À la Une...

Quand les medias maltraitent l'écologie au nom de l'écologie...


Maud Fontenoy consacrée "égérie de la cause environnementale" pour son Ras-le-bol des écolos !

 

Cet article inédit est extrait du dossier « Médias et écologie » paru dans le n°10 de notre magazine trimestriel, Médiacritique(s).

Le 24 octobre dernier paraissait le dernier livre de la navigatrice Maud Fontenoy, sobrement intitulé Ras-le-bol des écolos. Retour sur la façon dont les journalistes ont assuré la promotion de l’ouvrage – ou comment, sous couvert d’expertise et grâce à de solides relais médiatiques, les conceptions néo-libérales de l’écologie se propagent insidieusement dans le débat public.

On peut parler d’une médiatisation élevée relativement aux fortunes médiatiques moins heureuses que connaissent la plupart des ouvrages qui paraissent sur le même thème. Cependant, tous les médias n’ont pas relayé cette publication. Sans que le comptage soit parfaitement exhaustif, on a relevé, sur une période de dix jours, quatre interviews et trois références dans des médias nationaux généralistes de grande audience. Précisons également que ce sont des journalistes généralistes (dont le rôle est souvent plus d’animer et de présenter que d’investiguer), et non des journalistes spécialistes de l’actualité environnementale, qui ont participé à la promotion de ce manifeste pour une écologie « libérale » comme la qualifie Bruce Toussaint (I-Télé, 23 octobre 2013).

[…] Dans un monde médiatique habitué depuis plus de 20 ans à privilégier ceux qui savent peu sur tout à ceux qui savent beaucoup sur peu, il ne paraît plus incongru de demander très sérieusement à une aventurière des mers comment, selon elle, le capitalisme peut sauver la planète des périls écologiques.

[…] Les journalistes s’accordent avec la navigatrice pour réduire l’écologie politique à Europe Écologie-Les Verts, comme si les projets politiques alternatifs cherchant à rendre indissociables les questions environnementale et sociale, en les mettant au centre de leur philosophie, n’étaient que des fantasmes puérils. 

[…] Quand il considère les éoliennes, les voitures électriques et les panneaux solaires comme des solutions « alternatives », on comprend combien [le journaliste] juge en fait irréaliste toute mise en cause du régime capitaliste, lequel rend pourtant improbable toute action écologique conséquente.

[…] Maud Fontenoy a été en 2004 candidate sur une liste UMP aux élections régionales (en Île-de-France). Il est significatif que les animateurs intervieweurs ignorent — ou feignent d’ignorer — cet ancrage politique et idéologique, comme Bruce Toussaint qui l’accueille ainsi  : « Première question, est-ce qu’on est en train d’assister à la naissance de votre carrière politique  ? »

En omettant ces éléments d’explication, ces journalistes laissent croire que Maud Fontenoy se tiendrait au-dessus des partis, comme si l’écologie ne pouvait être l’objet de controverses politiques et idéologiques.

[…] Pour devenir un expert médiatique, il suffit donc désormais d’exhiber auprès des journalistes, animateurs et intervieweurs dominants, un certificat de popularité. Ce faisant, ces derniers accentuent la tendance du champ journalistique à célébrer des experts aussi inconsistants que péremptoires. Ce sont des logiques de cet ordre qui permettent à Maud Fontenoy, non seulement d’apparaître comme une experte du « business durable », mais également d’affirmer à demi-mot que l’écologie doit définitivement se défaire de toute critique du capitalisme et du productivisme, si elle veut être reconnue comme réaliste et valable.

De là à imaginer des reportages célébrant un bataillon d’écologistes courant au secours des espèces en voie de disparition au volant de leurs grosses cylindrées, il n’y a qu’un pas…


A lire aussi









NPA 34, NPA

Consultez les articles par rubrique


CORONAVIRUS

LUTTES SOCIALES
FÉMINISME
ANTIRACISME ANTIFASCISME
>


SOLIDARITÉ MIGRANTS
ÉCOLOGIE
JEUNESSE ENSEIGNEMENT


POLITIQUE LOCALE
DÉBATS
POLITIQUE NATIONALE


INTERNATIONAL
RÉPRESSION
NPA