Loubes (Gironde). Des sites de production chimiques comme ceux d'Aramon (Gard), Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence), Vertolaye (Puy-de-Dôme) et des sites industriels comme ceux d'Ambarès (Gironde), Tours, Quetigny (Côte-d'Or), Maison-Alfort (Val-de-Marne), le Trait (Seine-Maritime), ainsi que celui de Toulouse ont également été touchés par la grève. Jeudi, une dizaine de sites étaient concernés, notamment ceux de production chimique d'Aramon (Gard), Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence) et Vertolaye. Outre Marly, bloqué depuis mardi, des salariés étaient en grève vendredi à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) et Ambarès (Gironde), et d'autres, à Vertolaye (Puy-de-Dôme). 




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