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Election de Montpellier : la gauche introuvable au croisement du Front de Gauche et du PS (ou de "son dissident") !



Tribune libre : L'échec du Front de Gauche

par Antoine

"Négociation confisquée par la direction du Parti de Gauche qui rencontre en secret les listes Saurel et Moure en totale contradiction avec le protocole d'accord signé. ", "exclusion (de certains) de décisions qui doivent être collectives", "faute politique grave du PG qui s'est approprié la liste, qui est passé par dessus le PC et Ensemble, et qui a donc, de fait, confisqué la fin de campagne de notre liste – après avoir débuté celle-ci en imposant par un coup de force médiatique une tête de liste issue de ses rangs.", "Le PG ne s’est pas contenté de négocier dans le dos et en cachette de ses partenaires." (lire Montpellier, entre-deux tours. Notre point de vue sur les discussions qui ont eu lieu). 

Les camarades d'Ensemble Montpellier ne sont pas tendres avec leur partenaire du PG dans le Front de Gauche en allant jusqu'à pointer une possible collusion du secrétaire départemental de ce parti avec le PS ! On trouvera ci-après des pièces d'un dossier qui, à l'occasion de cette élection municipale, donne une image particulièrement déplorable des orientations d'une partie de la gauche qui se réclame pourtant de la radicalité et donc d'"une autre politique" que celle qui est pratiquée par les tenants d'un système sécrétant de façon sans cesse aggravée de l'inégalité, de l'exploitation et de l'oppression. Or cette radicalité et cette autre politique ont été incroyablement mises à mal sur Montpellier par ce que décrit Ensemble  dans sa volonté affichée de revenir à d'autres façons de faire de la politique à gauche!

Nous rejoindrions volontiers ce souci qui vise à construire "une force large contre l'austérité". Encore faut-il tirer le bilan jusqu'au bout de ce qui, en amont de ces péripéties proprement électorales, a été fait à la gauche du PS ces dernières semaines, ces derniers mois. Ce que ne fait pas Ensemble, fidèle en cela à ce qui le caractérise depuis sa création comme depuis la création de ceux qui, sortant du NPA, avaient pris nom de Gauche Anticapitaliste. Car tout de même, ce n'est pas d'aujourd'hui qu'à Montpellier (mais cela vaut largement sur le plan national), il y a au Front de Gauche un jeu verrouillé d'appareils qui ont pris le parti de faire de l'ambiguïté politique le ressort premier de leur rapprochement politique. Ainsi le PC a-t-il toujours tenu deux fers au feu en dénonçant les orientations du PS sans jamais dépasser un stade au fond rhétorique et en assumant ainsi la contradiction de maintenir des alliances hautement politiques, comme dirait Mélenchon lui-même en parlant de ces municipales, avec ce parti dans les collectivités territoriales. 


Quant au PG, Il nous a gratifiés d'une suite sinueuse de positionnements laissant "un état de grâce" assez irresponsable au "capitaine de pédalo" Hollande aux premiers temps de son mandat de président, puis, l'austérité s'avérant décidément plus vite mise en route et plus rude qu'entrevue, proposant que Mélenchon devienne premier ministre en lieu et place d'Ayrault grâce à un appui parlementaire du ... PS et d'EELV. Jusqu'à tenter de séduire la gauche socialiste pourtant introuvable, avant, à cette municipale, de s'esbaudir à la possibilité qu'un front avec les écolos commence à se dessiner ... sans que pourtant jamais les  verts alliés n'aient pris aucune position contre le gouvernement et son austérité. Le PG, donc, s'est largement accommodé, aussi, de bien des ambiguïtés politiques où la virulente dénonciation de l'orientation austéritaire des "solfériniens" cohabitait déjà avec l'autre cohabitation, celle des communistes avec le PS mais aussi avec sa propre acceptation a priori d'étudier l'éventualité de faire liste commune, au second tour (1), avec un personnage aussi emblématique de la politique la plus politicienne qui soit, Moure, ce partisan en juillet dernier, qui peut l'oublier, de maintenir la gestion de l'eau dans le giron du privé. Avant, quelques semaines plus tard, élections obligent, et nécessité d'acheter les écolos (tiens donc, l'espèce est marchandable), d'envisager "dans un certain temps, 3 ans mais bon..." le retour en régie publique !

