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Intermittents du spectacle. L'heure de la (re)mobilisation a sonné !

  
Et si on supprimait le Medef ? 

 
 
Photo : Assemblée générale unitaire de la Fédération nationale des syndicats du spectacle, de l'audiovisuel et de l'action culturelle, au Théâtre du Rond Point, le 17 février 2014. © Francois Lafite/Wostok Press/Maxppp

Dans la salle Renault-Barrault du Théâtre du Rond-Point, à Paris, les sept cent quarante places étaient occupées – et des gens restaient debout. Ici, où jusqu'à dimanche 16 février 2014, l'artiste italien Pippo Delbono débutait chaque soir son spectacle Orchidées par un hommage au théâtre français, plus libre, éclectique et ouvert que son homologue italien, les intermittents ont montré leur mobilisation, leur solidarité et leur détermination face aux « attaques inédites » du Medef, qui propose tout bonnement la suppression du régime de l'intermittence

Devant une salle attentive et inquiète, des représentants de la CGT Spectacle, de FO, de la Coordination des intermittents et précaires, et du Syndeac (syndicat des entreprises artistiques et culturelles) se sont relayés pour souligner la « gravité des attaques », se réjouir que la ministre de la Culture Aurélie Filippetti ait, enfin, dans une interview au Parisien, pris une position « très claire », et surtout appeller à « défendre, le plus unitairement possible, notre assurance chômage et nos propositions », selon Denis Gravouil, secrétaire général de la fédération CGT Spectacle.

Les annexes 8 et 10 de la Convention de l'assurance chômage (que le Medef voudrait voir disparaître, tout comme l'annexe consacrée aux intérimaires) régissent l'indemnisation spécifique des techniciens (annexe 8) et des artistes (annexe 10) parce que, a martelé Samuel Churin, pour la Coordination des intermittents et précaires, « dans nos métiers nous occupons des emplois courts. Ce n'est pas un privilège, c'est une réponse juste à notre précarité. » Les témoignages se succèdent, évoquant des « contrats de plus en plus rares, de plus en plus courts, parfois pas payés intégralement. » Et les rumeurs de nouvelles réductions budgétaires du ministère sur les prochaines années renforcent les inquiétudes.

Tous soulignent la nécessité d'une « pédagogie envers le public, car l'opinion est loin d'être acquise à notre cause », comme l'a rappelé le représentant du Syndeac. Une jeune femme déplore « une diabolisation de l'intermittence. Il faut créer des comptes Facebook, Twitter, répondre à la désinformation.  »

« Qui connaît Stromae, Yannick  Noah, Josiane Balasko ?, lance un participant. Il faudrait leur demander de s'engager. » « Jean-Michel Ribes [patron du théâtre qui a prêté la salle, ndlr] n'a qu'à appeler Hollande, ils étaient proches pendant la campagne », glisse une autre. Pour l'instant, c'est l'ancien ministre communiste Jack Ralite, assis au premier rang, qui affirme son soutien.

Un vétéran de la grosse mobilisation de 2003, qui avait abouti à la démission du ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon et à un recul du gouvernement sur la remise en cause du régime, rappelle : « Nous avons gagné en 2003 en bloquant le concert de Patrick Bruel, en envahissant le plateau du journal télévisé de France 2 ou celui de la Star Academy sur TF1. Pour qu'on nous écoute, il faut des actions fortes ! »

Au rang des actions concrètes, pour l'instant, les syndicats proposent de manifester le 27 février entre Palais-Royal et le siège du Medef, avenue Bosquet, où se déroulera une nouvelle séance de négociation, et de recommencer le 12 mars, veille de la date butoir fixée par les partenaires sociaux pour trouver un accord. La CGT promet d'appeler à la grève, FO assure qu'elle suivra, faisant ricaner un représentant de la CGT, accusant, micro fermé, FO  de « toujours promettre la grève et de ne jamais la faire ».

Car des tensions étaient palpables, et les propositions révèlent des dissenssions : certains veulent fusionner les annexes 8 et 10, d'autres tiennent à la distinction ; certains acceptent le plafonnement du cumul des allocations chômage avec des salaires, d'autres le refusent… Si la mobilisation est réelle, l'unité, elle, n'est peut-être que de façade.


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 NPA 34, NPA

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