Nos camarades d'Ensemble se sont eux-mêmes longtemps pliés au petit jeu de ne pas trop en dire, voire de n'en dire rien du tout, quant à ces tactiques à géométrie variable qui permettaient par exemple, on l'a déjà analysé ici, qu'un Michel Passet, rien de moins que secrétaire départemental du PC, deuxième adjoint de la maire socialiste de Montpellier, Hélène Mandroux, monte à Paris prendre la Bastille avec Mélenchon, lors de la campagne présidentielle, en ciblant tout net et sans bavure les renoncements socialistes à être une alternative de gauche à Sarkozy, et puisse revenir à Montpellier cogérer (comme ses camarades cogéraient le département et la Région) avec le PS ! Tout en intégrant, à la rentrée 2012, le trio de porte-paroles du Front de Gauche au discours très combatif : le représentant de ce qui alors s'appelait GA n'avait pas semblé ému (lire ici) par cette contradiction interne qu'un jeu d'équilibre fait de non-dits rendait momentanément vivable. Momentanément car, à cette municipale c'est un dénouement de cette contradiction, d'autant plus explosif qu'il était le fruit de clarifications sans cesse différées, qui a donné le pataquès dont Ensemble, mi-éploré, mi-remonté, nous décrit dans son texte le triste détail. 

On trouvera à la fin de ces lignes divers articles qui donnent la mesure d'une situation propre à écoeurer nombre de ceux qui sont à la recherche de la "vraie" alternative, pour reprendre le mot clé du slogan de campagne du Front de Gauche Montpellier dont celui-ci a fait un usage à contresens. Si la vraie gauche c'est cela, l'espoir est perdu... Hollande, Copé, Sarkozy, peuvent se frotter les mains... Ce serait à gauche, mais à la gauche du PS, que le démolissage de l'espoir de passer à autre chose que le capitalisme serait à l'oeuvre !

Alors disons-le, la "vraie gauche",  ce n'est pas cela, ce ne peut pas, ce ne doit pas être cela : un regroupement où l'une des composantes ne respecte pas le protocole d'accord et s'en va négocier "dans le dos" de ses partenaires avec les deux représentants du social-libéralisme montpelliérain pour finir par mettre tout le monde devant le fait accompli d'un refus de fusion avec l'un quelconque de ceux-ci. Refus de fusion qui aurait pu signifier un beau positionnement politique s'il ne s'inscrivait pas dans le jeu bureaucratique évoqué ci-dessus et s'il n'était pas le dérisoire épilogue d'une campagne ayant commencé par casser, avec l'assentiment de toutes les composantes frontdegauchères, l'unité avec un NPA partisan, il est vrai, de refuser d'emblée ces piteuses tractations d'entre-deux tours. 

Ce parcours est tout simplement catastrophique, il faut que nos camarades du Front de Gauche aient, par-delà le bilan biaisé fait par Ensemble, le courage de le considérer dans toute son ampleur. C'est l'histoire d'une tentative avortée de faire quelque chose avec un PS pourtant vilipendé en comptant naïvement, que celui-ci cèderait à une dynamique politique forte sur sa gauche que, c'est notre analyse, le Front de Gauche avait pourtant profondément bridée en rompant avec le NPA. Je sais que certains argueront des petits 2% et un peu plus obtenus par celui-ci à cette élection pour récuser que l'alliance avec lui aurait pu "booster" la campagne (2). Il n'y a pas de preuve du contraire à opposer à cette récusation, seulement une invitation à considérer que si nous cumulons, dans le mauvais contexte de division à la gauche du PS, les 7,56% de voix du Front de gauche et les 2,05% de la liste soutenue par le NPA, nous arrivons quasiment aux 10% qui auraient permis de se maintenir... comme le NPA avait en vain proposé d'acter dans le protocole d'accord unitaire. Quel aurait été le score si 1/ les unitaires à la gauche du PS, en opposition avec celui-ci, avaient mené une "vraie"campagne combative  qui 2/ pour preuve majeure de cette combativité, aurait annoncé qu'ils ne cèderaient à aucun jeu tacticien d'entre deux tours car c'était le seul moyen de rester dans l'axe radical de campagne du premier tour ? Nous laisserons la question sans réponse... C'est à chacun de la faire...

Terminons en évoquant ce qui permet de cerner de plus près l'échec du Front de Gauche à cette élection : aucune des forces constituant cette coalition n'a su tenir un discours et une pratique conséquents jusqu'au bout avec le postulat de l'alternative au social-libéralisme. La radicalité, toute bureaucratique comme on l'a vu, du refus du PG de faire une fusion technique avec les sociaux-libéraux n'a été que la conclusion d'un processus tortueux, brouillé à l'extrême, où la tête de liste, membre de ce parti, n'a cessé de naviguer entre l'option fusion, l'option maintien, la nature technique puis programmatique sur certains points de ladite fusion, avant d'arriver au constat que, sans plus de moyen de se maintenir, ce n'était décidément pas possible non plus de fusionner; le PC et Ensemble ont, tous deux, envisagé faisable une fusion avec Saurel sans prendre en compte que ce personnage incarne tout ce que l'héritage frêchiste qu'il porte pleinement est capable de concéder pour gagner une élection. Ils se sont ainsi exposés au ridicule de croire qu'en effaçant, en vain au demeurant, de la liste de ce personnage opportuniste charriant une longue histoire de bon gestionnaire social-libéral de la ville, le nom de ses colistiers de droite et d'extrême droite (si, si !), on effacerait ce que la volonté de les y mettre avait signifié et signifie, sans retour, structurellement, de profondément ancré ... à droite. 

Cette naïveté politique de camarades se réclamant de l'anticapitalisme est tout bonnement confondante : elle revient à servir la soupe à un politicien ayant réussi à faire de sa faiblesse, le fait d'être un homme sans l'appui d'un appareil, sa force, celle d'être un homme hors appareil alors qu'il est irrécusablement un apparatchik momentanément orphelin d'un appareil qu'il retrouvera très vite à "gauche" tout en ayant laissé planer le doute sur la possibilité de s'allier à l'UMP ! L'échec du Front de Gauche à une élection où il ne recueille que 5552 voix, soit à peine 1662 voix de plus que ce que celui qui l'a rejoint, Francis Viguié, avait obtenu, 6 ans auparavant, pour la seule coalition de la LCR et des Cuals, est aussi l'échec du pari de ces anticapitalistes qui, pour certains en quittant le NPA, prétendaient qu'il fallait être là (pour peser anticapitalistement !) où il y avait un dynamique populaire. En oubliant qu'aucune dynamique de ce type ne peut résister longtemps aux clarifications stratégiques des concessions faites aux flous et petits arrangements politiques. Toutes choses que la mise au point d'Ensemble n'arrive bien évidemment pas à assumer : face ici au rouleau compresseur du PG, Ensemble, avec pourtant l'appui du PC montpelliérain, a fait preuve, de bout en bout de la séquence électorale, d'une totale impuissance politique. C'est manifestement le lourd prix payé pour trop d'approximations politiques sur la nature d'un Front de Gauche où les affrontements d'appareils finissent par révéler que c'est, sur la base du plus sec rapport de force anticamaradesque, l'un d'eux qui tient, pour lui seul, les clés de la maison !


Alors dans ce champ de ruines laissé par le Front de Gauche, il peut apparaître que le NPA n'est pas d'un grand secours politique. Personne ne niera que, pour une campagne certes raccourcie par la volonté de laisser jusqu'au dernier moment sa chance à l'option unitaire, les 2,05% obtenus par la liste qu'il soutenait (un peu moins, tout de même, du tiers des voix obtenues par le Front de Gauche à 3 composantes + une !) soient insuffisantes pour poser, à elles seules, les bases de la nécessaire recomposition d'une force d'alternative à gauche. Pourtant nous sommes fiers d'avoir pu rassembler, avec bien moins de moyens que le Front de Gauche,  autant de personnes représentatives de ce qui à la base conteste l'ordre établi sans être membres du NPA ou d'aucun autre parti (seuls 13 adhérents du NPA sur 65 noms figuraient sur la liste). Nous pensons que la logique d'indépendance politique que nous avons affirmée, y compris dans le positionnement de second tour, est la seule option qui permettra aux camarades du Front de Gauche, sidérés par le bilan de leur campagne, de sortir de l'accablement qui pourrait s'ensuivre. Nous ne leur demandons pas de nous rejoindre (bienvenue cependant à ceux qui franchiraient le pas) mais de travailler à reprendre là où leurs directions locales ont tout fait déraper : la construction d'une unité avec tous ceux qui à gauche veulent rompre avec le système, donc avec Saurel, Moure, Hollande, Ayrault, ces fouriers des Domergue, Jamet, Copé, Fillon, Sarkozy ou encore Le Pen, mais aussi, attention au mirage grenoblois, les Duflot, Bové, etc. Une unité pour une "vraie" rupture de gauche. C'est ce que le NPA avec Montpellier sociale, écologiste et solidaire a porté dans ces élections, c'est ce que nous continuerons ensemble à proposer comme nous l'avons fait nationalement avec la journée de colère qui se tiendra finalement le 12 avril et qui est un bon moyen de tisser des liens pour sortir la politique des miroirs aux alouettes des tractations politiciennes en redonnant à la rue la primauté qui lui revient. En faisant tout pour que sur les lieux de travail s'affirme une volonté commune, convergente, de combattre ce qui bride l'émergence d'un mouvement social qui doit incontournablement constituer la colonne vertébrale de la contestation de l'ordre établi. Sans plus s'encombrer de Moure ou Saurel...

Antoine 

Pour connaître la position de Montpellier sociale, écologiste et solidaire et du NPA concernant le second tour lire ci-dessous le communiqué émis au nom de la liste par Thomas Balenghien 
 
 (1) La discussion d'après premier tour sur la fusion technique a bien vite montré, après avoir été une source de brouillage permanent de la campagne, que cette "solution" était aussi un facteur de conflit majeur entre les composantes du Front de Gauche. Question non maîtrisée, virant parfois à la discussion programmatique, elle aura été un amplificateur des contradictions d'orientation internes au Front de Gauche. Les Montpelliérains auront ainsi vu des communistes ayant soutenu Moure dès le premier tour, appeler à confirmer ce vote au second; d'autres communistes essayer de pousser le Front de Gauche à s'allier avec Saurel (avec l'aide d'Ensemble) au prix de quelques concessions de celui-ci. Avec pour point d'orgue de ce désastre politique, le coup de force du PG et la perte pour le Front de Gauche de tout représentant au conseil municipal de Montpellier et peut-être à l'Agglo.


(2) Sur la gauche à la gauche du PS :

  • en 2008 Viguié faisait 3890 voix (5,46%) tandis que Chaynes (LO) faisait 757 (1,06%) et Sparfel du POI faisait 289 (0,41%). En tout 4936 voix
  • en 2014 : Balenghien : 1503 voix (2,05%), Chaynes 651 (0,89%) et Salsé du POI 179 (0,24%). En tout 2333 voix. Soit plus de la moitié moins qu'en 2008.

Ressiguier (FdG) a certainement capté des voix qui avant se portaient sur Viguié. Son résultat en 2014 : 5552 voix (7,56%). Viguié faisait 3890 voix en 2008 et Ressiguier en fait 5552 soit un différentiel de 1662. Dit autrement Ressiguier a fait un maigre, eu égard aux pronostics, + 1662 par rapport à Viguié 2008 (les 3890 voix de Viguié 2008 pèseraient - par extrapolation mécanique à relativiser car peut-être Viguié ne pèse plus autant mais seulement pour avoir un ordre de grandeur -, 70% des voix de Ressiguier) ! A rapporter aux 1503 voix que Montpellier sociale, écologiste et solidaire a fixées et qui représentent un peu moins de 40% du score de Viguié en 2008.

Dans certes un autre registre électoral, le Front de Gauche avait réussi à fixer sur Mélenchon à la présidentielle 16 948 voix pour 37 787 voix pour Hollande (Moure+Roumégas+Saurel = 35 386).  Si le PS perd un peu d'une élection à l'autre, le FdG  grosso modo divise son chiffre par 3. 

Autres observations chiffrées :

Si on considère qu'à gauche (hors extrême-gauche) on avait en 2008 Mandroux et Roumégas, on peut faire le rapprochement suivant :

  • en 2008 : Mandroux + Roumégas = 33 553 + 7923 = 41 476
  • en 2014 : Moure + Roumégas = 18 550 
Mais on peut penser qu'une bonne partie de l'électorat de gauche est partie sur Saurel et donc (à la grosse louche) on pourrait regrouper les 18 550 de Moure/Roumegas et les 16 836 de Saurel = 35 386 soit tout de même - 6090 voix par rapport à Mandroux/Roumegas de 2008. Cette déperdition du pôle socialo/écolo (soit entre -14 et -15 points) est probablement plus accentuée si on considère que dans le chiffre de Saurel on doit avoir du centriste et de la droite !  Si, considérant la présidentielle, on veut rapprocher avec Moure-Roumégas-Saurel (35 386), il faut cumuler Hollande et Joly : 37 787 + 4217 = 42 004 soit un différentiel 2012/2014 de - 6618 voix.  

Lu dans L'Hérault du jour : la cacophonie du Front de Gauche de Montpellier 

Cliquer sur les images pour les agrandir








 Au tout début de l'entre-deux tours, bras dessus, bras dessous, quand le clash ne s'était pas publiquement manifesté


 Lu sur Montpellier journal


 Le secrétaire départemental du PG répond aux calomnies propagées à son encontre par les autres composantes du Front de Gauche. Le grand déballage continue. Qui peut s'en réjouir dans le camp de la...vraie gauche ? Lire ici

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 Pour retrouver tous les documents relatifs à la campagne de Montpellier sociale, écologiste et solidaire cliquer ici


 NPA 34, NPA

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